Chanteur, mais pas seulement. Héraut d’une musique à la croisée des rythmes d’ici et d’ailleurs, sa voix est un baume au cœur, une signature vocale qui frappe l’esprit. Massamba, Saliou Samb ou encore Amadeus se présente comme un virtuose de la musique sénégalaise. Son style particulier est la fine fleur de son fulgurante ascension musicale.
Dans la musique sénégalaise, son nom d’artiste sonne comme la symphonie n°40 en sol mineur, de Wolfgang Amadeus Mozart dont il porte le nom. Son émergence dans l’espace musical sénégalais s’est faite, a priori, sans éclaboussure ni castagne. Il s’est imposé, puis s’est exposé, purement et simplement. Dans l’univers musical de Massamba, chaque note est une touche de lyrisme dans l’air, une flamme qui vacille, un espoir suspendu dans un souffle d’éternité. Sa musique, vibrante de sens et d’histoire, est une histoire continue, une narration de l’âme où le passé et le futur se confondent. Il n’est pas seulement un chanteur, mais un chaman sonore, un poète sans frontières qui tisse son univers avec les fils invisibles du temps et du cœur. Amadeus, son alias, pourrait bien être un hommage à la lumière subtile qui éclaire la nuit de ses inspirations.
Une ascension fulgurante
Sa voix, creusée par l’ombre et la lumière, fait surgir des ondes émotionnelles, de douces larmes mélancoliques, des éclats de révolte lumineuse. Chaque syllabe qu’il prononce semble être un poids contre le cœur, un souffle d’espoir, une pluie sur la terre ferme. Il transporte des mots d’un autre temps, mais aussi des révoltes qui grondent au cœur du présent, comme si la lutte n’était qu’un long poème en construction, un poème encore inachevé. Comme les troubadours qui, par les mélodies mythiques de la cithare, brisent l’âme, Amadeus chante l’amour, le scande et insuffle dans le cœur des mélomanes. Sa musique n’est pas qu’un rythme, c’est une prophétie. Dommage si l’on attend les Roses du Cap-Vert !
Amadeus a toujours été passionné de musique, un amour qu’il doit aux chansons que sa mère faisait écouter pendant son enfance. Cette musique lui inculque ce qui sera le début de sa carrière artistique. Richard-Toll, au bord du majestueux fleuve Sénégal, est une ville où le temps semble suspendu, entre l’ombre des palmiers et le murmure de l’eau. C’est ici qu’est né Amadeus, dans un paysage façonné par les rythmes ancestraux du Walo et la sagesse du fleuve. La lumière dorée du crépuscule, les chants des griots et le souffle du vent porteur d’histoires anciennes ont nourri son âme musicale. Son véritable point de départ sera marqué par « Boulma Sagaé », single inspiré de Cheikh Lô et qui a connu un succès phénoménal avec plus de 7 millions de vues sur YouTube. Ce premier succès ouvre la voie à d’autres titres marquants comme « Dara Douko Dakk » et « Doumala Fowé » qui lui permettent de se positionner comme une figure montante de la scène musicale sénégalaise. Il s’est également fait remarquer par ses collaborations, notamment avec « Yaw LA » en duo avec VJ, qui établit un record de start-up sur YouTube au Sénégal. En 2023, il est finaliste du Prix RFI. Il découvre et enrichit son répertoire avec l’EP « Am Ma Mayla », tout en préparant son premier album Taaru Sénégal, sorti en 2024.
« La musique d’Amadeus est un subtil mélange entre tradition et modernité, les jolofbeats. Ce style unique fusionne les rythmes sénégalais comme le Mbalax avec des influences contemporaines comme l’Afrofusion, le Zouk et le Pop » c’est le diagnostic lucide que pose Lamine Ba, journaliste et critique musical sur ce qu’appelle la musique d’Amadeus.
Prenez le Sénégal
En ce sens, le critique ajoute que cette démarche montre son profond attachement à ses racines tout en apportant une fraîcheur qui parle à un public jeune et international. Ainsi, ses chansons abordent des thèmes universels comme l’amour ou les valeurs familiales, tout en célébrant la culture sénégalaise. « Ce qui rend sa musique si spéciale, c’est sa capacité à créer des ponts entre les générations et à offrir une expérience musicale authentique et moderne à la fois », Gage Lamine Ba.
