impression de timbres par ceux qui le maintiennent en vie

LL’imprimerie de timbres de Boulazac-Isle-Manoire (Dordogne), établissement Philaposte, s’étend sur 27 000 m² aux portes de Périgueux depuis 1970. En 2023, 1,3 milliard de produits seront fabriqués. Philatéliques pour une moitié et sécurisés pour l’autre : pages de couverture des passeports, chéquiers de La Poste, feuilles d’état civil, timbres fiscaux, accusés de réception de recommandés, étiquettes, etc.


L’usine représente 27 000 m².

Stéphane Klein/SO

400 personnes y travaillent : rotativistes, imprimeurs, régleurs, infographistes, auditeurs, responsables maintenance, service client ou communication… Rencontres aléatoires aux ateliers.

1 Pierre Bara, graveur

Son bureau est baigné d’une lumière diffuse filtrée par des feuilles calques. Pierre Bara est graveur, le seul basé à Boulazac. A 35 ans, il est déjà là depuis quinze ans, après…

LL’imprimerie de timbres de Boulazac-Isle-Manoire (Dordogne), établissement Philaposte, s’étend sur 27 000 m² aux portes de Périgueux depuis 1970. En 2023, 1,3 milliard de produits seront fabriqués. Philatéliques pour une moitié et sécurisés pour l’autre : pages de couverture des passeports, chéquiers de La Poste, feuilles d’état civil, timbres fiscaux, accusés de réception de recommandés, étiquettes, etc.


L’usine représente 27 000 m².

Stéphane Klein/SO

400 personnes y travaillent : rotativistes, imprimeurs, régleurs, infographistes, auditeurs, responsables maintenance, service client ou communication… Rencontres aléatoires aux ateliers.

1 Pierre Bara, graveur

Son bureau est baigné d’une lumière diffuse filtrée par des feuilles calques. Pierre Bara est graveur, le seul basé à Boulazac. A 35 ans, il y est déjà depuis quinze ans, après une enfance en Côte d’Ivoire, un baccalauréat arts appliqués à Besançon et un diplôme d’arts et métiers option gravure à l’école Estienne de Paris.

Pierre Bara grave des timbres en taille-douce. Il faut une à trois semaines pour graver le modèle sur une plaque d’acier de 7 mm, sur 15 à 80 microns de profondeur. Le tout évidemment sous un microscope. «Je m’amuse», sourit celui qui était collectionneur de timbres avant d’en graver. « Quand je voyage, je rapporte des pièces de monnaie et des timbres. C’est authentique. » Il fabrique lui-même ses outils, dans des manches fabriqués par un ébéniste de Périgueux. Il a gravé la dernière Marianne, sortie en novembre 2023 en présence d’Emmanuel Macron : « la consécration pour un graveur ». Pierre Bara est le 15ème graveur employé par « les PTT » depuis 1880. Une plaque dans son bureau répertorie ses 14 prédécesseurs.


Pierre Bara devant son microscope.

Stéphane Klein/SO

Pierre Bara (à droite) avec Emmanuel Macron, le 7 novembre 2023, pour la sortie de la nouvelle Marianne.


Pierre Bara (à droite) avec Emmanuel Macron, le 7 novembre 2023, pour la sortie de la nouvelle Marianne.

Archives Stéphane Klein/SO

Le timbre Marianne, dont il existe plusieurs variantes, aura été produit au total à 400 à 500 millions d'exemplaires.


Le timbre Marianne, dont il existe plusieurs variantes, aura été produit au total à 400 à 500 millions d’exemplaires.

Archives Stéphane Klein/SO

15 graveurs travaillent à l'imprimerie depuis 1880.


15 graveurs travaillent à l’imprimerie depuis 1880.

Stéphane Klein/SO

2 Olivier Zuzlewski, réalisateur

Il croit aux timbres, car « collectionner reste l’un des loisirs premiers des Français. » Olivier Zuzlewski dirige l’imprimerie depuis 2018. Mais il y travaille depuis 1995, après avoir traversé plusieurs départements. Autant dire qu’il connaît tous les recoins de la maison, dans laquelle 10 millions d’euros ont été investis ces deux dernières années. L’effectif est stable depuis une dizaine d’années, environ 400 personnes (1) qui s’occupent de plus d’une centaine d’émissions de timbres – français et étrangers – chaque année. L’usine imprime également de nombreux produits traçables et sécurisés. L’accès est également très contrôlé. Et chaque personne qui y travaille (comme ailleurs à La Poste) prête serment.

Olivier Zuzlewski dirige l'imprimerie depuis 2018.


Olivier Zuzlewski dirige l’imprimerie depuis 2018.

Stéphane Klein/SO

Une nouvelle presse offset a été installée en février.


Une nouvelle presse offset a été installée en février.

Stéphane Klein/SO

3 Emmanuelle Vilgicquel, massicot

Les coupes doivent être parfaites. Nous ne pouvons pas nous permettre qu’il y ait un écart d’un quart de pouce sur des formulaires de chèque ou sur un carnet de timbres. « Surtout pour les Japonais, ils sont très exigeants », sourit Emmanuelle Vilgicquel, qui manie avec dextérité un coupe-papier géant. Elle travaille à l’imprimerie depuis dix-sept ans et à la guillotine depuis trois ans. Elle apprécie la diversité des produits qui passent entre ses mains, gage de remédier à toute éventuelle monotonie de ses tâches. « Ici, nous apprenons quelque chose tous les jours », se réjouit-elle. Ce jour-là, pendant qu’Emmanuelle Vilgicquel découpait des chéquiers, un million de carnets de timbres japonais autocollants, imprimés en offset, passaient sous la tailleuse voisine.

