La ville de Genève a enregistré un excédent budgétaire en 2023, pour la troisième année consécutive, grâce à des recettes fiscales élevées. Trois secteurs majeurs de son économie ont stimulé ces bons résultats, mais la municipalité se veut prudente.
De nombreuses communes en rêveraient, Genève l’a fait. La deuxième ville de Suisse enregistre un excédent de plus de 200 millions d’euros sur son budget 2023, qui a augmenté à 1,3 milliard. La municipalité tablait sur un déficit, mais la santé de son économie s’est avérée bien meilleure que prévu.
Le maire ne recule pas devant son plaisir, mais prévient d’emblée : “Nous ne voulons pas réduire les impôts.” Si des recettes fiscales élevées ont permis à la ville de se retrouver rentable ces trois dernières années, la municipalité met en avant un vaste programme d’investissement.
« Les besoins en matière de dépenses dans le domaine social – tant pour la petite enfance que pour les personnes âgées – seront importants dans les années à venir. Nos investissements pour transformer notre ville, pour faire face à son développement et au changement climatique, seront importants. est donc essentiel pour nous de maintenir cette assiette fiscale »justifie Alfonso Gomez, conseiller administratif chargé des finances et bourgmestre écologiste de Genève.
La ville suisse doit en grande partie ces bons résultats à l’impôt sur les sociétés, supporté par trois secteurs de son économie : l’horlogerie de luxe, mais surtout le transport maritime et le négoce de matières premières – trading. Ces deux derniers bénéficient d’un contexte favorable depuis les années de crise.
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Genève enregistre un excédent budgétaire de plus de 200 millions d’euros, mais ne baissera pas ses impôts
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« Ces entreprises ont bien performé car nous traversions une période difficile. (…) Elles bénéficient de ces conditions lorsque le contexte politique ou géopolitique général se durcit : le prix des matériaux devient volatil ou augmente, quant au pétrole, qui leur profite directement, une situation générale difficile se traduit par une situation favorable pour ces entreprises.explique Philippe Fleury, directeur général de la Fédération des entreprises francophones.
Mais la conjecture apparaît plus incertaine pour l’année 2024 avec l’appréciation du franc suisse qui pénalise les exportations, l’absence de cadre juridique concernant la participation du pays suisse au marché unique de l’Union européenne et surtout, le manque de main d’œuvre. Une centaine de milliers de Français traversent chaque jour la frontière pour aller travailler en Suisse.
«L’économie genevoise a besoin de travailleurs frontaliers. A Genève, il y a 400 000 emplois mais environ 250 000 personnes actives. Il faut donc que 150 000 personnes viennent d’ailleurs chaque jour pour faire fonctionner l’économie. Ce succès genevois leur est en grande partie dû.»assure Philippe Fleury en se disant « raisonnablement optimiste » pour l’année à venir, tout en restant prudent quant à l’évolution du marché.
Cet excédent budgétaire servira principalement à réduire la dette.
Alfonso Gomez, maire de Genève
«Nous sommes satisfaits du dynamisme du canton de Genève mais nous nous méfions, car ces industries sont souvent assez fluctuantes. (…) Nous restons attentifs et c’est la raison pour laquelle cet excédent budgétaire servira principalement à réduire la dette”ajoute Alfonso Gomez.
Genève continue cependant de bénéficier de conditions favorables : une inflation faible, un marché du travail sain et un taux de chômage très bas. Et ces bons résultats fiscaux profitent non seulement à la ville, mais aussi au canton de Genève, qui enregistre un excédent de recettes record. Le Conseil d’Etat, saluant un « excellent résultat »annonce une réduction de l’impôt sur le revenu qui atteindrait jusqu’à -11,3% pour les classes moyennes.
