La télé-réalité face à une cyberintimidation toujours plus virulente des candidats

La télé-réalité face à une cyberintimidation toujours plus virulente des candidats
La télé-réalité face à une cyberintimidation toujours plus virulente des candidats

La haine en ligne cible de plus en plus les participants, comme Ebony, finaliste de « Star Ac ». Certains producteurs de programmes travaillent à renforcer la protection… tout en continuant à assurer le spectacle.

Ebony, finaliste de la « Star Academy », est la cible d’attaques racistes et misogynes en ligne depuis le début de la saison des télé-crochets. Prient/P Parente/SIPA

PAR MARY CIRES

Publié le 24 janvier 2025 à 17h00

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EEst ” Magnifique “, “Très fort”… Samedi 18 janvier, les enseignants du Académie des étoiles Corporated les performances de la jeune Ebony, lors de la demi-finale du télé-crochet qu’elle a remportée. Depuis le début de la saison, le 12 octobre dernier, la chanteuse impressionne par son talent. Pourtant, sur les réseaux sociaux, certains internautes usent d’autres qualificatifs, de racisme et de sexisme décomplexés. A tel point que ses partisans ont dénoncé «Attaques très violentes» et qu’une pétition a été lancée pour dire « Stop au racisme banalisé » dont Ebony est la cible. L’association SOS Racisme a indiqué mercredi 22 janvier avoir fait un signalement à la justice.

Depuis son retour sur TF1, le Académie des étoiles Favoriser la bienveillance et la générosité. Mais cela n’empêche pas une minorité de téléspectateurs de se lâcher sur les réseaux. En novembre, trois « académiciens » éliminés s’étaient exprimés lors d’un live Instagram, tandis que certains de leurs camarades restés au château subissaient les foudres de fans mécontents : « Calmez-vous un peu sur les réseaux, s’il vous plaît. […] Même si c’est derrière l’écran, ça peut quand même faire mal », ils se sont souvenus.

La multiplication des propos haineux est telle que, le 23 décembre, TF1 et Endemol, la société de production (groupe Banijay), ont publié un communiqué pour préciser qu’elles « Nous nous réservons le droit d’engager toute action en justice ».

Ce n’est pas le premier recadrage… Depuis quelques années, la cyberintimidation est un nouveau paramètre à gérer – ou pas – pour les boîtes de production. Plus particulièrement “Depuis le confinement de 2020”, précise Julien Magne, le directeur d’ALP, qui produit Koh-Lanta, «Quand des désœuvrés se sont défoulés sur les réseaux. Depuis, certains internautes ont pris le relais : menaces, appels au viol, agressions », il regrette.

« Nous conseillons aux aventuriers de porter plainte, précise Julien Magne, Et, en tant qu’entreprise, nous avons fait des rapports auprès du procureur de la République. »» Selon le directeur de la communication d’ALP, certaines plaintes ont donné lieu à des peines de travaux d’intérêt général, mais d’autres ont été classées sans suite car les harceleurs n’étaient pas identifiés – le réseau social en question ayant refusé de collaborer avec la justice. « Ces plateformes acceptent que des choses inacceptables puissent être dites en leur sein. Nous ne sommes pas si loin d’une zone de non-droit », Julien Magne est désolé.

Lorsque les candidats quittent l’émission, on leur explique tout ce qui s’est passé en ligne.

Estelle Rivet, directrice de la communication et du numérique d’Endemol

Désormais, pour préparer ses aventuriers, Alp prévoit des temps de sensibilisation “Sur le fonctionnement des réseaux sociaux et la manière de se protéger en cas d’attaque”, continue-t-il. « Nous leur rappelons que le psychologue peut les accompagner sur ces sujets. »» Il est également conseillé aux concurrents d’utiliser l’application Bodyguard, qui permet de filtrer les commentaires haineux.

Cette application est également proposée aux apprentis chanteurs du Académie des étoiles, En plus du rétrécissement et de la mise à disposition d’un guide de modération. Endemol tient à être un bon élève dans la lutte contre le cyberharcèlement. “Les candidats ne savent pas ce qui se dit sur les réseaux quand ils sont au château”, Rappelle Estelle Rivet, directrice de la communication et du numérique d’Endemol France.

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Alors, en amont, les producteurs leur demandent de désigner « un modérateur » qui pourra se connecter à leurs réseaux et les alerter. “Si jamais il voit une montée de la haine”. « En général, c’est un membre de la famille, souvent un frère ou une sœur, Détails Estelle Rivet. Lorsque les candidats quittent l’émission, nous sommes à l’hôtel avec eux et nous leur expliquons tout ce qui s’est passé en ligne. »»

Des influenceurs mieux armés face au harcèlement ?

