Ce n’est pas parce qu’ils ne se prennent plus une balle dans le pied qu’ils ne sont pas des compétiteurs. L’envie de gagner, même en marchant, est intacte. Mais sans pression. C’est un peu la recette du succès du football en marchant, en plein développement en Cornouailles. Des clubs existent déjà à Ergué-Gabéric, Pluguffan, Quimper… L’activité tente aussi de percer du côté de Concarneau et au Cap Sizun.
Walking Foot Erge Vras fait partie des clubs pionniers. L’association est née en 2019, à la sollicitation de celle de Trévoux, près de Quimperlé, qui recherchait des adversaires et des partenaires de jeu. La Mayonnaise a pris, et le club de Gabéical affiche aujourd’hui une trentaine de licenciés, dont six femmes. Ils se retrouvent samedi matin sur un terrain en terre battue dédié à leur pratique, « un peu plus petit qu’un terrain de handball », précise Jean-Pierre Dagorn, secrétaire du club.
Trois touches de balle pour faire jouer tout le monde
« On joue à cinq (dont un gardien) contre cinq, poursuit-il. Il n’y a ni contact ni plaquage. Le jeu se fait au pied, au ras du sol – interdiction de soulever le ballon – avec trois touches de balle maximum. Une règle particulièrement appréciée car elle permet d’impliquer tous les joueurs, bons et moins bons dans le match. « En cas de jeu libre, un joueur pourrait être tenté d’avancer vers le but tout en gardant le ballon sans le transmettre à un coéquipier moins compétent. »»
Cet état d’esprit a séduit Jacques Velly. Educateur au FC Pen Ar Bed Il est venu découvrir la discipline à Ergué-Gabéric. « J’ai tout de suite accroché et j’ai décidé de m’entraîner », explique celui qui réalise aujourd’hui le projet de développement du football en se promenant au Cap Sizun. « Les premiers rendez-vous ont attiré une dizaine de personnes. Aujourd’hui, nous sommes un groupe de 25 personnes. Ils se retrouvent samedi matin, de 10h à 12h, au stade Esquibian.
-Le football en marchant «permet de retrouver des sensations, de reprendre une discipline sportive collective, suite à une opération, à une blessure, dans le cadre du sport santé, observe Jacques Velly, de retrouver des émotions perdues». Le tout, insiste-t-il, « dans le plaisir ». Alors, « il y a parfois du déchet dans le jeu, plaisante Jacques Velly. Nous jouons près du but, donc il y a beaucoup de frappes et beaucoup de buts. Les matchs se terminent facilement sur des scores à dix buts. »
“A nos âges, on n’a plus envie de concourir”
Pratiquée avant tout en loisir, la marche FOOTEN intéresse de plus en plus les instances fédérales, en quête de nouvelles compétitions. «C’est à double tranchant», estime Jean-Pierre Dagorn qui craint de perdre des camarades de jeu. « Aujourd’hui, se pose le problème de l’harmonisation des règles du jeu et de l’arbitrage. Tous les clubs n’ont pas la même chose, ce qui peut être source de tensions. Et nous sommes des anciens. J’ai 56 ans, j’ai commencé à jouer à 49 ans. Nous recrutons des femmes à partir de 40 ans et des hommes à partir de 50 ans. A notre âge, on n’a plus envie de concourir. Au départ, la discipline a été créée pour que les anciens retrouvent un peu le goût du sport et de l’effort ».