C’est ce que l’on appelle le coup de foudre artistique. Lorsqu’elle rencontre Jens Liebchen en novembre 2023 au festival Paris Photo, Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire, avait « craqué pour ses images d’arbres japonais recouverts de neige ».
Un an plus tard, le photographe allemand expose dans la ferme d’ânes du château, dans le cadre du 7e édition de Photo-Chaumont-sur-Loire, qui présente le travail de cinq artistes jusqu’au 23 février 2025.
Sa série, intitulée Système, présente huit photos prises en 2012 lors d’une tempête de neige dans un parc du centre-ville de Tokyo, capitale du Japon et “l’une des plus grandes zones métropolitaines du monde”.
« Une image contemporaine d’une situation urbaine
Ce jour-là, le photographe, qui a vécu au Japon de 2010 à 2013, a profité d’un épisode météorologique inhabituel pour immortaliser des scènes pleines de quiétude. « Lorsque vous êtes dans ce parc un jour normal, il est entouré de gratte-ciel et la vue est totalement différente. »
Pour le visiteur, qui ignore le contexte, l’environnement apparaît, au premier coup d’œil, “complètement naturel”sans aucune activité humaine. “Mais si vous vous rapprochez de la photo, vous commencez à voir qu’il y a des voitures qui circulent en arrière-plan, car il y a une rue, poursuit l’artiste. Et vous pourrez voir de faibles ombres de gratte-ciel en arrière-plan : il y a donc comme un deuxième niveau lorsque vous regardez ces photos. »
Photos dont le style pourrait s’apparenter à un tableau “typiquement japonais”, mais qui présente « une image contemporaine d’une situation urbaine ». Jens Liebchen, qui a étudié l’anthropologie sociale avant de se consacrer à la photographie, aime transmettre, à travers ses œuvres, « un regard sur le monde et la façon dont les gens interagissent ».
-Selon le photographe, les arbres présentés dans la série Système sont en outre « une assez bonne métaphore du fonctionnement de la société japonaise », qu’il a pu observer “soudé” pendentif « la catastrophe de Fukushima » en 2011, et dans lequel le groupe prime sur l’individu.
« Le miroir d’un système »
Ainsi, les jardiniers contrôlent «localisation des arbres et manipulation de la croissance des troncs, des branches et des feuilles». « Les arbres sont coupés, pliés, déformés, détournés, redirigés et tordus pour obtenir ce qui est considéré comme une forme parfaite. » précise l’artiste, qui ajoute que ce parc de Tokyo est « le miroir d’un système destiné à créer des individus qui répondent invariablement aux besoins de la société ».
Jens Liebchen est également ravi de présenter son travail au Domaine de Chaumont-sur-Loire. «Cet endroit est connecté à la nature et c’est formidable de voir mes photos dans cet endroit. Je pense qu’ils offrent une nouvelle perspective aux personnes qui vivent dans la région et découvrent la nature au cœur d’une ville comme Tokyo. »
Chaumont-Photo-sur-Loire, au Domaine de Chaumont-sur-Loire, jusqu’au 23 février 2025, tous les jours de 10h à 17h30 Tarifs : 16 €, 9 €, 4 € (6-11 ans) . Informations sur www.domaine-chaumont.fr