Au Brésil, la suspension de X donne des ailes à la compétition – Mon Blog

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Logo du réseau social X le 11 mars 2024 à Francfort (Kirill KUDRYAVTSEV)

Même le président Lula a franchi le pas : la suspension du réseau social X au Brésil a provoqué une migration massive des internautes vers des plateformes similaires comme Bluesky, où le portugais est devenu la langue la plus utilisée.

Orphelin de X, qu'il utilisait depuis 2014, l'étudiant Leon Leal a adopté Threads, lancé il y a un peu plus d'un an par le géant américain Meta, qui possède également Facebook et Instagram.

« J'ai l'impression d'être entré dans une communauté plus accueillante et moins agressive, même si la sincérité qui était sur X me manque », confie-t-il à l'AFP.

L'accès à l'ancien Twitter a été bloqué le 30 août dans le plus grand pays d'Amérique latine, à la suite d'un long bras de fer entre son propriétaire, le milliardaire américain Elon Musk, et Alexandre de Moraes, juge à la Cour suprême brésilienne.

Ce puissant et controversé magistrat a ordonné cette sanction drastique après que X, qui comptait 22 millions d'utilisateurs au Brésil (plus de 10% de la population), ait ignoré une série de décisions judiciaires liées à la lutte contre la désinformation.

Depuis, Bluesky, un réseau créé par le cofondateur de Twitter Jack Dorsey, a gagné plus de 2 millions de nouveaux abonnés en quelques jours, alors qu'il en comptait moins de 6 millions avant la suspension de X, selon les chiffres fournis par l'entreprise.

Et le nombre de recherches du terme « Threads » sur Google a quadruplé depuis le 30 août. Le réseau social, qui compte actuellement 190 millions d'utilisateurs dans le monde, n'a pas réagi auprès de l'AFP sur le nombre de nouveaux abonnés depuis les ennuis de X au Brésil.

– Pas de remplaçant désigné –

Comme X, ces deux plateformes permettent la publication instantanée de textes courts pouvant être illustrés par des images. Leurs applications sont parmi les plus téléchargées au Brésil ces derniers jours.

En savoir plus

La migration vers Threads est une démarche naturelle dans un pays qui compte plus de 140 millions d'utilisateurs d'Instagram, qui peuvent utiliser les mêmes identifiants et mots de passe pour y accéder.

Le professeur Raul Nunes, qui a créé son compte Twitter en 2007, a préféré se tourner vers Bluesky.

« Bluesky a l'avantage d'avoir le même langage et les mêmes références que Twitter. En revanche, c'est dommage qu'il n'y ait pas de +trending topics+ (classement des thèmes les plus discutés sur le réseau, ndlr) et qu'on ne puisse pas y publier de vidéos », commente-t-il.

Compte tenu de l’incertitude qui plane sur le sort de X, il est trop tôt pour savoir si cette migration aura des effets durables sur le paysage des médias sociaux au Brésil, un pays ultra-connecté avec plus de smartphones que d’habitants.

Raquel Recuero, spécialiste à l’Université fédérale de Pelotas (Ufpel), dans le sud du Brésil, estime que les orphelins de X « seront probablement répartis sur différentes plateformes ».

– Méfiance –

Pour Viktor Chagas, professeur d'études culturelles et médiatiques à l'Université fédérale Fluminense (UFF), les Brésiliens se tournent vers les réseaux sociaux qui ressemblent à X pour continuer à participer au débat public dans leur pays, mais aussi pour rester connectés aux tendances d'ailleurs.

Mais le fait que ces autres plateformes aient une base d’utilisateurs beaucoup plus petite à l’échelle mondiale « peut représenter un certain isolement pour le Brésil », prévient-il.

Leon Leal, par exemple, dit avoir du mal à retrouver sur Bluesky les profils des personnalités qu'il a suivies sur X.

Quant à Threads, « le nombre d’utilisateurs dans le monde est plus élevé, en raison du lien avec Instagram, mais il suscite plus de suspicion car il appartient au groupe Meta », analyse le professeur Chagas.

Au Brésil, où X s’était imposé comme l’arène privilégiée d’un débat ultra-polarisé, les personnalités politiques ont commencé à se tourner vers d’autres plateformes.

Le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui n'utilisait pas Threads ou Bluesky jusqu'il y a quelques mois, a commencé à y poster régulièrement des messages, comme il le faisait sur X.

Mais il reste quelques irréductibles, comme son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro, fervent admirateur d'Elon Musk, qui n'a toujours pas de compte sur Bluesky et utilise Threads pour promouvoir son compte sur le service de messagerie Telegram.

L'un de ses fidèles, le fougueux député Nikolas Ferreira, 28 ans, a déclaré lundi : « Je n'ai pas créé de compte sur Bluesky. X est mon pays. »

fc-la/app/lg/tmo/fjb

 
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