La Mauricie riche en MRC pauvres

Selon la dernière mise à jour de cet indice, en mars 2023, ces quatre secteurs de la Mauricie apparaissent désormais au dernier rang. L’indice de vitalité économique de la MRC de Mékinac est de -9,9372. Shawinigan, en tant que ville possédant les compétences d’une MRC, arrive deuxième avec un IVÉ de -9,4854. La zone urbaine de La Tuque [-8,1273] et la MRC de Maskinongé [-6,0735] fermez la marge.

Ces données ont été établies en comparaison avec l’ensemble des MRC du Québec qui en comptent plus d’une centaine. La région représente ainsi 19 % de l’ensemble des MRC dévitalisées de la province.

« L’Institut de la statistique du Québec produit, pour le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, un indice composite qui permet de mesurer, sur une base régulière, le niveau de vitalité économique des municipalités, des communautés autochtones, des territoires non organisés et des municipalités régionales de comté. (MRC). L’indice de vitalité économique des territoires représente la moyenne géométrique des variables standardisées de trois indicateurs, soit le taux de travailleurs, le revenu total médian des individus et le taux de croissance annuel moyen de la population sur cinq ans », mentionne Sébastien Gariépy, média. chargée de relations chez MAHM, dans un échange de mails avec Le Nouvelliste.

La mise à jour effectuée en 2023 s’appuie sur les données 2020 compilées par l’ISQ. L’indice de vitalité économique comporte cinq niveaux, le premier affichant les meilleures statistiques [de 6,4567 à 22,5847]le dernier présentant le pire [de -20,2450 à -6,0735].

Aucune municipalité de la MRC de Mékinac ne se classe au premier niveau de l’IVÉ. Hérouxville [2,69] et Grandes-Piles [2,44] arrivent au deuxième niveau et sont les seuls à afficher un IVÉ positif parmi les 10 localités de la MRC. Notre-Dame-de-Montauban arrive dernière avec un IVÉ de -15,33.

La MRC de Maskinongé compte une municipalité de premier niveau. Avec un IVE de 8,27, Saint-Boniface a un revenu médian de 43 430 $, soit le meilleur salaire médian de toute la région. En revanche, Saint-Alexis-des-Monts affiche un IVÉ de -13,31.

Toutes les municipalités avec un IVE positif ont vu leur population augmenter au cours des cinq dernières années. La tendance est généralement à la baisse pour les localités ayant des IVE négatifs.

Le poids du passé

Selon Frédéric Laurin, la Mauricie a peut-être connu une croissance intéressante au cours des dernières années, mais la région était tellement en retard en termes de développement économique que les impacts positifs de cette croissance ont mis du temps à se manifester comme on pouvait l’espérer.

« La Mauricie se démarque, mais nous avons encore le poids de notre passé. Nous avons connu des moments difficiles avec la fermeture de grandes entreprises, des mutations industrielles, un taux de chômage qui était alors élevé.

— Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’UQTR

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Frédéric Laurin est professeur d’économie à l’École de gestion de l’UQTR. (Archives Le Nouvelliste)

Des sous-secteurs de la Mauricie vivent encore avec de graves problèmes de pauvreté qui mènent à l’exclusion du marché du travail. Remettre au travail quelqu’un qui est au chômage depuis 10 ans après avoir travaillé 20 ans dans une grande industrie est un véritable défi.

« En sociologie, on parle d’héritages générationnels. Lorsque nos parents ont abandonné leurs études, l’enfant est plus susceptible d’abandonner ses études, car il y a moins de culture scolaire. Quand on vit dans un environnement de pauvreté, c’est un facteur de risque d’abandon scolaire. C’est un cercle vicieux», explique Frédéric Laurin.

« Cela demande du travail sur le terrain, du travail communautaire. Il faudra travailler dans des sous-territoires où les choses sont dévitalisées, où il y a de faibles niveaux d’éducation, des taux de chômage élevés. C’est là que nous devons œuvrer pour briser l’héritage intergénérationnel. Ce n’est pas facile, mais c’est réalisable», affirme celui qui insiste sur la nécessité d’améliorer l’innovation pour que la région rattrape les régions les plus avancées économiquement.

Trois générations d’assistés sociaux à Shawinigan

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Le directeur général du Centre Roland-Bertrand, Frédéric Trudelle. (Archives, Le Nouvelliste)

Cet héritage intergénérationnel existe bel et bien à Shawinigan, témoigne Frédéric Trudelle. Certaines personnes représentent la troisième génération de bénéficiaires de l’aide sociale.

