Un projet de décarbonation d’Arkema Saint-Menet, les habitants se disent inquiets

Un projet de décarbonation d’Arkema Saint-Menet, les habitants se disent inquiets
Un projet de décarbonation d’Arkema Saint-Menet, les habitants se disent inquiets

Pas encore formellement lancé et déjà contesté : le projet de chaufferie de l’usine Arkema de Saint-Menet (11e), que ses opposants qualifient d’incinérateur, fait polémique depuis six mois.

De quoi s’agit-il ?

D’ici 2028, cette chaufferie alimentera en énergie l’usine Arkema de Saint-Menet (classée Seveso), qui produit de l’acide amino-undécanoïque, un plastique fabriqué à partir d’huile de ricin. Il sera alimenté par la combustion de 40 000 à 42 000 tonnes par an de combustible solide de récupération (CSR). L’investissement de «plus de 50 millions d’euros» sera piloté par Dalkia, filiale d’EDF, qui réalise le projet pour Arkema.

Pourquoi il existe

Nous allons décarboner le site», assure Fabrice Tennesson. Selon le directeur Méditerranée de Dalkia, la chaufferie permettra «pour éviter l’émission de 30 000 tonnes de CO2 par an, soit les émissions de 17 000 voitures», en remplaçant une partie de l’alimentation actuelle de l’usine à gaz. Un objectif qui répond aux exigences de la loi de transition énergétique de 2015, qui prévoit de réduire de 40 % d’ici 2030 la production de gaz à effet de serre et de 30 % la consommation d’énergies fossiles par rapport à 1990. De plus, selon Dalkia, cette chaufferie permettra permettre d’éviter d’enfouir ces dizaines de milliers de tonnes de RSE, répondant ainsi à une autre obligation légale : une réduction de 50 % des mises en décharge de déchets d’ici 2025.

Que sont les RSE ?

Derrière ce nom technique de combustible solide de récupération (CSR) se cache une diversité de résidus. “La RSE est un produit, pas un déchetconteste Fabrice Tennesson. C’est le résultat d’un travail réalisé par des professionnels. Nous donnerons une seconde vie à des substances qui autrement seraient enfouies.« En clair, les bois, cartons, chiffons et plastiques non chlorés seront sélectionnés par les gestionnaires des déchetteries (comme Veolia ou Paprec) situées dans un rayon de 60 km autour de l’usine Arkema. Un territoire qui couvre toute la métropole d’Aix-en-Provence. Marseille-Provence, mais aussi le sud du Vaucluse et la moitié du Var.

Qu’est-ce qui pose problème

Ce projet de chaufferie part d’une petite partie de l’objectif : l’impératif de décarbonation», assure Sébastien Barles, adjoint (EELV) à la transition écologique à la mairie de Marseille. “C’est un incinérateur déguisé en chaufferie», ajoute son collègue, Hervé Menchon. Car ce que dénoncent les Comités d’intérêt de quartier, les associations écologistes et les élus locaux, comme ceux qui ont manifesté devant l’usine le 23 mars, c’est l’impact direct sur les habitants de Saint-Menet, de La Penne et plus largement de la vallée de l’Huveaune. »Nous ne savons pas quels produits chimiques ces combustions libéreront. C’est dramatique pour la situation sanitaire locale», alerte Richard Hardouin, président de France Nature environnement 13.

« Les CSR seront vérifiés par le producteur, mais aussi à leur arrivée sur sitecertifie Fabrice Tennesson, qui met en avant l’autocontrôle du secteur privé. En cas de défaut, le lot sera rejeté.« Selon le patron régional de Dalkia, le système de filtration des cheminées »les émissions ne seront pas dégradées par rapport à ce que l’on sait aujourd’hui« . Un statu quo qui ne satisfait pas les riverains.

Après cela ?

Face à la pression citoyenne, l’État s’est mis au courant en convoquant une réunion en préfecture le 29 janvier ; un comité de suivi doit se réunir à nouveau dans les prochains jours. Dalkia a mis en avant, comme gage de bonne foi, la concertation «non requis» qu’elle a organisé en septembre. Ces dernières semaines, 25 000 dépliants ont été distribués dans les boîtes aux lettres des habitants du 11ème arrondissement et de La Penne-sur-Huveaune. La filiale d’EDF doit désormais déposer un dossier d’autorisation d’exploitation, accompagné d’une demande de permis de construire. Ensuite, ce sera aux services de l’Etat de trancher.

 
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