Par Nina Hossein-Zadeh
Publié le
16 février 24 à 7h12
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Pas de joyeuse Saint-Valentin chez Continental. Mercredi 14 février 2024, lors d’un webinaire, le célèbre groupe de pneumatiques a donné les détails de son vaste plan d’économiesofficialisé fin 2023.
7 150 postes seront supprimés à travers le monde, afin « d’augmenter la compétitivité » de Continental. 5.400 emplois sont concernés dans l’administration Et 1 750 dans la branche recherche et développement.
Incertitude à Toulouse
A Toulouse, plus de 1 000 personnes sont employées. L’ambiance n’est pas bonne et l’incertitude règne. Le site est-il concerné par ce plan social ?
Fermeture d’un laboratoire confirmée
« Pour l’instant, nous ne parlons pas de licenciements », précise un syndicaliste de SUD, employé en recherche et développement chez Continental Toulouse. Mercredi matin, les syndicats ont été convoqués, explique-t-il, et ont appris la mauvaise nouvelle.
« La direction française a appris la nouvelle mardi soir. Nous n’avions pas vraiment de temps de réaction, mais nous étions a confirmé la fermeture des laboratoires au sein du département Qualité. »
Entre 35 et 60 personnes y travaillent. Ce sont eux qui sont chargés d’effectuer les tests de certification des produits. « Personnellement, je suis incompréhensible, car c’est une activité reconnue au sein de Continental. »
“On s’interroge sur l’avenir”
La direction du groupe Continental Automotive France tente de rassurer en « évaluant les scénarios » et en travaillant « dans le respect des règles du dialogue social dans les prochaines étapes ».
Le député de SUD évoque donc les « leviers » exploitables : les négociations avec les personnes proches de la retraite et celles qui souhaitent déjà partir. « Mais de là à reloger au maximum 60 personnes, ça me paraît compliqué. Il y aura probablement des licenciements», confie-t-il.
Dans le secteur concerné, l’ambiance n’est pas bonne. « Ils sont surpris et déçus. Dans le laboratoire, les employés envisageaient de réduire leurs effectifs. Mais cela est allé plus loin avec la fermeture. Aujourd’hui, on s’interroge sur l’avenir. »
Licencier pour déménager
Tout reste encore très flou, puisque la direction en Allemagne « communique au compte-goutte ». Sur les 1.750 licenciements annoncés dans la recherche et développement dans le monde, la proportion en France, et donc à Toulouse, n’est toujours pas connue.
Selon le syndicaliste de SUD, la France métropolitaine fait partie des régions à « coûts élevés ». Économiser de l’argent, le groupe pourrait se délocaliser et se tourner vers des régions dites « à meilleurs coûts ».
« En Europe, ce qui serait un moindre mal, l’entreprise pourrait s’implanter en Roumanie ou en Serbie. Mais il existe d’autres pays comme l’Asie et l’Inde », dit-il. Une délocalisation, peu avantageuse, juge-t-il.
Un problème de communication
La délocalisation permet à Continental de garantir des économies, mais comporte également des risques.
« Nous perdrons en réactivité et en communication lorsque des problèmes surviendront. Cela pourrait générer des tensions avec les clients sur les délais de production.
Continental en perte de vitesse ?
En effet, Continental prévoit de réaliser 400 millions d’euros d’économies par an dans la division automobile du groupe. Selon Georges*, employé en recherche et développement à Toulouse, le groupe perd de son élan.
« C’est devenu tendu quand nous avons commencé perdre des projets avec l’un des principaux clients. La direction a voulu rassurer, mais j’ai senti le vent tourner. » Il observe cette situation depuis plus de deux ans et il « a entendu bruits de couloir » sur ce plan social de licenciement.
Au sein de son équipe, il a constaté une certaine tension ce jeudi 15 février, au lendemain des annonces. « Mon équipe est concernée par cette décision managériale. Ils s’inquiètent également pour l’avenir et nombre d’entre eux envisagent de partir.”
Un site en fermeture en Allemagne
En juillet 2023, une première sentence est prononcée. Le groupe a annoncé la fermeture progressive de son usine de Gifhorn en Allemagne d’ici 2027.
Une mesure qui fait partie de « un contexte de forte pression sur l’industrie automobile, de recul des marchés automobiles et une structure de coûts élevée au niveau local. Pour surmonter le problème, la relocalisation a été choisie, a indiqué un porte-parole à l’AFP.
*le prénom a été modifié
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