Conclure un pacte « Dutreil » avant une transmission d’entreprise

Conclure un pacte « Dutreil » avant une transmission d’entreprise
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Une précaution pour réduire efficacement la charge fiscale dans un contexte franco-suisse.

La convention sur les droits de succession conclue entre la France et la Suisse étant dénoncée avec effet au 1euh Janvier 2015, l’absence de préparation à une transmission gratuite a de lourdes conséquences en termes de droits de succession qui peuvent monter jusqu’à 45% entre parents et enfants et 60% entre tiers !

Dans un précédent article, nous avions souligné que malgré la localisation en Suisse d’une entreprise et de ses actionnaires, des droits de succession et de donation peuvent être dus en France. C’est le cas dans les trois hypothèses suivantes :

  • Un chef d’entreprise réside en Suisse et cède une société française,
  • Un chef d’entreprise réside en Suisse et cède une entreprise suisse, tandis qu’un ou plusieurs de ses héritiers, légataires ou donataires résident en France,
  • Un chef d’entreprise réside en France et cède une société suisse.

L’outil le plus efficace à ce jour reste le système « Dutreil » prévu à l’article 787 B du Code général des impôts (« CGI »). Il représente un attrait indéniable dans la mesure où il réduit la charge fiscale inhérente à la transmission d’une entreprise par succession ou par donation jusqu’à 75 % (et parfois au-delà).

La conclusion préalable d’un pacte « Dutreil » est une précaution très utile, même dans le cas où aucun don n’est envisagé à court ou moyen terme.

Ce dispositif nécessite la conclusion par un chef d’entreprise d’un engagement collectif de conservation dit « pacte Dutreil », d’une durée minimale de deux ans, pris à titre gratuit pour lui-même et ses successeurs. Il peut conclure un tel pacte seul ou avec plusieurs partenaires, représentant au moins 17% des droits financiers et 34% des droits de vote pour les sociétés non cotées et 10% et 20% de ces mêmes droits pour les sociétés cotées. Le pacte doit porter sur des titres d’entreprises éligibles (industrielles, commerciales, artisanales, agricoles ou libérales). Les bénéficiaires du transfert doivent s’engager à conserver individuellement les titres pendant une durée de quatre ans à compter de l’expiration du pacte. Par ailleurs, pendant la durée du pacte et pendant les trois années qui suivent la cession, l’un des signataires du pacte ou l’un des bénéficiaires doit exercer une fonction de direction éligible ou son activité principale dans l’entreprise, selon le cas.

La mise en place d’un pacte « Dutreil » nécessite cependant une analyse pour s’assurer de la conformité des mécanismes prévus par la législation suisse avec ceux qui régissent ce système de droit français.

Les contribuables ont souhaité exiger l’application du système sans prendre soin de conclure au préalable un pacte « Dutreil », au moyen d’un « engagement réputé acquis » (c’est-à-dire un engagement non formalisé par un pacte, réduisant la durée globale à quatre ans de conservation). Ils ont alors appris à leurs dépens que dans ce cas de figure, l’un des donataires, légataires ou héritiers doit effectivement exercer une fonction de direction éligible pendant les trois années suivant la date de transmission. Un arrêt de la Cour de cassation (Chambre commerciale, 24 janvier 2024, n°22-10.414), qui n’a pas tranché une affaire dans un environnement franco-suisse mais dont la solution nous semble néanmoins transposable, doit inciter à l’anticipation en amont par le conclusion d’un pacte « Dutreil », rappelons-le, moins contraignant quant à la fonction de gestion, qui peut certes être exercée par un bénéficiaire du transfert, mais aussi par le donateur, voire par un autre signataire du pacte.

A défaut de pacte « Dutreil » conclu avant le décès, une autre possibilité est de demander une exonération dans le cadre d’un pacte « post-mortem ». Cela suppose la conclusion d’un pacte après le décès par les héritiers, dans un délai obligatoire de six mois. Le respect des conditions d’exonération « après coup » pourrait cependant s’avérer difficile, compte tenu de la nécessité de se conformer aux exigences légales suisses, offrant peu d’ajustements possibles dans un délai assez court.

En conclusion, conclure à l’avance un pacte « Dutreil » est une précaution très utile, même dans le cas où aucun don n’est envisagé à court ou moyen terme. Il permet de réduire facilement (et parfois même de supprimer) les droits de succession et de donation. Cette mesure permet ainsi au chef d’entreprise de protéger ses héritiers (ou ses ayants droit), qu’ils résident en Suisse ou en France et de manière générale, dans tous les cas où la situation personnelle, familiale ou patrimoniale constitue un critère de rattachement. à la fiscalité en France.

 
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