La présence autochtone du Québec s’élève désormais à 84 mètres au-dessus de la ville. Le Hilton, l’un des hôtels les plus visibles et emblématiques de la capitale, passe aux mains de quatre nations qui se sont associées pour acquérir une participation majoritaire dans l’institution construite en 1974.
Les nations naskapie de Kawawachikamach, près de Schefferville, Mi’kmaq de Gespe’gewa’gi, en Gaspésie, Huronne-Wendat, près du Québec, et Cri, aux portes de la Baie James, ont créé une nouvelle entité appelée Atenro – ou « amitié ». » en langue wendat. Ensemble, ils ont investi pour devenir propriétaire majoritaire de l’un des plus grands hôtels de la capitale, un établissement de 569 chambres qui brille encore après un relooking de 70 millions de dollars réalisé en 2020.
L’acquisition de ce «phare hôtelier» qui se démarque dans le paysage de la capitale marque, selon les quatre nations, «une étape significative dans le renforcement de la participation économique des Premières Nations dans plusieurs secteurs au Québec».
Les quatre nations ont investi 86,5 millions de dollars à parts égales pour obtenir une participation majoritaire dans ce que le grand chef de la nation huronne-wendat, Pierre Picard, appelait « le joyau de l’hôtellerie québécoise ». » Au-delà des retombées économiques attendues de l’acquisition de l’une des enseignes Hilton les plus lucratives au pays, l’hôtel offrira une « vitrine culturelle extraordinaire » et un tremplin vers une « autonomie financière » pour les Premières Nations.
« Il s’agit véritablement d’un moment historique pour nos nations ensemble », a salué le Grand Chef Picard. La collaboration se mélange à l’ambition : c’est un symbole très puissant. »
La grande chef de la nation crie, Mandy Gull-Masty, se dit pleine d’une « immense fierté » à l’idée que sa nation participe à l’émergence d’un nouveau modèle de collaboration qui ouvre la voie à d’autres opportunités économiques. «Cela marque une ère de véritable collaboration entre nos nations», s’enthousiasme-t-elle. Il est exceptionnel que des nations aussi dispersées géographiquement s’associent pour s’imposer au cœur de la capitale, à côté du Parlement. »
La Nation crie, déjà propriétaire de plusieurs hôtels à Dorval, Val-d’Or et ailleurs au Québec, a mis la main, avec le Hilton, sur le plus gros actif de son portefeuille d’investissement hôtelier.
«Cette acquisition est un exemple concret de la façon dont les Premières Nations peuvent jouer un rôle clé dans le développement économique du Québec», estime Louise Nattawapio, grande chef de la Nation naskapie et de ses 1 500 membres. Le développement de nos communautés nécessite également des investissements stratégiques à l’extérieur du territoire. »
Atenro a négocié avec InnVest Hotels, un leader de l’industrie au Canada avec un portefeuille de plus de 100 établissements, pour acquérir l’hôtel. La société torontoise reste partenaire du Hilton et « continuera à s’impliquer activement en tant que gestionnaire de l’actif ».
Ce changement de mains n’entraînera aucune perte d’emploi, assure Atenro. Toutefois, les quatre nations voient, dans l’acquisition de l’hôtel, « des opportunités d’emploi et de formation pour les membres de toutes les Premières Nations ». »
Le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits, Ian Lafrenière, a également salué l’union des forces autochtones autour d’un investissement économique majeur. « Ce modèle peut être prometteur pour de très nombreux autres projets », a-t-il souligné. On le sait peut-être peu, mais pour les investisseurs et les financiers, l’économie indigène est une force. »
Un accord lie l’hôtel à l’enseigne Hilton pour plusieurs années encore. Au terme de ce contrat, rien n’exclut cependant de changer le nom de l’institution pour refléter sa nouvelle identité autochtone. « Nous verrons », conclut Fred Vicaire, PDG de Mi’gmawei Mawiomi Business Corporation. Nous commencerons par marcher avant de penser à arriver à destination ! »