Plus de quatre-vingts œuvres d’art confisquées à la mafia sont exposées au Palazzo Reale de Milan jusqu’au 26 janvier. Acquises pour blanchir de l’argent provenant d’activités criminelles, ces peintures réalisées par Salvador Dali ou Giorgio De Chirico sont désormais mises à la disposition du public.
Recycler de l’argent en achetant de grands noms de l’art moderne et contemporain, c’est ce que font certains groupes mafieux ou criminels en Italie. A Milan, une exposition gratuite intitulée « SalvArti, des confiscations aux collections publiques » permet d’admirer des œuvres saisies par la justice.
Quelques trésors de l’histoire de l’art
Ainsi de cette petite lithographie à l’encre de Chine du surréaliste Salvador Dali intitulée « Roméo et Juliette » accrochée au mur de la cuisine du « roi du poker », un mafieux de la ‘Ndrangheta condamné pour extorsion, ou de cette incroyable huile sur toile du maître italien de Chirico, « Piazza d’Italia », accrochée dans le couloir.
Parmi les centaines de tableaux saisis en Calabre dans l’appartement du « roi du poker », on retrouve ceux d’autres grands noms de l’histoire de l’art dont Lucio Fontana et ses toiles découpées ou Antonio Ligabue et ses animaux.
Tous les tableaux de l’exposition ont une histoire. C’est en 2016 que les carabiniers italiens mettent la main sur ce trésor artistique acheté pour blanchir l’argent sale du crime organisé. “Pour transporter de gros chargements de drogue, il faut des camions entiers, tandis que pour transporter des tableaux qui valent parfois 30, 40 ou 50 000 euros pièce, il suffit d’une petite caisse”, explique dans le journal de 19h30 du 14 janvier le colonel Paolo Befera. , responsable des opérations au sein des Carabinieri du patrimoine.
Trois millions d’œuvres saisies en cinquante ans
En cinquante ans, ces enquêteurs spécialisés ont récupéré trois millions d’œuvres d’art. Si l’archéologie se taille la part du lion, l’art contemporain n’est pas en reste. « Si nous parvenons à démontrer que ces œuvres sont le fruit d’un blanchiment d’argent et d’un réinvestissement criminel, alors nous pourrons les placer sous séquestre. Et quand on les remet là où ils ont été trouvés, c’est comme si on les remettait en détention. place un morceau d’histoire», indique encore le colonel Paolo Befera.
-A Milan, le public peut donc admirer ces œuvres qui décoraient les murs des maisons des mafieux. Des pièces originales d’Andy Warhol, Christo, Arman ou encore Keith Haring saisies en 2013 par le tribunal de Rome auprès d’un réseau international de blanchiment d’argent complètent l’exposition. Tous symbolisent désormais la résistance au crime.
TV subject: Valérie Dupont
Adaptation web : olhor
« SalvArti, des confiscations aux collections publiques », Palazzo Reale, Milan (IT), jusqu’au 26 janvier 2025 ; puis au Palais de la Culture, Reggio de Calabre, du 8 février au 27 avril 2025.