Le directeur général du Centre Roland-Bertrand admet que le maintien en emploi est souvent difficile. C’est la raison d’être du programme de réinsertion sociale et professionnelle.

« Nous les aidons à perfectionner leurs compétences et leurs capacités. Cela se fait par l’intervention et le soutien pour aider ces personnes à retrouver confiance en elles. Lorsque vous n’avez pas de modèle positif pour le poste, votre confiance est ébranlée. Nous aidons les personnes dont les parents sont venus à nos services.

— Frédéric Trudelle, directeur général du Centre Roland-Bertrand de Shawinigan

Entre 50 et 60 personnes ont été accompagnées par le Centre Roland-Bertrand au cours des 10 dernières années, soit pour reprendre des études, soit pour réintégrer le marché du travail. Mais accompagnement ne signifie pas forcément maintenance permanente, précise le PDG.

« Il faut beaucoup de temps pour changer. En revanche, il y a des réussites.

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Jean Boulet, ministre du Travail, ministre régional et député de Trois-Rivières. (Stéphane Lessard/Archives, Le Nouvelliste)

Jean Boulet dit suivre attentivement les données révisées de l’Institut de la statistique du Québec concernant l’indice de vitalité économique. Le ministre régional estime que la situation actuelle s’explique par plusieurs facteurs, mais il indique que les MRC dévitalisées bénéficient d’un soutien financier du gouvernement afin d’augmenter leur niveau de vitalisation.

Sa collègue des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a également annoncé en février une hausse de l’aide à la MRC de Maskinongé.

« Il faut accompagner ces MRC pour répondre à leurs besoins et la meilleure façon est d’être à l’écoute des acteurs locaux. La transition énergétique assure un certain engouement social et économique. Nous voyons que nous devons devenir meilleurs en santé, en services sociaux, en logement, en économie, en ressources humaines. Avec tout mon respect. On a pris un bon coup de pouce en Mauricie, mais il faut continuer.

— Jean Boulet, député de Trois-Rivières, ministre du Travail et ministre régional

Yvon Deshaies a un peu de mal avec la transition énergétique, qui se concentre de Shawinigan à Bécancour en passant par Trois-Rivières. Les bons salaires annoncés dans le secteur des batteries lui font craindre pour le recrutement et la rétention du personnel des entreprises de Louiseville.

>>>Le maire de Louiseville, Yvon Deshaies.>>>

Le maire de Louiseville, Yvon Deshaies. (Stéphane Lessard/Archives, Le Nouvelliste)

« Le gouvernement investit beaucoup d’argent là-dedans. Les salaires seront énormes. Je suis content. Mais ici, avec nos salaires à 20,22 dollars de l’heure, que vont faire les entreprises ? Pendant ce temps, nous nous battons pour développer la phase 2 de notre parc industriel [régional de la MRC de Maskinongé]», dit le maire de Louiseville, parlant de l’opposition offerte par la Commission de protection du territoire agricole du Québec concernant l’agrandissement souhaité du parc régional.

Louiseville, Saint-Justin, Saint-Alexis-des-Monts et Sainte-Angèle-de-Prémont étaient déjà dévitalisées avant la révision gouvernementale. Avec l’entente à signer avec le gouvernement, la MRC de Maskinongé bénéficiera d’une enveloppe bonifiée destinée aux projets de vitalisation.

« Tant mieux si c’est toute la MRC, on en a tous besoin. Mais même si nous recevons de l’aide, ce n’est pas une fierté. Nous sommes pauvres ! Pensez-vous que je suis heureux? Pantoute !

— Yvon Deshaies, maire de Louiseville

Trois-Rivières, des Chenaux, Bécancour et Nicolet-Yamaska ​​​​en troisième position

Aucune MRC de la région n’arrive en première position en IVÉ. La MRC des Chenaux occupe le troisième quintile avec un IVÉ de 0,2821. Saint Maurice [9,27]Champlain [6,90] et Notre-Dame-du-Mont-Carmel [4,38] se démarquer positivement. La dernière place revient à Saint-Stanislas avec un IVÉ de -7,62.

Trois-Rivières est également sur la troisième marche du podium avec un IVÉ légèrement négatif de -0,2493. Même chose pour les MRC de Bécancour [0,4268] et Nicolet-Yamaska [-0,6422].

La Ville de Bécancour se classe dans le premier quintile avec un IVÉ de 7,32, tout comme Saint-Léonard-d’Aston avec un compte de 7,49. Avec un score de -11,59, Manseau occupe la dernière place de la MRC de Bécancour, tandis que le dernier échelon de la MRC de Nicolet-Yamaska ​​est occupé par Pierreville. [-8,94].

 
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