R.Récemment, Guillaume Canet a été interviewé par les médias Brut sur le fait que certains regardent son dernier film en trois quarts d’heure au lieu d’une heure et demie. Il est étonnant de constater à quel point nous avons gagné en flexibilité mentale depuis l’époque, il y a un demi-siècle, où nous nous demandions si le passage des films au petit écran ne dérangerait pas leurs réalisateurs. On peut se demander ce qu’aurait répondu Victor Hugo si on l’avait interrogé sur son ressenti à la lecture de l’édition abrégée du Misérables par un groupe d’étudiants.
La lecture accélérée, fonctionnalité initialement déployée sur les sites pornographiques, s’est répandue sur toutes les plateformes et le visionnage ou l’écoute passive en temps réel nous est devenu de moins en moins naturel. Les enseignants et les parents le savent : une étude menée en 2021 par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) indiquait que 85 % des élèves visionnaient des fichiers audio ou vidéo en mode accéléré. Mieux encore, une expérience menée avec un document audio sur l’Empire romain a montré que ceux qui l’avaient écouté en mode × 2 avaient obtenu les mêmes résultats à un test de compréhension que ceux qui l’avaient suivi à un rythme normal. En revanche, l’évaluation s’est dégradée pour les étudiants ayant opté pour × 2,5.
Alors que nous sommes tous devenus des Frankenstein audio, la question des limites continue de se poser. Pour quel type de programme l’accélération doit-elle être interdite ? Parce que, étonnamment, les accros aux boutons × 1,5 ou × 2 ont en commun de toujours préciser pour quelles catégories de programmes sonores il semblerait sacrilège de modifier la vitesse de lecture.
-Comment les reconnaît-on ?
Ils gèrent leur lecture comme un jogging et augmentent le rythme, en commençant à × 1,2, puis en augmentant jusqu’à × 1,5 lorsque leurs oreilles s’y habituent. Ils considèrent qu’ils rendent service au réalisateur du podcast ou de la série, jugeant qu’il n’a pas trouvé le bon tempo et que, sans cette fonctionnalité, ils n’en écouteraient ni ne verraient autant. Ils connaissent toujours quelqu’un qui a un meilleur rythme qu’eux.
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