Derrière le rachat d’Euronews, la main de Viktor Orban

Derrière le rachat d’Euronews, la main de Viktor Orban
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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban suite à un point de presse international à Budapest le 21 décembre 2023. MARTON MONUS / REUTERS

Ce mardi 19 mars, Euronews a mis le paquet pour célébrer le lancement de son nouveau format à l’Albert Hall, un complexe de style Art déco de 2.500 mètres carrés situé en plein centre de Bruxelles. Le directeur général, Guillaume Dubois, veut oublier les longs mois de conflit social qui agitent la chaîne paneuropéenne depuis son rachat, en 2022, par Alpac, un mystérieux fonds d’investissement portugais, et le changement du centre de gravité du groupe, de Lyon à la capitale belge. Cela s’est accompagné du départ de 175 personnes sur 370 salariés.

« Le 3 avril, il y aura un changement symbolique dans la direction de la rédaction. C’est Bruxelles qui décidera et non Lyon”explique ce Français lors d’un cocktail qui doit marquer cette transition vers un nouveau modèle, au plus près des institutions européennes. « Nous offrirons une couverture étendue, originale et impartiale des prochaines élections européennes [de juin] »s’est-il vanté devant l’ensemble des responsables présents tels que Charles Michel, président du Conseil européen, et Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne.

Savent-ils qui paie réellement la note du festin ? Depuis le rachat d’Euronews, ses syndicats ne cessent de se demander qui a financé ce rachat d’une chaîne d’information en déficit chronique qui appartenait jusqu’alors au magnat égyptien Naguib Sawiris. Bénédicte Bachs-Scherrer, la directrice adjointe, leur a encore répondu lors d’un comité social et économique (CSE), en 2023, que, « conformément à la réglementation », Alpac ” né [devait] je ne mentionne pas la liste » de ceux qui ont participé à la collecte de fonds European Future Media Investment (EFMI), un véhicule de capital-risque que la société portugaise a créé spécifiquement à Lisbonne pour financer le rachat.

Lire aussi : Chez Euronews, les motifs d’inquiétude se multiplient au sein de la rédaction

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Or Le monde et ses partenaires du site d’enquête hongrois Direct36 et l’hebdomadaire portugais Expresso sont désormais en mesure d’affirmer que des entités proches du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, ont été, dans le plus grand secret, très largement impliquées dans cette opération. Documents internes du fonds d’investissement souverain hongrois Széchenyi obtenus par Direct36 montrent que cet organisme public a ainsi investi 45 millions d’euros dans l’EFMI. A ces fonds s’ajoutent également au moins 12,5 millions d’euros fournis par une société de communication appartenant à un ami proche de M. Orban.

Cela représente au moins un tiers des fonds utilisés pour financer une opération évaluée au total à 170 millions d’euros. Selon les documents, Alpac devait compléter cet apport en capital de la Hongrie en émettant 85 millions d’euros d’obligations convertibles. Complètement cachée jusqu’à présent, cette implication du pouvoir magyar pose la question des véritables raisons de ce rachat d’une chaîne créée à ses débuts, en 1993, pour concurrencer l’américaine CNN. Une présentation PowerPoint du fonds Széchenyi, classé ” strictement confidentiel “mentionne explicitement que l’un des objectifs de l’acquisition d’Euronews, décrit comme « septième marque la plus influente sur les politiques européennes »Est « pour atténuer les préjugés de gauche dans le journalisme ».

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