Poétique des livres de cuisine

Poétique des livres de cuisine
Poétique
      des
      livres
      de
      cuisine

Dans ma famille, s’il y a un décès qui nous a attristés cet été, c’est bien moins celui d’Alain Delon que la disparition du célèbre chef Michel Guérard. Alors que ma tante se souvenait avec tendresse d’un déjeuner dans son établissement d’Eugénie-les-Bains, ma mère s’est jurée de préparer, à la rentrée scolaire, un déjeuner composé uniquement de ses plats afin de lui rendre hommage. (Est-ce que j’utilise sans vergogne cette chronique pour lui rappeler sa promesse ? Absolument pas…) Elle va donc ressortir son exemplaire du célèbre Cuisine gastronomiqueEn pensant à ce livre, je me dis que les livres de cuisine sont comme les romans : certains sont de grands classiques qui nous accompagneront toute notre vie.

Pourtant, les codes qui régissent leur utilisation et leur lecture me semblent un peu différents. Vous me corrigerez, mais je crois qu'un livre de cuisine ne se prête pas. Pourtant, je ne suis pas contre l'emprunt. La preuve : la moitié de la bibliothèque de ma meilleure amie est constituée de livres que je lui ai transmis. Et si un roman écorné ou taché peut me rendre hystérique, je trouve une sorte de noblesse aux éclaboussures qui tachent les pages de certains de mes livres de recettes. Elles en disent autant sur les plats que j'ai réalisés et refaits que sur ma capacité à repeindre ma cuisine lorsque je bats des blancs d'œufs.

Dans notre maison, nous avons une étagère entière consacrée aux livres de cuisine. Il y a mon exemplaire de Cuisiner est un jeu d'enfant de Michel Oliver, offert par mes parents quand j'étais petite, avec ses illustrations joyeuses et sa recette de tomates accordéon. Je l'ai trouvé d'occasion Fête de mon moulin du chef étoilé Roger Vergé, que j'adorais feuilleter étant enfant, pas tant pour les recettes que pour les photos et pour Roger Vergé qui m'avait l'air très sympathique avec sa grosse moustache.

Par contre, parmi mes quatre frères et sœurs, je ne sais pas qui a préempté Recettes de fêtel'oeuvre de Jean-Michel Lorain. Son gâteau au chocolat apparaît régulièrement dans notre groupe WhatsApp familial – « Quelles sont les proportions déjà ? » – et son hachis d’agneau au fromage bleu est le premier plat que nous avons préparé en famille, à dix mains. Plus tard, nous deviendrions spécialistes de la pomme des cueilleurs, prise dans la Le meilleur et le plus simple de Robuchon Joël Robuchon.

Outre ces madeleines proustiennes, j'ai, dans cette bibliothèque, des ouvrages qui sont devenus mes propres classiques. C'est le cas de L'Encyclopédie de la cuisine végétarienne par Estérelle Payany ou par Aveugle de Sabrina Ghayour. Il y a aussi ces livres que je lis avec plaisir sans jamais avoir réalisé de recette, car il faut de la marjolaine ou du citron séché que j'aurais du mal à trouver à la dernière minute au supermarché d'à côté (ce message s'adresse clairement au chef Ottolenghi). Et comme toute bonne bibliothèque, la mienne a son enfer : je crois que Sublime verrines ou Tofu, soja et compagnie n'ont jamais été feuilletés par une main humaine. Avis aux intéressés !

 
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