On pouvait entendre les mouches voler à la SAQ lors de la première journée de grève

Il y avait plus de manifestants dans les rues que de clients dans les allées de la SAQ mercredi. Plusieurs Québécois se sont heurtés à des portes barrées en raison de la grève des 5 000 employés du réseau.

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«Je ne savais pas que c’était fermé, je venais d’apprendre le conflit», a déclaré une habitante du quartier Limoilou, Sabrina Baronet, devant sa succursale de Québec. Le client déçu a montré un regard surpris, mais n’avait pas l’intention d’aller ailleurs.

Ignorant qu’une grève était en cours, Sabrina Baronet s’est heurtée au huis clos de la SAQ de Limoilou.

photo côté Gabriel

« Les employés sont toujours sympathiques, c’est la moindre des choses », dit-elle avant de se retourner.

À Montréal, les agents de sécurité en attente n’ont pas surveillé beaucoup de personnes dans les quelques succursales ouvertes malgré la grève, a constaté Le journal.

Dans les trois magasins visités dans l’après-midi – rue Masson, rue Beaubien et Halls d’Anjou – l’étage était le royaume des cadres venus agir comme intérimaires. Ils ont tous reçu l’ordre de ne pas parler aux journalistes.

Les 5 000 salariés en grève « ne font pas pitié », nous ont confié deux des rares clients rencontrés dans le magasin. Ils ne voulaient pas s’identifier.

Mercredi dès 11 heures, la direction de l’entreprise publique a annoncé que 37 de ses 411 agences seraient ouvertes. Le syndicat venait de débrayer quelques heures plus tôt.

Julie Cavalieri-Lessard (2e à gauche) travaille à la SAQ depuis 27 ans. Elle demande aux Québécois de ne pas se rendre à la SAQ mercredi et jeudi pendant la grève.

photo julien mcevoy

Frustré par la précarité

Les employés de la SAQ réclament la fin de la précarité et se sont rassemblés pour manifester partout au Québec.

«Après 27 ans, ça serait sympa d’avoir mes week-ends», a osé Julie Cavalieri-Lessard, qui s’était rendue place des Festivals, dans la métropole. Quelques centaines d’autres syndicalistes l’ont accompagné pour exprimer publiquement leurs frustrations.

La conseillère en vins a travaillé à la SAQ pendant plus de la moitié de sa vie, mais doit quand même travailler selon un horaire du dimanche au jeudi, en plus d’être fermée deux soirs par semaine.

Elle s’est battue pour avoir cet horaire, dit-elle, comme pour le poste lui-même. L’une des revendications syndicales est justement l’augmentation du nombre de conseillers en vins.

12 ans sans statut


photo julien mcevoy

«La SAQ a un problème», estime Pascal Lalancette, qui comptera bientôt 12 ans d’expérience comme caissier-vendeur. A 45 ans, il n’a toujours pas de poste permanent, il ne fait pas encore partie des 1.800 réguliers parmi les 5.000 salariés de la succursale. « Ce n’est pas par choix », même si ses horaires sont plus prévisibles que ceux de ses plus jeunes collègues. La semaine prochaine, il sera en congé forcé mercredi, malgré sa disponibilité. « Ils pourraient facilement résoudre ce problème », pense-t-il.

Mot-clé : « précarité »


Grève à la SAQ

Lisa Courtemanche, présidente de la SEMB-SAQ-CSN, et Caroline Senneville, présidente de la CSN, mercredi, au centre-ville de Montréal

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

Les salariés de la branche passent « cinq, sept, dix ans » sur le parquet sans obtenir de poste, dénonce le syndicat. Ils n’ont « aucune assurance collective » et « pas assez d’heures pour payer l’épicerie ». Seuls ceux qui ont sept ans d’ancienneté et 20 heures par semaine ont droit aux prestations sociales. «Beaucoup trop de monde» parmi les 5000 ne reçoivent d’ailleurs que des miettes selon le calendrier. En disponibilité le reste du temps, ces salariés doivent avoir un deuxième emploi pour survivre, ce qui « ne s’annonce pas très bien en 2024 », fustige la CSN.

Le gras est au top


Grève à la SAQ

Photo Agence QMI / Toma Iczkovits

« Quand votre PDG gagne 500 000 dollars, vous avez de la marge », illustre Lisa Courtemanche, qui représente les 5 000 grévistes. Le patron applique un plan stratégique qui « ne se soucie pas » de l’humain, répète-t-elle. « Il serait facile de transformer 3 200 postes précaires en vrais emplois », assure-t-elle, quitte à en avoir moins. Si la SAQ veut continuer de miser sur le service A1, elle doit réaliser que ceux qui se trouvent au bas de l’échelle méritent le respect, affirme le syndicat.

Parlons salaire… ou pas


Grève à la SAQ

Photo Julien McEvoy

Le salaire horaire d’un caissier-vendeur à la SAQ est de 21,50 $ à son entrée en fonction et de 28,15 $ au sixième et dernier niveau. Le syndicat réclame une augmentation de 18 % sur trois ans ainsi qu’une indexation à l’inflation. Les négociations ont commencé il y a 12 mois et les parties sont en conciliation depuis sept mois, mais la question salariale n’a pas encore été portée sur la table. Les négociations reprennent lundi.

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