« Une heure d’information, de reportage et d’enquête »Anne-Sophie Lapix l’annonce désormais quotidiennement en ouverture de l’émission « 20 heures » de France 2. Une heure, contre trente-cinq minutes auparavant et alors que son principal concurrent, le JT de TF1, ne dure en moyenne qu’une quarantaine de minutes. Cette extension considérable, rendue possible notamment grâce au transfert du numéro de série Un si grand soleil à France 3, a été annoncé lors de la conférence de rentrée de France Télévisions le 4 septembre, et mis en œuvre moins d’une semaine plus tard, le 9.
Un mois s’est écoulé depuis, et la chaîne dit « satisfait d’avoir fait le pari de prendre le temps »» précise Muriel Pleynet, directrice des rédactions nationales. Prendre le temps, bien sûr, mais pour faire quoi exactement ? Lors de sa conférence de rentrée, le groupe a souligné le besoin accru de décrypter un monde complexe. “On ne traite pas plus de sujets, explique Muriel Pleynet. L’objectif est de mieux les traiter, de se permettre de laisser vivre les reportages, de moins rétrécir les sujets pour les ranger dans des cases, de laisser le temps au témoignage, au récit ou à l’enquête d’offrir des informations. plus complet. »
Proposer une analyse qui va au-delà du factuel
« Nous sommes constamment bombardés d’informations, continue-t-elle. Les réseaux sociaux, les notifications push, les chaînes d’information en continu les livrent progressivement. Alors quand on arrive à 20 heures, il faut pouvoir proposer aux téléspectateurs une analyse qui va au-delà du factuel. » Une approche cohérente, selon Marie-France Chambat-Houillon, sémiologue audiovisuelle : « Nos pratiques informationnelles ont tendance à se multiplier et à s’accumuler : chaque plateforme répond désormais à un besoin différent. Il est intéressant de noter que la période « 20 heures » entraîne cette baisse. »
L’objectif est également de répondre à différents publics. Proposer un récit relativement complet de l’actualité du jour à ceux pour qui « 20 heures » est resté l’heure de l’annonce, tout en approfondissant les sujets pour les « hyperconnectés » qui ont déjà reçu l’information brute. « En nous accordant plus de temps, nous pouvons marcher sur nos deux jambes et ne laisser personne de côté »estime le directeur éditorial.
« C’est ce qu’on attend d’un média de service public »salue François Jost, directeur de la revue Télévision et professeur à la Sorbonne-Nouvelle. Pour le chercheur, il y a peu de risques de décrochage des téléspectateurs malgré la durée et l’exigence des sujets qui se succèdent entre 20 heures et 21 heures. « Les reportages, enquêtes, entretiens et autres récits sont bien articulés et suffisamment accrocheurs »il croit.
Pas de baisse des notes, pas de saut
Les chiffres, à ce stade, semblent lui donner raison. « Nous attirons environ 4 millions de téléspectateurs chaque soir, ce qui était déjà notre moyenne avant l’été »se félicite Muriel Pleynet. Elle exclut volontairement de son calcul la période des Jeux olympiques, par rapport à laquelle la chaîne a logiquement constaté une baisse de son audience.
Pas d’abandon, donc. Mais pas de bond non plus pour la deuxième chaîne, que TF1 a largement distancé sur le premier semestre. Alors que le journal télévisé de France 2 a attiré en moyenne 4,1 millions de téléspectateurs sur les six premiers mois de 2024, TF1 en comptait 5,3 millions sur sa chaîne. L’enjeu pour la chaîne du service public est donc de conquérir de nouveaux habitués.
En attendant, Muriel Pleynet se réjouit des premiers retours des téléspectateurs « enthousiaste et encourageant », qui offrent également quelques perspectives d’amélioration. “Certains nous parlent d’un besoin de plus de repères, peut-être avec des titres récurrents”, admet le directeur de la rédaction. Pour le moment, la chaîne a abandonné cette structure restrictive. Ouverte aux changements, Muriel Pleynet affirme néanmoins qu’elle ne le fait pas “ne voulant pas (s’) enfermer un conducteur qui doit rester guidé par l’actualité. À suivre.
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