Je suis toujours surpris par les contorsions dignes de gymnastes olympiques de certains pour expliquer qu’au fond, il n’y a pas vraiment de déclin du français à Montréal et à Québec.
Tout va bien, mesdames et messieurs, sur le plan linguistique. Se déplacer.
Et pourtant, il y a beaucoup à voir.
Nier et normaliser
Cette semaine, c’est au tour d’une étude sur la « langue de service » de s’ajouter à l’édifice des mauvaises nouvelles sur l’avenir du français. L’OQLF nous apprend qu’entre 2010 et 2023, le pourcentage de clients reçus uniquement en français a diminué à Montréal, tandis que l’accueil uniquement en anglais a augmenté.
L’avenir s’annonce prometteur pour le «Salut», tout comme le «Salut” en bref.
Cependant, ce qui continue de me surprendre, c’est que face à ces constats, certains trouvent toujours des excuses pour minimiser la pente glissante sur laquelle glisse le français depuis plusieurs années.
Ou pire, normalisez-le en nous disant que ce n’est pas la fin du monde.
Il n’y a jamais lieu de s’inquiéter, selon eux.
Le français en déclin comme « langue de travail » ? Ne vous inquiétez pas, c’est comme ça, c’est le langage des affaires.
Le français comme langue maternelle et celui parlé à la maison sont-ils en déclin à un rythme rapide ? Ne vous inquiétez pas, vous pouvez parler français comme si vous aviez une troisième langue à la maison.
La proportion de francophones est-elle en baisse à Montréal ? Ne vous inquiétez pas, c’est parce que les familles francophones déménagent en banlieue.
Des jeunes élevés en français, dans une école francophone, choisissent-ils de parler anglais entre eux, parce que ce serait moins « gênant » ? Pas de soucis, juste une nouvelle à Vaudreuil-Dorion.
Une équipe de hockey junior de Drummondville porte des maillots uniquement en anglais ? Ne vous inquiétez pas, c’est pour les préparer au hockey professionnel.
L’industrie culturelle québécoise est en crise ? Ne vous inquiétez pas, c’est juste une question de financement et de découvrabilité.
Des faits divers ?
À un moment donné, les faits divers s’accumulent.
Ils tissent un réseau qui prend la forme d’un fait social : le français recule, l’anglais avance. Et c’est inquiétant.