A 80 ans, quatre femmes déroulent leur vie au micro

A 80 ans, quatre femmes déroulent leur vie au micro
A 80 ans, quatre femmes déroulent leur vie au micro

Documentaire audio

A 80 ans, ils déroulent au micro le fil de leur vie

Réalisé par Laure Gabus, un podcast raconte le parcours et la longue amitié de quatre Genevoises. Une histoire captivante qui met les petites histoires dans la grande.

Publié aujourd’hui à 20h27

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Avec un bâton

En bref:
  • Le podcast raconte la vie de quatre Genevoises nées dans les années 40.
  • Au micro de Laure Gabus, ils racontent leurs parcours, explorant le féminisme et les évolutions sociétales.
  • Leurs histoires offrent un portrait de Genève et d’une entreprise en mutation.

Elles s’appellent Murielle, Jacqueline, Françoise et Arlette. Nés à Genève au début des années 40, ils mènent une vie abondante, rythmée par le bonheur et les valets. Ils doivent leur trajectoire aux choix courageux qu’ils ont faits, même si d’autres ont parfois décidé à leur place, notamment dans leurs jeunes années. C’est d’après les parcours de ce quatuor féminin lié par une longue amitié qu’est né « Les femmes qui lisent », un podcast réalisé par la journaliste Laure Gabus.

Disponible en douze épisodes d’une cinquantaine de minutes, Cette histoire fascinante – dont le titre fait un clin d’œil à «Les femmes qui lisent sont dangereuses», co-écrit en 2006 par Laure Adler et Stefan Bollmann – interroge les rôles joués ainsi que les décisions prises par les protagonistes à différents âges de leur vie. En filigrane se déploie aussi l’histoire d’une ville et près d’un siècle d’évolutions sociétales ; Car ceux qui se livrent au micro sont apparus à une époque où, en Suisse, le mari est encore « chef de l’union conjugale » et où les femmes n’ont pas le droit de vote (Il leur sera accordé en 1971).

Plafond

Le projet démarre en 2021, lorsque Laure Liège est mandaté par le Canton de Genève pour documenter les Forum citoyenune expérience de démocratie participative réalisée auprès d’une trentaine de personnes tirées au sort : « J’y ai rencontré Murielle. Cette femme intelligente, lumineuse et autonome de 80 ans me fascinait. Elle m’a fait penser à ma grand-mère paternelle, que j’aimais et que j’aurais aimé voir briser le plafond de verre. »

Le journaliste se demande alors ce qui a présidé à l’évolution de Murielle. Elle a l’intuition qu’« elle avait des amis pour l’aider ». Prémonition confirmée : depuis des décennies, l’octogénaire peut compter sur le soutien d’Arlette, Jacqueline et Françoise. Des « personnalités incroyables », rencontrées à l’adolescence ou dans la trentaine.

L’idée germe alors de les réunir pour les faire parler de leurs voyages. « A l’aube de mes 40 ans, je sors d’une pause, raconte Laure. Je me posais mille questions sur les injonctions faites aux femmes, sur mes choix. J’ai eu envie de m’interroger sur ce qui nous fait avancer à travers les différents instants de l’existence et demander à ces femmes leur recette de grand-mère. Pas celui du gâteau aux pommes mais celui du chemin pour se retrouver ! »

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La conception cinématographique est rapidement abandonnée au profit d’un documentaire audio. Une « aventure sacrée » qui durera près de trois ans. Avec une pause de dix-huit mois, nécessaire à la narratrice pour retrouver sa voix dans ce puissant chœur de femmes : « J’ai mis longtemps à chercher la juste distance, à dessiner un fil qui relie les quatre vies à la fois et les moments où elles ont traversé. » Un jour, une astuce ingénieuse s’impose : s’adresser au public sous la forme d’une lettre écrite à sa grand-mère.

Neuf heures de bande-son

Il est évidemment impossible de résumer neuf heures de bande originale. On en apprend beaucoup sur l’amitié. Avoir les affinités intellectuelles – la petite bande de lit compulsivement ! – plutôt que des soucis domestiques, celui qui rassemble le quatuor est doté d’une grande « profondeur d’amour » ; Elle ne s’est jamais reniée, malgré l’enflure provoquée parfois par la confrontation de personnages bien trempés.

La question du rapport aux hommes et du féminisme revient régulièrement. Élevés à une époque où, « si on n’avait pas soi-même une grande ambition, on restait sur le carrelage de la cuisine », selon Françoise, les compagnons déclarent un grand intérêt pour les questions politiques. Tous quatre étaient heureux professionnellement et suivaient de près l’évolution des droits sociaux.

Au fil des témoignages, on a l’impression de visiter Genève à travers ses couches sociales et ses paysages – le lac et le Rhône notamment, dans lesquels Arlette se baigne même par grand froid. La politique locale y est également évoquée, et ses connaisseurs retrouveront ici et là d’éminentes personnalités locales. Mais l’essentiel demeure dans ces fantastiques portraits de femmes respirant l’humour et l’intelligence : elles nous racontent nos relations humaines, démontrent à quel point vieillir peut être serein et beau tout en nous réconciliant avec nos propres défauts.

« Les femmes qui lisent », à déguster sur reportage.ch ou des plateformes d’écoute habituelles.

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