Normalement, les prix de l’électricité ont tendance à converger entre l’Allemagne, la France, la Belgique et une dizaine d’autres pays faisant partie de la même zone électrique. Mais cette convergence des prix n’est possible que lorsque les capacités d’échange d’électricité entre pays sont suffisantes.
Nous assistons à un phénomène inhabituel en termes de prix de l’électricité en Belgique, en France et en Allemagne
La Creg, le régulateur fédéral de l’énergie, a toutefois constaté que la France avait procédé à des réductions substantielles de ses capacités d’exportation d’électricité entre le 15 mars et le 15 avril. En effet, RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, a réduit ses capacités d’exportation dans 87 % des cas durant cette période. .
Cependant, la forte disponibilité du parc nucléaire français et le niveau élevé de production d’énergies renouvelables exercent une pression sur les prix de l’électricité en France. Mais, en limitant ses capacités d’exportation, RTE ne permet pas aux autres pays de la même zone, dont la Belgique, de bénéficier de ces prix bas.
La Creg veut des explications
Ce jeudi, la Creg a formellement contacté le régulateur européen (ACER) et le régulateur français (CRE) pour leur faire part de ses inquiétudes. Le régulateur belge demande à la France d’être transparente sur les raisons qui la poussent à limiter ses capacités d’exportation. La Creg demande également que nous lui communiquions le plan d’action pour remédier à cette situation.
La grande question est de savoir si RTE a de bonnes raisons de limiter ses capacités d’exportation d’électricité. En effet, les règles européennes en la matière n’ont pas toujours été respectées, selon la Creg. Et s’il est possible d’y déroger, ce n’est que dans des circonstances exceptionnelles.
Par ailleurs, certains observateurs se demandent si RTE ne limite pas volontairement ses capacités d’exportation pour faire baisser les prix de l’électricité en France. On se souvient que, lors de la crise énergétique, Paris s’était montré très critique à l’égard du système européen de fixation des prix de l’électricité. En effet, avec son imposant parc nucléaire, la France bénéficie de coûts de production d’électricité relativement compétitifs. Mais le système actuel de fixation des prix de l’électricité ne permet pas toujours aux Français de bénéficier de prix compétitifs sur le nucléaire amorti.
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Est-ce mauvais ?
La baisse des prix de l’électricité constitue un avantage compétitif pour l’industrie française, alors que la compétitivité européenne est justement menacée par les prix élevés de l’énergie en vigueur sur le Vieux Continent. Par ailleurs, le marché européen de l’électricité vise une convergence des prix. “La France a pu bénéficier des effets positifs des échanges électriques, en 2021 et 2022, alors qu’une grande partie de son parc nucléaire était indisponiblesouligne également la Creg. Cet esprit de solidarité reste crucial, même lorsque les marchés sont moins tendus, comme c’est le cas actuellement. ».
De plus, ce phénomène pourrait persister dans les mois à venir, ce qui constituerait un réel problème.