Emmanuelle Vilgicquel travaille chez Philaposte depuis dix-sept ans.


Emmanuelle Vilgicquel travaille chez Philaposte depuis dix-sept ans.

Stéphane Klein/SO

4 Cyril Eytier, responsable de l’atelier offset feuilles

On retrouve Cyril Eytier dans une salle vitrée. Contrairement à d’autres secteurs, l’offset feuilles est un atelier fermé, « un cocon », sourit le dirigeant. Cet imprimeur de formation est employé à Boulazac depuis 1998. Il contemple les vieilles machines de l’atelier qui ont été adaptées. « Ici, on travaille selon le principe de la typographie, mais avec pression. » Cyril Eytier et sa petite équipe arrivent au bout du fil, pour « l’embellissement » et les « découpes ». Au programme ici, dorure, gaufrage, oblitérations et découpes spéciales de documents philatéliques destinés aux collectionneurs. « C’est formidable de travailler sur des produits uniques et de disposer de toutes les technologies d’impression. »

Cyril Eytier aime travailler « sur des produits uniques ».


Cyril Eytier aime travailler « sur des produits uniques ».

Stéphane Klein/SO

5 Jean-Baptiste Marzat, opérateur offset feuilles

Il voulait être boucher comme papa, il est imprimeur. « J’ai découvert ce métier dans un forum carrière, ça me passionnait. » Jean-Baptiste Marzat, 21 ans, a été embauché à l’imprimerie en septembre 2023, après y avoir effectué son alternance. Après son baccalauréat professionnel en réalisation de produits imprimés et multimédia, le jeune charentais a fait un BTS et a réalisé un projet de communication. “J’aime ce que je fais. J’ai la chance d’être entouré de gens qui ont beaucoup d’expérience », confie celui qui a été Meilleur apprenti de Charente en 2023.

Le jeune Jean-Baptiste Marzat est passionné d'imprimerie.


Le jeune Jean-Baptiste Marzat est passionné d’imprimerie.

Stéphane Klein/SO

6 Victor Colbac, responsable de l’atelier taille-douce

« Ici, c’est du Gutenberg industrialisé : pression, encre et mécanique. » Victor Colbac, chef de l’atelier taille-douce présent à l’imprimerie depuis une vingtaine d’années, surveille les presses rotatives d’où sort ce jour-là le dernier timbre de la collection Trésors de la cathédrale Notre-Dame, celui-ci sur le cadre. « Les machines datent des années 1960. Tout est mécanique, il y a très peu d’électronique. » Philaposte utilise des encres comestibles, fabriquées en interne : « Oui, on lèche les tampons », glisse Victor Colbac en mimant le geste. A leur sortie de presse, les planches sont scrutées. Le premier, avant réglage final, sera envoyé au recyclage. «Tous les malfaiteurs [NDLR : c’est le terme consacré pour les exemplaires non conformes] sont confettis sur place et recyclés. Nous avons une démarche environnementale forte. » Le site est certifié ISO 14 001. Et chaque timbre dispose désormais de « données variables » qui permettent une traçabilité totale.

Victor Colbac (au centre) examine les timbres de la charpente de Notre-Dame tout juste sortis des presses.


Victor Colbac (au centre) examine les timbres de la charpente de Notre-Dame tout juste sortis des presses.

Stéphane Klein/SO

Dans l'atelier de contrôle et de conditionnement.


Dans l’atelier de contrôle et de conditionnement.

Stéphane Klein/SO

7 Lauriane Cinleux, chargée de clientèle

Loin du bruit des presses et des ébouteuses, Lauriane Cinleux travaille depuis quinze ans au service client. Elle répond aux appels, courriers et mails des collectionneurs, des associations philatéliques, des mairies ou des écoles qui lui passent des commandes particulières. Il en va de même à l’étranger. « Je réalise également des campagnes de prospection pour trouver de nouveaux clients, par téléphone ou par email », explique la jeune femme. Par exemple, si nous publions des timbres avec des fleurs, je contacte les jardineries. » Philaposte compte près de 40 000 abonnés qui reçoivent régulièrement des nouveautés.

Lauriane Cinleux a d'abord été commissaire aux comptes, avant de devenir chargée de clientèle.


Lauriane Cinleux a d’abord été commissaire aux comptes, avant de devenir chargée de clientèle.

Stéphane Klein/SO

(1) Philaposte emploie une cinquantaine d’autres personnes, au siège social de Gentilly (qui sera prochainement transféré boulevard Brune à Paris) et au Carré d’entreprises, la maison du timbre située rue des Mathurins à Paris.

Visites gratuites

Des visites gratuites de l’imprimerie ont lieu les mardis et jeudis de 9h à 12h, sauf en juillet, août et décembre. Ils s’adressent aux particuliers et aux groupes (associations, etc.). Renseignements et réservations par email à [email protected].

 
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