«Ça sent un peu le mélange de Phénix et ArriveCAN»

Ottawa devrait reporter de toute urgence la date d’implantation d’un nouveau logiciel pour gérer les importations au pays, sinon une véritable bombe informatique risque de faire dérailler les calculs des droits et taxes, soutient le Bloc québécois.

«Ça sent un peu le mélange de Phénix et d’ArriveCAN», prévient en entrevue avec Journal Simon-Pierre Savard-Tremblay, député du Bloc, qui siège à la Commission du commerce international. L’élu de Saint-Hyacinthe–Bagot craint même des pertes fiscales.

Il n’y a rien de positif dans cette comparaison. Phénix, c’est le système de paye fédéral malade qui ruine la vie des fonctionnaires incapables d’être payés convenablement par Ottawa et la firme derrière l’application ArriveCAN, GC Strategies, est dans la ligne de mire des services de police.

Trop pressé

À JournalSimon-Pierre Savard-Tremblay souligne que l’on n’a pas encore d’idée de la façon dont réagira le nouveau système le 13 mai, mais que suffisamment de feux rouges sont allumés pour reporter sa mise en place le plus rapidement possible.

« Au 8 avril, il n’y avait que 1 % du volume des importations qui était prêt », poursuit-il.

En gros, les entreprises sont invitées à enregistrer leurs données le 26 avril dans le nouveau système en attendant l’entrée en vigueur de la plateforme le 13 mai, mais les organisations affirment que cela risque de mal tourner (voir la lettre plus loin).

« Que se passe-t-il si le système tombe en panne ? Personne ne le sait», déplore Simon-Pierre Savard-Tremblay.

Interrogé par Le journall’Association des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) n’a pas souhaité commenter le sujet.

L’ASFC se défend

Fin de la paperasse, des outils plus efficaces, de meilleures fonctionnalités… L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) répond à l’inverse aux Journal que le nouveau système améliorera la perception des droits et taxes sur les marchandises.

« L’ASFC a tenu environ 100 séances de consultation et de travail de groupe technique, plus de 160 événements à participation directe et réalisé plusieurs cycles d’essais, dont plus de 10 mois de simulation avec la participation directe des employés de l’ASFC et de l’industrie », assure son porte-parole Guillaume Bérubé.

« Les entreprises ont pu sélectionner leurs propres cas de test, sur la base de transactions réelles. L’industrie a travaillé pour être prête avec environ 71 500 importateurs désormais enregistrés auprès de la GCRA – ces importateurs représentent plus de 92 % du volume des marchandises importées », conclut-il.

Les organisations qui ont tiré la sonnette d’alarme

• Association canadienne des importateurs et exportateurs (CAIE)
• Société canadienne des courtiers en douane (CSCB)
• Chambre de commerce canadienne
• Coalition des transporteurs express Canada
• Association des courtiers et intervenants aux frontières internationales (ACIFI)
• Conseil canadien du commerce de détail (RCCC)
• Alliance nord-américaine des courtiers en douane (NACBA)
• Association nationale des courtiers et transitaires en douane d’Amérique, Inc. (NCBFAA)
• Confederación de Asociaciones de Agentes Aduanales de la República Mexicana (CAAAREM)
• Association des courtiers en douanes des frontières du Nord (NBCBA)
• Association express d’Amérique (EAA)
• Association canadienne des importateurs réglementés (CARI)
• Chambre de commerce des États-Unis
• Association des transitaires internationaux canadiens (ATIC)
• Association des fabricants d’appareils électroménagers (AFAE)
• Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)
• Conseil national du commerce extérieur (NFTC)
• Chambre de commerce américaine au Canada (AmCham Canada)
• Association canadienne de commercialisation des fruits et légumes (CFDA)
• Association canadienne des constructeurs de véhicules (CCVA)
• Association des fabricants de pièces automobiles
• Constructeurs automobiles mondiaux du Canada

Leur lettre peut être consultée ici.