Janet Yellen en Chine pour plaider contre les pratiques « déloyales »

Janet Yellen en Chine pour plaider contre les pratiques « déloyales »
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Le secrétaire américain au Trésor espère discuter des « investissements massifs réalisés en Chine dans certains secteurs industriels, conduisant à des surcapacités » de production.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, s’est rendue mercredi en Chine, sa deuxième visite dans le pays en moins d’un an, pour discuter des pratiques commerciales de Pékin que Washington juge « injustes ». Ce voyage, qui durera jusqu’à mardi, doit débuter à Guangzhou (sud) par une rencontre du ministre des Finances de Joe Biden avec des chefs d’entreprise américains établis là-bas et des responsables locaux avant d’atteindre Pékin. Dans cette ville du sud, elle rencontrera le vice-premier ministre He Lifeng, avant de rencontrer son homologue Lan Fo’an à Pékin, ainsi que le Premier ministre Li Qiang et le gouverneur de la banque centrale Pan Gongsheng.

Cette visite intervient huit mois seulement après son précédent voyage, qui avait contribué à stabiliser une relation conflictuelle entre les deux plus grandes économies mondiales, notamment grâce à la création de groupes de travail bilatéraux. Cette fois, Janet Yellen espère évoquer les « investissements massifs réalisés en Chine dans certains secteurs industriels, conduisant à des surcapacités » en termes de production, a-t-elle expliqué à la presse.

“Nous sommes préoccupés par les conséquences que pourraient avoir les subventions chinoises dans ces secteurs sur l’économie américaine et d’autres pays”, a ajouté Janet Yellen.

Parmi les secteurs suscitant ces inquiétudes, le secrétaire au Trésor a notamment cité les batteries lithium-ion et les véhicules électriques, secteurs dans lesquels les États-Unis eux-mêmes tentent de développer leur production à l’aide de subventions. Interrogée sur la possibilité de mettre sur la table des tarifs douaniers pour faire pression sur la Chine, Janet Yellen a assuré “ne vouloir exclure aucun moyen nous permettant” de protéger ces industries.

Pas de « mesures anti-Chine »

Les États-Unis ont déjà été confrontés à la surproduction chinoise, a rappelé le sous-secrétaire américain au Trésor chargé des Affaires internationales, Jay Shambaugh, et « ce n’est pas quelque chose que nous allons simplement observer passivement ». Washington souhaite notamment revenir aux objectifs de production de Pékin « qui, de fait, dépassent ce que le marché mondial peut absorber », a-t-il ajouté. Mais si des mesures commerciales doivent être prises, il est important que Pékin comprenne qu’il ne s’agit pas « d’une série de mesures anti-Chine », a insisté Jay Shambaugh.

Fin 2023, Janet Yellen assurait que Washington continuerait d’exiger plus de clarté dans la politique économique chinoise, avertissant que la deuxième économie mondiale était « trop importante pour bâtir sa croissance sur les exportations ». D’autant que les difficultés du marché immobilier ou l’endettement des collectivités locales font craindre que les chocs qui secouent le pays finissent par avoir un impact au niveau mondial.

Pékin « agacé » par son accès restreint aux semi-conducteurs de haute technologie

Mais les relations économiques et la collaboration entre les deux pays sont « sans aucun doute plus fortes aujourd’hui qu’il y a deux ans », a déclaré un responsable du Trésor. Selon Brent Neiman, conseiller de Janet Yellen, les banques centrales des deux pays ont notamment comparé leurs modèles en matière de risque climatique. « Nous connaissons nos homologues, leurs systèmes et eux connaissent les nôtres. Et franchement, si quelque chose tourne mal, nous savons qui appeler », a-t-il expliqué.

“La détérioration” des relations sino-américaines a pris fin l’année dernière, estime Bill Bishop, qui publie le bulletin Sinocism, “mais rien n’indique un renversement de tendance”. Pékin, en particulier, reste « sensible et irrité » par les efforts visant à restreindre l’accès de la Chine aux semi-conducteurs de haute technologie, alors que le pays tente de moderniser son économie. Mais à l’approche des élections américaines, “aucune des deux parties n’a l’intention de lancer des négociations ou des initiatives bilatérales”, a déclaré Patricia Kim, chercheuse à la Brookings Institution.

“Pékin, comme beaucoup d’autres capitales, attend de voir qui sortira vainqueur” entre Joe Biden et Donald Trump, dont le mandat a été marqué par une forte augmentation des tensions commerciales, a-t-elle souligné.

La précédente visite de Janet Yellen à Pékin a suscité beaucoup d’attention en Chine. Dans un éditorial publié la semaine dernière, le quotidien d’État China Daily notait que Janet Yellen est connue pour « ses positions souvent pragmatiques et plutôt optimistes » concernant les relations sino-américaines. Opposant la secrétaire au Trésor aux « faucons anti-Chine de Washington », le quotidien estime qu’elle est la bonne personne pour jouer un « rôle d’intermédiaire » grâce à la confiance acquise auprès de ses homologues chinois.

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