Taaru Sénégal (beauté du Sénégal), sorti en 2024, se révèle être une exploration poétique et sonore de cette beauté multiple, qui réside à la fois dans les racines de la culture sénégalaise et dans les innovations qui l’inspirent. En cela, l’album devient un vibrant hommage à la beauté, non pas comme simple surface esthétique, mais comme force vivante qui traverse les époques et se réinvente sans cesse. Le visuel de l’album qui met en avant les figures marquantes de la comédie musicale sénégalaise en dit long. La beauté, chez Amadeus, est un concept émouvant : c’est une énergie qui se déploie dans la juxtaposition d’instruments ancestraux et de sons futuristes. A travers cet album, Amadeus invite l’auditeur à percevoir la beauté sous toutes ses formes : tantôt brillante, tantôt fragile, mais toujours capable de nous toucher au plus intime. La beauté n’est ici pas qu’un ornement sonore, elle devient une quête, une exploration des possibilités infinies du vivant, un dialogue entre harmonie et dissonance, un lieu où les contrastes se rencontrent et s’unissent pour donner naissance à une œuvre aussi vibrante que sans âme.
-Dans l’espace privilégié de son art, Massamba réunit deux mondes apparemment opposés : le rythme ancestral du Sénégal et l’énergie sauvage du monde moderne. Les rythmes du Mbalax résonnent dans le ventre de la terre comme les rappels d’une mémoire partagée, tandis que les rythmes électroniques se glissent en étincelles dans l’air comme les fragments d’un rêve futuriste. Son art n’est ni une simple fusion ni une simple superposition des genres, mais un mouvement incessant où chaque son devient un mouvement de l’âme. Massamba sculpte le temps, il fait de la musique un flux incessant, une mer vivante où les vagues du passé se brisent sur les rochers du présent. Il est quasiment impossible d’écouter votre musique sans y voir la prosodie, les breaks éloquents et l’air unique de Kiné Lam et de tant d’autres artistes sénégalais illustres.
Il transforme chaque pièce en une île flottant sur l’océan des âges, où la terre et l’âme parlent sans frontières. « Aduna » est un voyage où la terre elle-même parle, s’incarne, chante, se bat, une terre qui appelle ses enfants à retrouver sa mémoire perdue, mais aussi à réécrire les pages à venir.
Massamba : l’âme en musique, le combat en poème
La voix de Massamba est un pont suspendu entre ciel et terre, une flamme vacillante qui danse entre l’intime et l’épopée, une douce révolte qui se mue en tendresse sauvage. Il ne s’agit pas d’une simple voix interprétative, mais d’une voix vivante, qui prend forme dans la matière même des mots. Son ton fait écho aux générations qui passent, aux révolutions en silence, mais aussi à l’espérance qui ne se tait jamais. C’est, à la fois, une tempête calme et une histoire éphémère, qui nous entraîne dans des conversations sans fin, des dialogues entre ombre et lumière, comme dans « Daaru Dunya », où la voix devient une prière contre le vent, une invocation du futur et une réminiscence du passé. La tension de ses silences presque palpables fait écho à la douleur des années passées, et pourtant, c’est dans cette fragilité qu’il déploie la force de ses convictions. Tous les poètes sont des menteurs, mais des menteurs qui disent toujours vrai. Ce mensonge est celui de la création et de faire sortir quelque chose dans l’antre de l’inoubliable et de l’insaisissable.
Bercé par les rives du Walo, Massamba ne se contente pas de créer des pièces, il façonne des paysages sonores, des toiles vivantes où chaque élément se nourrit de l’autre. Il offre des merveilles de textures, où les sons de la nature se mélangent à des fragments électroniques tels des rêves enfouis dans la réalité. Ses arrangements sont des lignes d’horizon, des points d’envol où l’auditeur n’a d’autre choix que de se laisser emporter, tel un voilier emporté par le vent. Dans « Kocc Na Ma Jeggal » ou « Baabel », les percussions ancestrales se heurtent à des basses fréquences profondes, formant une tapisserie sonore où le fracas des ancêtres dialogue avec les bassins numériques de l’époque contemporaine. C’est là que Massamba excelle, dans cette capacité à transgresser les genres, à déraciner les structures classiques pour réinventer la forme tout en honorant les racines profondes de la musique sénégalaise. Mais au cœur de l’œuvre de Massamba, il y a le combat, la lutte qui prend forme dans chaque vibration, dans chaque mot, dans chaque son. Sa musique est une réflexion sur la souffrance, sur les racines enfouies, sur l’amour qui tente de naître. Et pourtant, au cœur de cette lutte, il y a une lumière, une flamme qui refuse de s’éteindre. Le combat à Massamba n’est jamais une rébellion aveugle, mais une résistance poétique, une révolution de l’âme qui se construit dans les interstices du son et du silence.
Amadou est seul