Publié le
26 janvier 2025
La semaine de la mode masculine parisienne s’est terminée dimanche avec le défilé tant attendu de Lanvin. L’occasion de dévoiler la première collection de son nouveau directeur artistique Peter Copping, imaginée pour l’automne-hiver 2024/25. Outre la griffe détenue par le géant chinois Lanvin Group (ex-Fosun Fashion Group) et d’autres grands noms comme Jacquemus et Sacai, une multitude d’autres marques se distinguaient, dimanche dans la capitale, à l’instar des maisons japonaises Doublet et Taakk et sud-coréenne Wooyoungmi. .
Pour son grand retour sur les podiums parisiens après deux ans d’absence, Lanvin a choisi le pavillon Gabriel au pied des Champs-Elysées, dévoilant à la fois le nouveau visage de son homme, mais aussi et surtout de son épouse. Il n’est pas toujours évident de relancer une marque historique en trouvant le juste équilibre entre patrimoine et temps présent. Peter Copping s’y est essayé, avec prudence, en partant d’un vestiaire incontournable, constitué des incontournables de la garde-robe. Faciles à associer entre elles, il les propose dans des proportions et des constructions étudiées, et les décline dans une palette sombre.
Pour les humains, il a pensé à un vestiaire classique avec des pièces coupées dans de belles matières aux lignes rigoureuses, manteau à chevrons ou tweed à micro-carreaux avec revers de couleur ocre, sans oublier les vestes Prince de Galles, les costumes monochromes et un peu de denim. La silhouette est simple et pratique. Pas de chemises, mais des pulls à col roulé, des blouses à col cheminée ou des t-shirts en soie froissée. Le pantalon est confortable, tantôt resserré aux chevilles, tantôt glissé à la taille. Les pointes sont pieds nus. Il arrive chez l’homme Lanvin pour oser de temps en temps, par exemple avec un manteau léopard.
La femme oscille entre praticité et glamour, privilégiant une ligne fuselée. Son dressing compte également un bel cabanon marine avec des boutons chocolat, des manteaux longs confectionnés en laine épaisse grise, en laine noire ou bleu foncé, taille basse ceinturée, ainsi que des robes pardessus en cuir, des jupes pantalons drapées, des robes sinueuses fendues sur le côté. Le soir, il s’affiche dans de longues robes de tulle et de dentelle, dans des portants en velours noir, dans des tenues drapées en satin, d’autres recouvertes de cristaux ou construites à partir de bandes de soie, tandis que fleurs et motifs rétro des années 1920 s’invitent dans certaines tenues.
“C’est un moment clé, de transition, qui marque le grand retour de la plus ancienne maison de couture parisienne après deux ans de repositionnement”, a déclaré le directeur général adjoint Siddhartha Shukla. « Défiler à la veille de la semaine de la haute couture est important, car cela démontre notre sophistication forcément française. Avec cette collection, nous sommes très, très fidèles à l’esprit de cette maison et à Jeanne Lanvin”, glisse-Al.
-Un peu plus tôt dans la journée, plusieurs créateurs asiatiques ont également présenté leur nouveau vestiaire pour humains, avec un retour prononcé à une élégance plus formelle. Ce fut notamment le cas chez Wooyoungmi avec, en ouverture de son show, une série de costumes d’un grand chic. La silhouette est resserrée à la taille tandis que des fleurs réalisées dans le même tissu du vêtement (costume ou chemise) surgissent sur une épaule, sur un poignet ou sur une poche. La même forme de sablier s’applique à un manteau en cuir ou en laine impeccable.
Pour l’hiver prochain, Madame Woo, c’est-à-dire Woo Young Mi, la fondatrice de la maison sud-coréenne, qui a repris la direction artistique en mars 2020 après avoir passé le relais à sa fille, injecte dans cette garde-robe formelle des éléments vêtements de détente et du sport. Ainsi, les leggings chauds et les taux de grand-père se retournent sous les pantalons retroussés, d’où ils dépassent au niveau des chevilles et de la taille.
Surprenant nylon matelassé en nylon se zippe également si besoin sur le pantalon. Les vestes et doudounes épaisses, également matelassées, sont taillées dans de belles soies aux imprimés fleuris. Hommes et femmes se protègent notamment avec de grands cols de fourrure colorés qu’ils peuvent ajouter aux larges revers de leurs manteaux et avec des mitaines en laine retenues par un cordon.
Changement de registre chez Doublet avec une collection très punchy. La griffe de Masayuki Ino, créateur à l’humour décapant et lauréat du Prix LVMH en 2018, convoque éclairs, coups de tonnerre et sirènes de police pour lancer ses bad boys sur le podium sous un ballet de spots effrénés.
Avec leurs bombes peintes à la main, ces messieurs veulent se battre. Chaînes, mousquetons et autres pièces claquent sur leurs vêtements, tandis que leurs chaussures sont hérissées d’embouts en caoutchouc. Parfois, le bout de leur chaussure s’ouvre et bâille comme s’il était disjoint. Un serpent sort littéralement du collier remarqué d’un long imper noir du Dracula. La gueule d’un requin s’ouvre avec rage dans le dos d’une doudoune.
Cet univers underground animé par une bande-son techno est tempéré par un souffle de douceur enfantine avec des doudounes roses imprimées de jolis animaux, une palette de mauve, vert menthe et autres teintes dragées, ainsi qu’une bouillotte. Parmi les autres accessoires, qui feront fureur, ces gants en laine incrustés d’anneaux de cristal et de bracelets de perles.
Chez Taakk, place à une collection intrigante, qui semble vouloir jouer avec les sensations tactiles et les effets visuels, comme autant de réminiscences du passé. Veste Daim ou Pull en polaire ? Et est-ce autre, en nylon ou en cuir ? En satin ou en tissu technique ? Quant à ces bermudas, sont-ils en denim ou en léopard ? Ce pantalon, en écorce ou en fourrure ? Que dire également de ce blouson de motard en cuir, dont la fermeture éclair est très clairement arrêtée par un tableau de Magritte ?
Jamais comme dans cette collection, le créateur Takuya Moriyama ne s’est amusé à nous confondre. Plongé dans ses souvenirs d’enfance, il tente de restituer quelques échos lointains à travers un incroyable travail sur la matière et des traitements innovants. Le styliste, qui a travaillé chez Issey Miyake avant de lancer sa marque en 2013, éblouit par ses numéros de prestidigateur.