Concouru par la Chine, l’un des derniers producteurs français de panneaux photovoltaïques cherche un repreneur

Concouru par la Chine, l’un des derniers producteurs français de panneaux photovoltaïques cherche un repreneur
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RAPPORTS – Dans l’usine Systovi, près de Nantes, la production de panneaux continue malgré des carnets de commandes en baisse. L’entreprise se donne un mois pour trouver un repreneur.

Le Figaro Nantes

Dans cet entrepôt de 4 000 mètres carrés, un panneau photovoltaïque sort toutes les 2 minutes et demie. De lundi à vendredi. « Pour le moment, nous ne travaillons pas le week-end. Surtout parce que nous n’en avons pas assez ordres pour le justifier »explique Paul Toulouse, le directeur général de Systovi, à côté d’une plastifieuse (sorte de four) presque neuve, acquise en octobre dernier.

L’entreprise, spécialisée dans les solutions solaires et créée en 2008 par trois ingénieurs convaincus de la transition énergétique, a élu domicile à Carquefou, près de Nantes, en 2018. Ces dernières années, elle n’a cessé d’investir dans de nouveaux outils et technologies, soutenue par les pouvoirs publics. les autorités. Entre 2022 et 2023, son chiffre d’affaires est passé de 12 à 21,5 millions d’euros. Les commandes affluaient, au point de dépasser sa capacité de livraison.

Les Chinois vendent quatre fois moins cher

Cet été, un « renversement brutal » s’est produit : « Les Chinois ont divisé par deux leurs prix en quelques semaines », rappelle le patron, qui précise que leurs concurrents vendent à perte. Face à cela, les prix des panneaux de Systovi, l’un des deux derniers fabricants français sur le même marché, sont restés constants mais sont devenus du coup quatre fois plus chers que ceux des Chinois. Si, auparavant, l’entreprise nantaise proposait déjà des prix plus élevés, ses produits annexes – comme les systèmes de fixation ou les chauffe-eau solaires – lui permettaient de maintenir un équilibre.

Ce n’est plus le cas. “Le fonctionnement commercial des constructeurs chinois, que je considère comme subordonné et coordonné (je n’en ai pas la preuve mais il est trop simultané et rapide) a fait peser un coût énorme sur les carnets de commandes des constructeurs européens”, regrette Paul Toulouse. Si, sur une installation solaire, le panneau ne représente que 10 à 20% du coût total, “sur un total de 8000 euros par exemple, ça fait 1000 euros”. Un coût important qui en incite plus d’un à tirer un trait sur le « Made in France ».

En attendant des évolutions réglementaires visant à lutter contre cette concurrence déloyale, qui n’entreront en vigueur que dans deux ans au niveau européen, Systovi a donc décidé de chercher un repreneur. Elle l’a annoncé publiquement à la presse le 14 mars pour promouvoir le résultat, d’autant que le délai est court : l’intéressé doit être retrouvé d’ici la mi-avril. « Nous pensons que d’autres acteurs sont bien plus à même de pérenniser ce projet et de conserver le [87] emplois et les conséquences industrielles qui permettent à une filière photovoltaïque de se développer », résume le PDG, qui a rejoint le groupe il y a deux ans.

Si nous voulons faire la transition énergétique, nous ne pouvons pas le faire en dépendant totalement des puissances étrangères.

Paul Toulouse, PDG de Systovi

L’annonce a été faite aux salariés la veille de la communication publique, lors d’une réunion très silencieuse. Les dirigeants avaient pris leur décision “très peu de temps avant”. Dans l’usine semi-robotique, chacun continue désormais d’accomplir sa tâche, malgré l’incertitude. Assis derrière son établi, un employé en poste depuis 11 ans s’occupe des bandes d’interconnexion. Quelques mètres plus loin, Sabrina, opératrice intérimaire depuis un an, qui a découvert le photovoltaïque grâce à Systovi, hausse les épaules. « Nous sommes déçus que cela se termine ainsi. C’est dommage. C’est toujours une excellente entreprise.. A ses côtés, Thierry, chef d’équipe, exprime sa surprise même s’il savait que les temps étaient durs. “On s’attendait plutôt à une baisse du nombre de panneaux, ou à ce qu’on supprime les intérimaires”. Il espère qu’un repreneur se manifestera pour éviter le pire. “C’est la seule chance de survivre.”observe celui qui a fait ici toute sa carrière, et qui avait déjà été licencié en 2011, sur le précédent site de Saint-Herblain, lorsque le crédit d’impôt pour les ménages achetant des panneaux solaires avait été supprimé.

Systovi, fabricant français de solutions solaires, recherche un repreneur

« Depuis 15 ans, des hommes et des femmes se lèvent chaque matin pour que ça marche. Ils n’ont pas compté leur énergie, leur temps, ont connu des hauts et des bas. C’est une industrie difficile depuis longtemps. Nous avons tous donné beaucoup de nous-mêmes. Évidemment, c’est navrant de se dire qu’on n’arrive pas à arriver là où l’on veut »», commente Paul Toulouse, depuis son bureau, épuré de sa casquette et de ses baskets noires nécessaires pour entrer dans le hangar de production. Le délai court s’inscrit dans cette philosophie : «Je ne veux surtout pas laisser les salariés dans une incertitude durable».

En attendant, il assure que plusieurs acheteurs se sont manifestés. En prenant soin de ne divulguer aucune autre information supplémentaire. Sauf que l’entreprise sélectionnera le repreneur le plus à même de préserver les emplois et de pérenniser les compétences de l’entreprise. « Si nous voulons faire la transition énergétique, nous ne pouvons pas le faire en dépendant entièrement des puissances étrangères qui peuvent décider du jour au lendemain de nous arrêter dans notre élan. Ce n’est pas possible. Nous devons nous donner les moyens d’être maîtres de notre destin.conclut celui qui tire la sonnette d’alarme depuis longtemps déjà auprès des politiques.


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