Autre initiative du programme : le 6 novembre, à l’occasion de la semaine de lutte contre le harcèlement scolaire, les élèves ont reçu la visite de Justine Atlan, directrice de l’association E-Enfance, qui lutte contre les violences numériques, et de… Brigitte Macron. Un échange au cours duquel Ebony a pu évoquer le cyberharcèlement qu’elle a (déjà !) vécu lorsqu’elle était écolière.

Les réseaux sociaux seraient mieux gérés par des candidats déjà rompus à l’exercice de la viralité. “Nous travaillons avec des candidats habitués à la télé”, décrit Florence Fayard, PDG de Banijay Prod, qui produit Les cinquante ou Apprentis aventuriers. « Ces influenceurs ou anciens participants d’émissions de télé-réalité connaissent la traversée des réseaux autant que moi, sinon mieux. En général, ils sont déjà bien armés contre cela, note le producteur, Avec un agent qui s’occupe d’eux au quotidien. »»

Cela n’empêche pas ces protagonistes des émissions du confinement d’être la cible d’invectives, comme l’observe la sémiologue des médias Virginie Spies. « Certains internautes estiment que cette célébrité s’acquiert facilement et que, si les candidats en bénéficient, ils doivent aussi en subir les inconvénients. Et donc du cyberharcèlement… »

Les producteurs ont une responsabilité. Lorsqu’on ne montre pas toute la réalité d’une scène, cela peut alors conduire à du cyberharcèlement.

Valérie Rey-Robert, essayist

Cette maîtresse de conférences, qui a travaillé sur les liens entre réseaux sociaux et télé-réalité, pointe aussi du doigt le rôle des youtubeurs spécialisés, ou encore celui des anciens candidats : en commentant en ligne l’actualité de ce monde, ils propagent les rumeurs et les clashs. C’est cet influenceur qui promet « Révélations » Sur tel ex-concurrent avec qui il est en conflit, ou cet autre qui balance sur ses ex-candidats, misogynie oblige, étant particulièrement victime de l’acharnement des internautes.

Certaines sociétés de production auraient également une part de responsabilité dans le déclenchement d’une vague de haine. L’essayiste féministe Valérie Rey-Robert souligne que « Dans les émissions de confinement, les productions engagent souvent des personnalités fragiles, ou des hommes qui peuvent se comporter comme des salopards, parce que ça va faire de bonnes séquences, avec des candidats qui pleurent, qui s’énervent… » Pour entretenir l’intérêt des téléspectateurs, les programmes ont tendance à associer leurs candidats aux stéréotypes, « le manipulateur », les « jaloux »… ce qui peut en retour susciter l’hostilité du public sur les réseaux. Soucieux de leurs audiences, diffuseurs et producteurs ont tout intérêt à mettre en ligne des scènes qui font réagir et attiser la curiosité… au risque, parfois, qu’elle se retourne contre leurs candidats.

“Les producteurs ont une responsabilité, notamment en termes d’assemblage, Develops Valérie Rey-Robert. Lorsqu’on ne montre pas toute la réalité d’une scène, cela peut alors conduire à du cyberharcèlement. »» Pour illustrer la question, l’auteur évoque un extrait de Côte française (Ah ! Production), posté sur le compte X de l’émission, dans lequel on voit une candidate transgenre, Ouryel, frapper dans l’habitacle d’une voiture – le montage laisse entendre qu’elle s’énerve parce qu’un autre participant lui a refusé un plan à plusieurs. Violemment conspiré sur les réseaux, insultes transphobes à l’appui, Ouryel a dû s’exprimer sur son compte Tiktok, expliquant que sa colère n’y était pour rien et que la séquence était en réalité bien plus longue.

Que le cyberharcèlement soit le fait de fans trop passionnés ou de blogueurs avides de buzz, il n’en demeure pas moins que les plateformes hésitent à aborder pleinement la question. X a récemment décidé de supprimer l’une de ses principales fonctions contre la cyberintimidation. Sur les réseaux sociaux, pour les apprentis musiciens, les lendemains ne sont pas de nature à chanter.

Contactées, les sociétés de production Ah ! Production (Frenchie Shore, La Villa des Cœurs shattered), ITV Studios France (The Voice, quatre mariages pour une lune de miel), Studio 89 Productions (Top chef, traîtres, mariés au premier regard) Et sa maison mère M6 n’a pas donné suite.

 
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