LLe terme est sur toutes les lèvres depuis plusieurs années : « résilience ». Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et auteur réputé qui a introduit le concept dans les années 1980, pourrait s’en réjouir. Il n’en est rien. Résolument tendance, la résilience (qui qualifiait initialement une « récupération évolutive après un traumatisme ») souffre aujourd’hui d’usages détournés et, surtout, de contresens, déplore le spécialiste.
D’abord Source d’espoir pour les patients et les praticiens (le traumatisme n’est plus inexorable), le concept est entré dans le langage commun pour devenir désirable pour tous et – plus problématique encore – pour rendre résistants à toutes les épreuves les blessés de l’âme et du corps en chemin vers la guérison.
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Plus qu'un divertissement, un paradoxe, qu'il soit utilisé dans Les deux visages de la résilience – Contre la reconquête d’un concept*, un ouvrage collectif signé par des experts de diverses disciplines (psychologie, linguistique, neurophysiologie, etc.), à décrypter. Car ces contresens, prévient-il, « posent un problème philosophique et éthique ».
Le point : Qu’est-ce qui vous a poussé à apporter cette précision ?
Boris Cyrulnik : Il y a quarante ans, j’ai co-organisé à Toulon la première conférence internationale sur la « communication intra-utérine ». À l’époque, l’université nous apprenait que tant qu’un enfant ne parle pas, il ne comprend pas. Or, avec des chercheurs internationaux, nous […] En savoir plus
