Jean-Charles Naouri, l’ancien patron de Casino, fait toujours peur même vaincu

Jean-Charles Naouri, l’ancien patron de Casino, fait toujours peur même vaincu
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Jean-Charles Naouri, PDG du groupe Casino, lors de la présentation des résultats annuels 2011, à Paris, le 28 février 2012. PASCAL SITTLER / RÉA

C’est une figure historique du capitalisme français qui se retire par la petite porte. Mercredi 27 mars, Jean-Charles Naouri, 75 ans, ne sera plus propriétaire du groupe Casino, ni son PDG. Certains refusent encore d’y croire, persuadés qu’un ultime rebondissement reste possible, que l’illusionniste va extraire un lapin de sa charrette, comme tant de fois par le passé… Les autres retiennent leur souffle, mais pas leurs reproches.

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« La fin était inéluctable pour un édifice devenu, au fil des années, dentelle de Calais. Même si c’est l’accumulation des crises – « gilets jaunes », pandémie, hausse des taux d’intérêt, inflation – qui a provoqué la chute. L’écran de fumée qui masquait les difficultés était très épais, mais de l’intérieur on le voyait mieux.»souligne un ancien membre du personnel du Casino qui a requis l’anonymat, comme la douzaine d’anciens dirigeants interrogés par Le monde : car, même vaincu, M. Naouri fait toujours peur…

Mercredi, au terme d’une vaste restructuration financière, le consortium dirigé par l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, associé à Marc Ladreit de Lacharrière, le fondateur de Fimalac, et au fonds de dette britannique Attestor, va récupérer 52% du capital de Casino, en échange d’une contribution de 925 millions d’euros. Par un effet de dilution massif, Rallye – la société mère de Casino contrôlée par M. Naouri – verra sa part réduite à 0,1%. « Le Mozart de la finance est devenu le moineau de la finance »ironise amèrement, dans une vidéo publiée sur X, un représentant de la CGT de Monoprix. « Et aujourd’hui, c’est nous, ses salariés, qui devons payer ses dettes »en attendant un plan social.

Avoirs en cascade

Le groupe, désormais quasiment réduit à ses enseignes françaises comme Monoprix, Franprix, Petit Casino, Vival ou encore Cdiscount, employait quelque 44 000 salariés fin 2023, avant la vente de ses hypermarchés et supermarchés en France, qui a encore resserré l’hexagone. effectif à 28 200 personnes. Fin 2015, au sommet de sa puissance, l’empire bâti par le « Napoléon des gondoles » s’étendait du Vietnam au Brésil, comptant plus de 325 000 salariés.

A peine débuté, l’inspecteur des finances, ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère de l’Économie et des Finances (1984-1986), a pu compter sur son cerveau et son réseau pour se développer au fil des acquisitions.

Afin de financer ces opérations sans perdre le contrôle majoritaire de son groupe, il s’est inspiré du modèle de société holding en cascade – appelée « Poulies bretonnes » par Vincent Bolloré – permettant de cumuler investisseurs minoritaires et dette. Cette dette a finalement provoqué la chute de M. Naouri, non sans un combat douloureux.

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