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«J’ai hâte de préparer le nouveau printemps» à Toulouse

l’essentiel
Chanteur, DJ, danseur, producteur et militant des droits LGBT+, Kiddy Smile sera l’artiste associé du Nouveau Printemps à Toulouse en 2025. Le « prince français » du voguing promet une édition « festive et inclusive ». Entretien.

La Dépêche du Midi : Nous vous présentons sous plusieurs casquettes. Comment vous définiriez-vous ?

Kiddy Smile : J’ai toujours eu du mal à parler de moi et à décrire ce que je ressens à travers un seul type d’art. Toutes ces étiquettes de DJ, chanteur, styliste me pèsent beaucoup car en , quand on est capable de faire plus de choses, on les néglige. Il en va tout autrement aux États-Unis, où cette polyvalence est considérée comme un atout. Je dirais que je me considère comme un artiste. J’ai alterné les casquettes au travers de rencontres qui m’ont fait grandir, évoluer et m’ont permis d’approfondir mes avis.

L’artiste doit-il nécessairement transmettre un message ?

Ne perdons pas de temps à matérialiser ce qui se passe dans nos têtes sans envoyer de message ! Je suis un éternel romantique, ma première intention est donc de parler de mes histoires d’amour amicales et romantiques. Je parle aussi de mon quotidien. Mais ce que je vis est toujours lié aux oppressions que je ressens, au fait d’être noir et queer. Parler d’amour quand on est homosexuel et que les gens se font tabasser dans la rue, quand « être » peut devenir une nouvelle, est forcément politique. L’homosexualité n’est plus un crime mais l’homophobie est toujours très présente dans la société. D’un côté, nous gagnons du terrain en termes d’inclusivité, de l’autre, les gens sombrent dans la peur et s’expriment encore plus fort.

Vos prestations laissent souvent des traces, comme en 2018 lorsque vous mixiez pour la fête de la musique dans la cour de l’Elysée avec un t-shirt « Fils d’immigrés, noirs et pédés »…

Je ne pouvais pas aller à l’Elysée et ignorer ce que cela représente en termes d’oppression de la communauté LGBT et de répression des migrants. J’ai choisi de porter ce t-shirt pour parler aussi simplement de qui je suis. Dès lors, j’ai été très harcelé, attaqué sur les réseaux sociaux par l’extrême droite et le Rassemblement national. J’aurais dû m’excuser d’être noir et queer !

Comment êtes-vous arrivée à la danse et à la musique ?

J’ai grandi dans une petite ville à Rambouillet où il n’y avait pas grand chose à faire. Un jour, on m’a proposé de danser à la MJC ; Au début, je n’étais pas vraiment motivé à le faire, mais j’ai aimé ça. C’est là que j’ai réalisé qu’être artiste pouvait devenir un métier et m’empêcher d’avoir un avenir en ville. De concours de danse à Paris en rencontres et projets, notamment avec DJ Mehdi, je me suis ouvert à la musique électronique et house.

Pourquoi cette tenue Bibendum rouge lors de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques ?

Je suis très honoré d’avoir participé à cette cérémonie. Je suis moi-même handicapé à 30 % ; J’ai très peu de mobilité au niveau de ma cheville droite, je ne peux plus courir ni sauter. Ces Jeux ont permis de révéler l’aspect héroïque du sport paralympique. Quant à mon costume, un « muscle suit », c’est pour moi une manière de critiquer la société et ma propre envie de vouloir intégrer la norme pour tout ce qui touche au corps.

Vous avez été choisi comme artiste associé du Nouveau Printemps 2025. Qui inviterez-vous ?

Je me suis d’abord demandé si j’étais légitime pour être artiste associé. Clément Postec, le directeur artistique du festival m’a rassuré et j’ai très hâte d’être là aujourd’hui. J’ai eu l’occasion de venir plusieurs fois à Toulouse, c’est une ville que j’aime beaucoup ! Je ne peux encore rien dire sur la programmation, mais j’ai des idées claires sur ce que je veux faire. Je souhaite impliquer des artistes qui me touchent, qui parlent aussi d’amour et de leur rapport au monde. Et je souhaite donner à cette édition une dimension festive et performative. C’est un peu mon ADN ! D’ici là je présenterai un film documentaire, « Drift », réalisé avec Jérémie Danon à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon.

Festival de création contemporaine Nouveau Printemps, du 23 mai au 22 juin 2025 dans le quartier Saint-Sernin.
 
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