Du vin blanc espagnol enrichi en dioxyde de carbone et vous avez la recette miracle d’une piquette qui s’est fait passer pour ce qu’elle n’était pas. Cette affaire de « faux champagne » commercialisé par Didier Chopin, basé dans le petit village de Champlat-et-Boujacourt (Marne), est une arnaque pas comme les autres au pays des bulles.
En 2022, Didier Chopin aurait vendu 1,5 million de bouteilles sous l’appellation champagne grâce à un site de production à Billy-sur-Aisne vendant des vins effervescents et apéritifs. Du muselet à l’étiquette, cette gigantesque fraude a été révélée par des salariés de Didier Chopin dont Ludivine Jeanmingin, ancienne responsable du site de production de Billy-sur-Aisne, qui a témoigné dans le documentaire diffusé hier sur France 2.
Photos et vidéos à l’appui, ce lanceur d’alerte revient sur cette arnaque à grande échelle, d’autres salariés témoignent, sous couvert d’anonymat mais disent tous la même chose, ce qui est sorti des entrepôts était tout sauf du champagne. L’avocat de Didier Chopin, Maître Francis Fossier, qui est également un ami de la maison, interrogé par les équipes du Complément d’enquête, réfute les accusations portées contre son client. « Aujourd’hui, M. Chopin m’a dit face à face que ce n’était pas vrai. Je n’en sais rien. Il n’y a pas dans ce dossier de la SAS Chopin une lettre de personnes l’accusant de faire du faux champagne », avouant même devant l’écran, avec une moue dubitative, en dégustant le breuvage : « Je ne saurai pas ne pas le dire, mais c’est pas vraiment à mon goût. Ça pétille, mais il n’y a plus de bulles au bout d’une minute. Ce n’est pas normal. Il est clair. »
Ces bouteilles commercialisées pour de grands noms de la grande distribution, dont Leclerc qui dit avoir pris « des mesures immédiates en retirant les bouteilles des rayons », récompensées par Gilbert & Gaillard en 2022, pointées du doigt dans le documentaire pour ses pratiques douteuses, permettent désormais aujourd’hui de placer la SAS CHOPIN en cours de liquidation judiciaire. Quant à Ludivine Jeanmingin, elle a été licenciée pour faute grave en mai 2023 et a fait appel, la décision de la cour d’appel d’Amiens devrait être rendue au printemps 2024.
En fuite vers le Maroc, l’incriminé n’a pas baissé les bras et a créé près de Rabat une entreprise d’exportation de fruits et légumes baptisée « Les champs sans frontières » qui compte Carrefour mais aussi Leclerc parmi ses clients.
Dans ses bottes, comme le montre le reportage de France 2, Didier Chopin crie toujours au complot et met en cause Ludivine Jeanmingin qui dirigeait le site de production de Billy-sur-Aisne. «C’est une affaire qui m’a fait beaucoup de mal», dit-il avec un mélange de colère et de détermination. Par coïncidence, le site Internet « Les champs sans frontières » de Didier Chopin était inaccessible ce vendredi matin.
Un complément d’enquête à voir en rediffusion sur la plateforme France TV
