ÔOriginaire d’Aytré, près de La Rochelle, Romain Juchereau a réalisé son deuxième film consacré au surf en 2024 : “Certains l’aiment classique”. Pendant plusieurs années, le réalisateur a voyagé de la France aux Etats-Unis en passant par le Mexique pour tourner ce film documentaire sur le surf. Celui-ci a la particularité d’avoir été filmé avec une caméra d’époque, au format 16 millimètres, comme dans les années 1960.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Je suis surfeur depuis l’âge de 14 ans, j’ai commencé à pratiquer sur des planches longues à Oléron, Ré et Vendée. Quand j’avais 20 ans, j’ai voyagé et je suis allé en Australie, où j’ai beaucoup surfé et rencontré des fabricants de planches de surf ou des personnes connues du secteur. J’ai ensuite travaillé à Saint-Jean-de-Luz pendant cinq saisons, effectué des voyages en Indonésie et au Costa Rica avant d’aller vivre en Cornouailles anglaises de 2010 à 2013. J’y ai découvert une communauté artistique et de nombreux surfeurs et photographes de cinéma. J’ai réalisé mon premier film documentaire « Behind the Tide » (actuellement sur Netflix) présentant des profils d’artistes et de fabricants de planches de surf. Ce premier film (2015) a généré des vues et des royalties et m’a permis de réaliser mon rêve de cinéphile : réaliser un film entièrement au format 16 mm.
Comment avez-vous procédé pour réaliser ce deuxième film ?
J’ai acheté des films Kodak, des appareils photo et des objectifs vintage. J’ai commencé à tourner à Biarritz avec des amis surfeurs puis j’ai envoyé mes premières pellicules au Cinelab de Londres, l’un des meilleurs laboratoires de développement de films d’Europe. Quand j’ai reçu les premières images, j’étais bluffé, j’avais la chair de poule. Je voulais faire un film sur les origines du longboard et du hotdogging [ce terme définit la nouvelle manière de surfer qu’ont eu les surfeurs, à la fin des années 1930, avec des planches leur permettant de pivoter et de suivre le déferlement de la vague, NDLR]. Le film est basé sur la période des années 1940 à 1960, où l’on pouvait tourner le plateau et faire des manœuvres. J’ai essayé de m’inspirer de Bruce Brown, le réalisateur du film « The Endless Summer », une référence en matière de films de surf. Le tournage a duré sept ans en Californie, à Hawaï, au Mexique et en France.
D’où vient cette passion pour le cinéma ?
Mon père m’a appris à filmer avec un caméscope quand j’étais jeune. On s’est aussi filmé avec mes amis en train de surfer à Oléron, ou de faire du skate à La Rochelle. J’ai fait des petits montages de ces films et c’est devenu une passion. J’ai ensuite travaillé chez Mativi, une chaîne web locale créée par Jean Cressant à La Rochelle. J’étais réalisateur indépendant indépendant et je réalisais des films institutionnels. Cette expérience m’a permis d’avoir un cadre, de travailler le son, les interviews, le montage… J’ai aussi produit mes films en toute autonomie. Je voulais combiner cela avec ma passion pour le surf et son histoire.
Comment parvenez-vous à recréer les années 1960 dans votre film ?
Mon objectif était que ce film soit projeté en salles pour que les gens puissent s’imprégner de ces années-là. Je voulais un bon film de surf à regarder avec du popcorn, des planches vintage, des voitures vintage, de la musique jazz. Le surfeur Randy Rarick, fan de vieilles planches de surf, m’en a offert pour le shooting et j’ai également fait réaliser un modèle en bois, identique à ceux utilisés pour le surf à l’époque. C’était un âge d’or où il y avait un peu de flambée, mais durant lequel les gens n’avaient pas de soucis et vivaient dans l’instant présent. J’ai également contacté l’acteur de « The Endless Summer 2 », Robert Wingnut Weaver, pour faire la narration. Il est mondialement connu, c’est une légende du surf. Il a enregistré le scénario dans un studio à Santa Cruz et me l’a fait gratuitement, c’était fabuleux.
Votre film a-t-il eu un écho retentissant ?
Le film est sorti en juin 2024 avec une première mondiale à Santa Barbara, en Californie. Je me suis retrouvé dans une salle californienne avec 500 personnes venues voir le film. Il a attiré beaucoup de monde, notamment parce que le film a été en partie tourné en Californie. J’ai eu une quarantaine de séances en salles, en France, en Australie et aux Etats-Unis. Il a remporté le prix de la meilleure bande originale au Festival portugais de surf (Portugal) et la mention spéciale du jury au Festival du film de Jersey Island. Mon film sortira en DVD en 2025 et je dois désormais le faire connaître au monde entier.
Le film sera diffusé mardi 14 janvier, à 20 heures au cinéma Le Dragon, à La Rochelle, en présence de Romain Juchereau.