l’aspirant médecin devenu icône de la mode, éclaboussé par un scandale en fin de carrière

l’aspirant médecin devenu icône de la mode, éclaboussé par un scandale en fin de carrière
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D’apprenti médecin à styliste indépendant

C’est dans la ville de Plaisance que commence le voyage de Giorgio Armani. Comme beaucoup de self-made-men, le styliste né en 1934 a grandi dans une famille modeste. Mais cela ne l’a pas empêché d’entreprendre des études de médecine à l’Université d’État de Milan, avant de réaliser que sa véritable passion était la mode. En 1957, il abandonne ses études de médecine pour se plonger dans le monde de la haute couture. Ses débuts chez Nino Cerruti, de 1961 à 1970, lui permettent d’acquérir un savoir-faire qu’il considère lui-même « inestimable » et de découvrir sa vocation pour le design de mode.

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L’année 1975 marque un tournant décisif pour l’Italien : fatigué de ne pas pouvoir exprimer pleinement sa vision sous son propre nom, Armani s’associe à Sergio Galeotti, son partenaire d’affaires et de vie, pour fonder Giorgio Armani SPA. Ensemble, avec seulement l’équivalent de moins de 10 000 euros de capital net pour démarrer leur entreprise, ils ont construit une marque qui allait devenir synonyme de luxe et de style « Made In Italy ». Et la recette fonctionne ! La raison de ce succès quasi immédiat ? La capacité du styliste à créer des vêtements chics et sobres, à la frontière entre la tenue de travail incontournable et le look décontracté d’une simple balade dans la rue.

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Diversifier au maximum

Cette « fusion vestimentaire » lui offre notamment l’opportunité de concevoir des tenues pour l’armée de l’air italienne en 1980. Mais aussi d’étendre son aura au plus grand nombre en créant trois autres marques : Emporio Armani pour un prix plus accessible, Armani Jeans pour pantalons et Armani Junior pour un public plus jeune. Des marques qui connaîtront toutes un succès international, notamment grâce à… Richard Gere. L’acteur, au faîte de son succès, est en effet habillé par la marque italienne lors du tournage deGigolo américain, sorti en 1981 et a rapporté près de 53 millions de dollars au box-office. Les fans s’arrachent alors la marque, ce qui permet à Giorgio Armani de devenir le deuxième créateur à faire la couverture du magazine Time, après Christian Dior.

La couverture du Times, avec Giorgio Armani, en 1982. ©Bob Krieger

Alors que son succès ne fait plus de doute, Giorgio juge le moment idéal pour étendre encore plus son empire. Comment ? En élargissant son offre avec le lancement de ses premières lignes de parfums et de beauté. En 1984, eau de parfum Armani s’ajoute à son portefeuille, suivi de nombreux autres parfums (dont le célèbre Eau de Gio en 1996) qui captera l’essence de ses créations de mode.

« Chaque fois que j’entreprend quelque chose, c’est un nouveau doute, un nouveau point d’interrogation », disait Giorgio Armani au Figaro en 2015. Si le créateur italien a des doutes, cela ne l’empêche pas de continuer à se diversifier tout au long de sa carrière. En 2006, Armani entame une collaboration avec Emaar Properties, société immobilière en charge de nombreux immeubles à Dubaï, pour lancer la chaîne hôtelière Armani Hotels, ajoutant ainsi une dimension lifestyle à son activité. Jusqu’à présent, deux hôtels ont vu le jour : un à Milan, sa ville d’adoption, et un autre occupant onze étages parmi les 163 de la Burj Khalifa, la plus haute tour du monde.

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Pour couronner le tout, le sport a également été marqué par Armani : l’équipe de basket de Milan en particulier, mais aussi l’équipe de football d’Angleterre à deux reprises et les tenues olympiques lors des Jeux d’hiver de 2006 à Turin et de l’été 2012 à Londres.

Célébrités et points noirs

Depuis sa création, la marque Armani n’a cessé de captiver le public, que ce soit en habillant des icônes de la pop culture comme Lady Gaga ou en maintenant une présence constante lors des grands événements de mode comme les Fashion Weeks. En 2008, sa contribution à la mode est couronnée de la Légion d’honneur, décernée par le président français de l’époque Nicolas Sarkozy.

Mais tout récemment, après une carrière harmonieuse et grandissante, une énorme tache a assombri le succès de l’empire Armani. Début avril, la marque s’est retrouvée au cœur d’un scandale d’exploitation de travailleurs chinois par un sous-traitant non autorisé, révélé dans les médias nationaux. Les produits concernés comprenaient des sacs et autres accessoires de mode. Les autorités ont découvert un système de « caporalato » (une forme d’exploitation extrême du travail proche de l’esclavage, selon la définition, NDLR), normalement associé au secteur agricole, mais ici utilisé pour l’intermédiation et l’exploitation illégales des travailleurs.

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L’enquête a révélé que quatre propriétaires d’usines chinois étaient impliqués et font l’objet d’une enquête pénale pour leur participation à ce stratagème. Entre-temps, bien que Giorgio Armani Operations ne fasse pas l’objet d’une enquête, la société a été placée sous administration judiciaire pour une durée pouvant aller jusqu’à un an. Cette mesure vise à contrôler et à garantir la légalité des opérations de l’entreprise. Un schéma dévoilé par la police illustre la répartition financière dans la chaîne de production : le sous-traitant chinois recevait 93 euros pour chaque sac à main produit, tandis que la maison de couture vendait ces mêmes sacs environ 1 800 euros pièce.

Le sous-traitant chinois recevait 93 euros pour chaque sac à main produit, tandis que la maison de couture vendait ces mêmes sacs autour de 1 800 euros pièce.

Un scandale qui ternit l’image de l’entreprise. Mais il en faudra certainement davantage pour éteindre l’empire créé il y a près de 50 ans. Avec plus de 500 magasins dans le monde et un chiffre d’affaires qui témoigne de la force de sa marque, Giorgio Armani ne montre aucun signe de ralentissement. En 2022, son entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros, en hausse de 16,5% par rapport à l’année précédente. Et il reste l’un des hommes les plus riches d’Italie avec une fortune estimée à plus de 11 milliards d’euros selon Forbes.

 
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