Des challenges sportifs en continu, une bonne idée ?

Pendant 100 jours consécutifs, Matt Dupont a fait du jogging ou s’est entraîné au gymnase sans un jour de congé. Véronique Marchand a fait de même en combinant marche, karaté et musculation. Les deux athlètes ont participé à des défis sportifs continus, une pratique qui peut être à la fois bénéfique et néfaste.

La kinésiologue Jasmine Paquin a vu ce genre de défis dans les gymnases il y a 10 ans, mais leur médiatisation a changé la donne depuis. « Les influenceurs proposent certaines formules et on voit davantage nos amis partager leurs challenges sur les réseaux sociaux, ce qui nous pousse parfois à les imiter », explique-t-elle.

Matt Dupont s’est inspiré du défi d’un ami, alors qu’il déménageait déjà cinq à six fois par semaine. «Je voulais faire 100 jours pour me dépasser», raconte-t-il. Je courrais 15 miles sur trois jours, m’entraînerais au gymnase pendant trois jours et consacrerais le septième jour au renforcement, à la méditation ou à une course supplémentaire. »

PHOTO PROVIDED BY VÉRONIQUE MARCHAND

Véronique Marchand

La vie de Véronique Marchand est minutieusement huilée : 10 000 pas, 45 minutes de gym ou de karaté, sans oublier les deux litres d’eau qu’elle veut boire quotidiennement. Elle veut se prouver qu’elle peut être aussi disciplinée que lorsqu’elle était plus jeune, malgré une vie professionnelle bien remplie, son compagnon et ses jumelles de 10 ans. «J’ai perdu le contact pendant un moment», dit-elle. J’avais besoin de revenir à un mode de vie plus sain. »

Un test d’engagement

Le psychologue du sport Bruno Ouellet a lui-même développé des outils en 30 jours pour favoriser l’acquisition de diverses compétences, comme se connaître et connaître ses valeurs ou encore gérer ses émotions.

C’est difficile, 30 jours. Souvent, les gens abandonnent après une semaine ou deux. Le défi est donc une épreuve d’engagement qui amène une cible précise au cerveau.

Sports psychologist Bruno Ouellet

Il identifie trois leviers de motivation intrinsèque pour faire face à de tels défis. L’autonomie, parce que nous le faisons par choix. Le besoin de compétence qui s’obtient en s’améliorant jour après jour. Et le sentiment d’appartenance si le challenge est réalisé en groupe. « Le lien social contribue positivement à l’atteinte de l’objectif. »

Sans oublier le facteur extrinsèque de reconnaissance, lorsque nous montrons nos réalisations à notre entourage. «Nous voulons bien paraître aux yeux des autres, obtenir du coup de pouce et de la validation», résume M. Ouellet.

Cohérence et récupération

Le défi peut fournir du carburant, mais les risques sont bien présents. « Je ne vois pas d’enjeu pour la santé physique si on parle de 30 jours de yoga, même si la pratique nord-américaine est plus exigeante, mais pour d’autres disciplines, ce n’est pas une bonne idée de ne pas offrir de pauses », résume Jasmine Paquin. .

Le kinésiologue souligne que les périodes de récupération permettent au corps de s’adapter. « Comme beaucoup de gens étaient moins actifs avant de relever ces défis, leur corps n’est pas toujours prêt. Il faut beaucoup d’expérience en activité physique pour s’en sortir sur une longue période. »

Elle suggère des activités, des niveaux d’intensité et des durées variables. Soyez attentif à l’apparition d’une douleur soudaine. Et surtout planifier ses congés. « On peut faire 30 jours de sport répartis sur 40 jours. C’est probablement une meilleure idée de faire des pauses pendant notre séquence. »

Matt Dupont, qui est musicien professionnel, a trouvé les 50 derniers jours sur 100 plus difficiles, mais n’a pas écouté son corps demander des pauses.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Matthieu Dupont

Je me suis efforcé d’en faire un minimum chaque jour et je savais qu’en faisant cela, je me sentirais mieux le lendemain.

Matt Dupont, fan de challenges sportifs

Même entêtement chez Véronique Marchand. « Je suis une gigantesque tête de cochon », dit-elle, ajoutant que ce défi est devenu un mode de vie. « J’aime ça, me lever à 4h30, prendre mon café tranquillement, me promener, penser à ma journée et rentrer à la maison pour faire face à l’agitation. »

Contreproductif

Même si ces défis sportifs entraînent des améliorations physiques, rappelle la kinésiologue Jasmine Paquin, la clé du succès, c’est la constance. « Il y a des bénéfices, comme l’amélioration de votre force, de votre endurance musculaire et de votre capacité cardiorespiratoire, surtout lorsqu’on est initialement sédentaire. Il faut cependant garder à l’esprit que les bénéfices obtenus seront spécifiques au type d’activité exercée et que ces bénéfices ne seront pas maintenus si l’activité s’arrête après 30, 50 ou 100 jours. »

On ne peut pas condenser le sport dans une tranche de temps définie et passer ensuite à autre chose. L’important est de construire sur le long terme.

Kinésiologue Jasmine Paquin

Le psychologue du sport Bruno Ouellet, qui a travaillé auprès de plusieurs olympiens, estime que la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort » est inappropriée. «Je suis fan des activités plus petites, plus cohérentes, plus longues ou de faire un peu de manière cohérente sur une longue période», dit-il. Cela est vrai pour l’activité physique et bien d’autres habitudes. »

Il convient toutefois que certains de ces défis peuvent être intéressants en début de cycle, comme en janvier. « Même si les gens jugent souvent les résolutions, on constate que 20 à 25 % de ces habitudes perdurent. »

Véronique Marchand prévoit relever un défi similaire de la mi-janvier à la mi-juin. Avec une différence : elle s’accordera un jour de congé par mois.

 
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