Les assassinats liés au trafic de drogue ont diminué de moitié dans la région marseillaise. Les règlements de comptes ont fait 24 morts, dont 20 à Marseille, en 2024, contre 49 en 2023, année tristement record. Cela s’explique par la fin d’une guerre sanglante entre deux clans de trafiquants de drogue marseillais, la mafia DZ s’est emparée du clan Yoda, mais aussi par l’action des autorités policières et judiciaires. Le procureur de Marseille et le préfet de police des Bouches-du-Rhône ont présenté leurs conclusions lors d’une conférence de presse mardi 21 janvier et ont évoqué une mobilisation “considérable” contre le banditisme de la drogue.
Le clan mafieux DZ a remporté la guerre sanglante qui l’opposait au clan Yoda. Cela a mécaniquement réduit la spirale meurtrière à Marseille. Mais la baisse des règlements de comptes est aussi liée à la lutte acharnée des enquêteurs et des magistrats contre le trafic de drogue. “Nous avons consacré beaucoup de ressources à l’arrestation, a précisé le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, mécaniquement ça va faire baisser la pression, il y a eu un certain nombre de règlements de comptes qui ont été déjoués.» Le procureur a ajouté : « Nous avons constaté qu’un certain nombre d’assassinats étaient ordonnés depuis la prison et nous avons regroupé un certain nombre de malfaiteurs, notamment au quartier d’isolement des Baumettes, avec un régime carcéral très strict. Et là aussi, mécaniquement, on a senti la baisse des règlements de compte.»
Le nombre de points de deal a diminué de moitié en trois ans à Marseille. Il n’en reste que 84 encore actifs dans la ville, précise le préfet de police des Bouches-du-Rhône. Pierre-Édouard Colliex défend la stratégie des bombardements pour asphyxier ces points de deal, avec la multiplication des opérations « carré net XXL », lancées en grande pompe par Emmanuel Macron lors d’un déplacement à la cité de la Castellane, dans les quartiers nord de Marseille, en mars dernier.
Mais si le trafic de drogue est moins présent en bas des tours, il n’a pas disparu, il se propage. Le préfet de police dit lutter notamment contre les livraisons de drogue, il y a eu près de 180 arrestations pour « ubershit » en 2024. Un autre chiffre prouve la mobilisation des autorités : au total, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées. examen par les juges marseillais l’an dernier pour des affaires liées au trafic de drogue l’année dernière, dont 200 pour des “narchomicides”.
-De plus en plus de femmes sont impliquées dans le trafic, alors qu’elles étaient autrefois confinées au rôle d’« infirmières », pour stocker de la drogue, de l’argent ou des armes. Ils gravissent désormais la hiérarchie en gérant la logistique. Et il y a aussi de plus en plus de mineurs. La moitié de la délinquance juvénile à Marseille est liée au banditisme de drogue, explique le procureur Nicolas Bessone. En 2024, plus de 500 adolescents ont été poursuivis pour trafic de drogue. Ces « petites mains », ces « jobbers » viennent de toute la France, attirés par l’argent facile, ce que le magistrat qualifie de « narcotourisme ».
Marseille est considérée comme un Eldorado, mais la réalité est bien plus sombre, prévient le procureur. Une fois intégrés aux réseaux de trafic de drogue, ces jeunes se retrouvent souvent aux prises avec des dettes fictives, victimes de tortures et d’enlèvements. Il existe des cas de traite des êtres humains, prévient Nicolas Bessone. Enfin, plus inquiétant encore, les très jeunes adolescents ne sont plus engagés uniquement pour guetter ou vendre de la drogue, mais pour tuer. Pour la première fois en France, le tribunal pour enfants de Marseille s’apprête à juger un adolescent de 15 ans pour le meurtre de Socayna. Cette étudiante a été victime d’une balle perdue de Kalachnikov alors qu’elle se trouvait dans sa chambre. Un chauffeur de VTC a également été abattu de sang-froid par un adolescent d’à peine 14 ans.