« Moins de paperasse » pour les chefs d’entreprise et plus de clarté pour les salariés. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a présenté ce mercredi un plan de simplification en Conseil des ministres. Mesure phare : le bulletin de paie sera simplifié, passant de 55 lignes à « une quinzaine de lignes ». Un dispositif qui concernera 27 millions de salariés. Ce nouveau bulletin de paie d’une page sera établi avec les partenaires sociaux d’ici 2027. Les salariés qui le souhaitent pourront demander à leur employeur les informations nécessaires à la reconstitution des montants figurant sur le bulletin.
« Au lieu d’apprendre aux gens à lire un bulletin, le gouvernement décide de tout leur cacher »
Cette nouveauté suscite plutôt la suspicion chez nos lecteurs, comme chez Isabelle, 66 ans, fonctionnaire à Lyon (Rhône) : « Avec ce système, il sera impossible de vérifier le détail de notre rémunération, sachant qu’il y a continuellement des erreurs (oublier tel ou tel remboursement légitime…) ». Muriel, 41 ans, originaire de Caen (Calvados) ajoute : « Il deviendra impossible pour un salarié de détecter une erreur. Au lieu d’apprendre aux gens à lire un bulletin, le gouvernement décide de tout leur cacher. Ridicule », dit-elle.
Yves, 54 ans, originaire de Villeurbanne (Rhône) préférerait également conserver la forme actuelle du bulletin de paie. « Cela me permet de contrôler le taux et les montants des retraits effectués. Même si je ne maîtrise pas forcément tout, je suis ainsi plus sereine. » Yvette, 62 ans, originaire de Bollwiller (Haut-Rhin), est carrément en colère : « Ainsi, nombre de prélèvements pourront réduire nos salaires en toute impunité et dans le plus grand flou artistique. Le salarié n’a plus besoin de se creuser la tête pour comprendre sa fiche de paie. Un pas de plus vers l’infantilisation du peuple…», déplore-t-elle.
“C’est une mesure de simplification, mais en aucun cas pour les entreprises”
Si l’objectif du gouvernement est d’alléger les contraintes qui pèsent sur les employeurs, selon Anissa, 39 ans, ce ne sera pas le cas : « Cela ne donnera pas moins de travail aux gestionnaires de paie qui devront quand même remplir toutes les autres lignes pour déclarer les cotisations. Ils devront même doubler leurs horaires car il faudra répondre à toutes les préoccupations des salariés, qui seront bien plus nombreuses. »
« C’est une mesure de simplification, oui, mais en aucun cas pour les entreprises », résume Claude, 50 ans, originaire de Molsheim (Bas-Rhin). Corinne, 55 ans, comptable dans une PME à Chauvigné (Ille-et-Vilaine) craint également cette évolution, car la dernière simplification du bulletin de paie lui a donné du fil à retordre : « Je dois éditer deux versions du bulletin, l’une a précisé pour le salarié et un pour l’entreprise qui détaille les contributions des différentes organisations. Pour Christophe, 61 ans, originaire de Geispolsheim (Bas-Rhin), « la vraie réforme serait de réduire le nombre d’organismes collecteurs d’impôts ».
