clap de fin pour l’antiquaire de mode

La mode à Paris

Clap de fin pour l’antiquaire de mode

Bonhams Cornette de Saint Cyr distribuera les dernières collections de Didier Ludot.

Publié aujourd’hui à 20h54

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« Le Dernier Passage », collection Didier Ludot. C’est ainsi que celui qui a officié au Palais-Royal à Paris pendant cinquante ans marque la chute de son rideau.

En effet, le 30 janvier prochain, la maison de ventes Bonhams Cornette de Saint Cyr mettra aux enchères quelque 350 lots, dont des robes historiques de haute couture signées par les plus grands.

Parmi eux, 80 que l’on doit à Yves Saint Laurent, l’un des couturiers préférés de Didier Ludot. Mais aussi Chanel, Balenciaga, Givenchy, Lanvin et bien d’autres. L’antiquaire de mode, comme on le surnomme dans le milieu, confie avec nostalgie à quel point ce monde a changé et à quel point il ne s’y reconnaît plus. Extraits.

Focus sur cette vente finale, « Le Dernier Passage ». Que ressentez-vous ?

C’est la quatrième vente aux enchères que nous organisons. C’est la dernière, en quelque sorte le résumé de mes cinquante années au Palais-Royal. D’ailleurs mes deux magasins sont vides et je les ai mis en vente. Mais je dois avouer que le monde de la mode actuel ne me concerne plus du tout. Je suis plus Jacqueline de Ribes que Rihanna. J’ai eu des échanges extraordinaires avec mes clients. Ils étaient éduqués et avaient un profond amour pour les tissus, l’histoire et l’artisanat.

Quels sont les lots phares ?

Sur les 350 pièces, on compte plus de 80 tenues confectionnées par Yves Mathieu-Saint-Laurent, dont le modèle « Sévillane », cette célèbre robe courte du soir en dentelle chantilly de Calais noire. Il l’a créé lorsqu’il travaillait pour Christian Dior en 1959. Il en va de même pour le modèle « Coquine ». Ces pièces portent en elles un morceau d’histoire. Saint Laurent est un de mes couturiers préférés et j’ai eu tout le privilège de pouvoir acquérir des prototypes pour des défilés haute couture. Ce sont donc des modèles qui n’ont pas été modifiés pour les clients, les proportions sont celles souhaitées par le maestro.

Selon vous, qui sont les clients potentiels pour la vente du 30 janvier ?

De grandes institutions muséales, mais aussi des archives et des passionnés de maisons de couture. Il est également très important pour moi que chacun trouve ce dont il a besoin. Il y aura des vêtements pour tous les prix, par exemple une petite robe noire de Nina Ricci sera vendue à 350 euros.

N’est-il pas difficile de voir disparaître vos pièces préférées ?

Oui, bien sûr, mais ils sont dans ma tête, je les connais par cœur. La bonne nouvelle c’est que je ne les ai jamais portés. Donc, à partir du moment où je les ai acquis, il m’était tout à fait possible de m’en débarrasser. Et après toutes ces années, je vais désormais profiter de la vie, de la nature et peut-être consacrer un livre à tout ce que j’ai vécu tout au long de ma carrière.

Yves Saint Laurent, collection haute couture printemps-été 1992. Estimation : 1500-2000 euros.

Pourquoi avoir choisi Bonhams Cornette de Saint Cyr pour cette dernière vente et notamment Hubert Felbacq, directeur du rayon mode et accessoires ?

Hubert est un ami depuis trente ans, passionné, une personne formidable et un grand professionnel. Il atteint tout de même le record pour une pièce haute couture signée Schiaparelli vendue 500 000 euros ! Et puis, ce n’est pas la première fois qu’il organise une de mes ventes. En 2021 déjà, c’était le cas.

S’il n’y avait qu’un seul souvenir, quel serait-il ?

En cinquante ans, il y en a eu tellement. Peut-être un souvenir assez récent. Nicole Kidman est passée et est restée à essayer des robes et à discuter avec moi pendant plus de quatre heures. D’ailleurs aujourd’hui, seules les stars portent des robes haute couture qui leur sont prêtées. Comme le disait Pierre Bergé : « La haute couture est un art de vivre. » Il y a une tenue pour chaque moment de la journée. C’est désormais une époque révolue et personnellement, je vis dans mes souvenirs que je chéris profondément.

Christian Dior, haute couture collection, fall-winter 1959, “Coquine” model. Estimate: 3000-5000 euros.

Carole Kittner Est journaliste pour le magazine Tribune des depuis 2021. Spécialiste de l’art contemporain, de l’horlogerie et de la joaillerie, elle a travaillé pour Edelweiss et a travaillé dans les relations publiques dans le monde du luxe depuis 2001. Plus d’informations

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