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Un éducateur du Mont d’Youville admet des abus sexuels sur une jeune adolescente

Une ancienne éducatrice de l’orphelinat du Mont d’Youville, aujourd’hui âgée de 79 ans, a plaidé coupable mardi à un délit d’attentat à la pudeur pour des gestes à caractère sexuel envers un jeune garçon qui s’est étalé sur une période de 3 ans au milieu des années 1970.

• Lisez également : Agressions sexuelles au Mont d’Youville : 3 éducateurs accusés, d’autres dossiers à l’étude

Le procès de John Anthony O’Reilly devait s’ouvrir mardi matin au palais de justice de Québec, mais l’ancien éducateur et gérant du Mont d’Youville a plutôt choisi de plaider coupable.

Le procureur de la Couronne dans ce dossier, Me Michel Bérubé, a expliqué au tribunal que des discussions avaient eu lieu tout au long de ce dossier qui durait depuis juin 2023 et qu’une entente avait été conclue la veille de l’ouverture du procès.

Une proposition commune visant à imposer une peine de trois ans de prison a également été annoncée, mais ne sera débattue qu’en février. «L’accusé doit subir des opérations, cela fait partie des discussions que nous avons eues avec la défense», a expliqué Me Bérubé.

Le septuagénaire avait déjà été condamné à deux ans de prison en 2010 pour des abus physiques et sexuels envers cinq autres adolescents lors de leur séjour au Mont d’Youville.

Actes ignobles

O’Reilly a reconnu tous les actes qu’il a commis contre sa victime, qui avait entre 10 et 12 ans au moment des faits.

Assis dans la pièce, le sexagénaire a versé quelques larmes en entendant le vieil homme qui a bouleversé sa vie prononcer le mot qu’il attendait depuis tant d’années.

« Coupable », a presque chuchoté John Anthony O’Reilly après que la juge Josée Lemieux lui ait lu l’accusation d’attentat à la pudeur portée contre lui.

« Aujourd’hui, je pleure, je saigne encore, ce n’est pas fini. Mais je ressens un calme. […] Je n’ai pas eu la vie facile toute ma vie, j’espère juste que ça se terminera bien. Maintenant, je vais pouvoir travailler là-dessus » – Victime de John Anthony O’Reilly

Ensuite, la victime a fermement tenu la main d’un proche venu la soutenir lorsque le procureur a résumé les actes ignobles commis par celui qui était censé s’occuper et entretenir les enfants sous sa responsabilité.

« À différentes occasions, sans pouvoir les quantifier, l’accusé venait chercher la victime le soir, s’asseyait sur lui, l’embrassait sur la bouche tout en lui touchant le corps, les fesses, le pénis », a relaté Me Bérubé, précisant que « Des séances de masturbation » avaient également eu lieu.

John Anthony O’Reilly au palais de justice de Québec le 2 octobre 2024, en compagnie de son avocat Me Denis Bernier.

Pierre-Paul Biron – Journal de Québec

Les faits se sont déroulés en deux temps, a précisé la couronne, expliquant que le jeune adolescent avait quitté le Mont d’Youville pendant un certain temps « avant d’être ramené » en raison de ses problèmes de comportement.

“C’était un enfant qui s’est enfui pour des raisons qui nous paraissent aujourd’hui évidentes”, a souligné le procureur.

Autant dire que l’enfant avait été ramené dans la tanière du loup.

Vie brisée

L’identité de cette victime est protégée par une ordonnance de non-publication, mais l’homme a tenu à s’adresser aux médias pour expliquer que son combat n’était pas terminé.

Il est plaignant, avec une autre personne, dans le dossier d’un deuxième éducateur du Mont d’Youville qui doit subir son procès, Reynald Hamel. Un troisième, Michel Leblanc, est également accusé en lien avec des agissements commis à l’orphelinat.

Toutes ces démarches sont évidemment ardues pour une personne brisée comme lui, mais il invite malgré tout d’autres personnes ayant subi des agressions à reprendre la voix qui leur a été volée en portant plainte.

La victime de l’ancien éducateur à l’orphelinat du Mont d’Youville John Anthony O’Reilly le 2 octobre 2024, en marge du plaidoyer de culpabilité enregistré par l’homme de 79 ans à un chef d’attentat à la pudeur. Nerveux et jouant constamment avec une balle anti-stress CAVAC, l’homme a souhaité être présent au palais de justice pour cette étape importante. Crédit photo : Pierre-Paul Biron – Journal de Québec

Pierre-Paul Biron – Journal de Québec

“Ne faites pas ce que j’ai fait, n’attendez pas 50 ans parce que je n’ai pas eu d’enfance ni de vie”, a-t-il confié, soulignant le soutien des procureurs, des enquêteurs et des gens du CAVAC.

“Allez voir les équipes d’enquête, elles vous attendent.”

Un règlement a été entériné en juillet dernier dans le dossier du recours collectif contre le Mont d’Youville, condamnant les Sœurs de la Charité et le CIUSSS de la Capitale-Nationale à verser 65 M$ aux victimes de l’établissement.

 
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