Par
Julie Bossart
Publié le
4 janvier 2025 à 6h04
Voir mon actualité
Suivez l’actualité parisienne
Ce midi-là, le soleil ne brillait pas encore rue Guillaume-Apollinaire, dans le 6e arrondissement de Paris. Les passants foulent rapidement les pavés de la petite artère située derrière la place Saint-Germain-des-Préssans un regard sur la longue, jolie et chic devanture bleu cobalt. De grandes plantes en pot dessinent avec grâce une terrasse extérieure désespérément vide de meubles et de clients. L’entrée principale, à l’angle de la rue Saint-Benoît, est barrée par un rideau de fer, sans aucune mention de sa fermeture définitive.
“L’endroit semble maudit”
Le silence du Silencio des Prés a été confirmé par le tribunal de commerce de Paris le 21 novembre 2024, révélé Les Informésen enregistrant le transfert de ce adresse emblématique de la rive gauche composé d’un restaurant attenant à un cinéma passé glorieux.
Ouverte en 1969, la salle de projection mono-écran, reconnaissable à ses fauteuils et ses murs bleus parsemés de quelques étoiles, a connu de nombreux propriétaires (Le Bilboquet, l’Olympique de Frédéric Mitterrand, le réseau Étoiles Cinéma, etc.) et des noms (Le Bilboquet, Étoile Saint-Germain-des-Prés, Le Beau Regard…). Sa programmation n’a jamais varié, favorisant le cinéma d’art et d’essai.
Quant au restaurant voisin, intégré à la salle lors de son rachat en 2019 par Étoiles Cinéma, le bilan est moins impressionnant. Passé sous la bannière du groupe Silencio deux ans plus tard, l’établissement ne parvient pas à trouver sa clientèle, malgré ses nombreux atouts. Sa situation bien sûr dans un quartier chic et touristique, son architecture Art Nouveau, sa carte de brasserie branchée…
“L’endroit semble maudit, ça n’a jamais trop bien fonctionné”, estime Jean-Pierre Lecoq, le maire (LR) de l’arrondissement. L’idée initiale de combiner un restaurant et un cinéma était pourtant bonne. Il faut dire aussi que, sur le terrain, il existe beaucoup de concurrence. » Citons les voisins directs que sont Le Relais de l’Entrecôte, sur le trottoir duquel on fait la queue malgré le froid, Le Bonaparte, avec sa terrasse comble, ou encore l’incomparable pot de miel des Deux Magots.
Quant à la partie cinéma, elle était rentable, nous dit-on, même si elle n’était plus accessible au grand public. Aménagée en salle de location, elle pourrait être utilisée pour des projections privées ou encore des avant-premières CNC.
La fin de l’aventure Silencio des Prés n’attriste pas Jean-Pierre Lecoq, puisque les deux activités ont déjà trouvé preneur. En décembre 2024, Losange Films ont en effet racheté le cinéma, qui « conservera sa programmation art et essai », nous précise la société de production. Comment pourrait-il en être autrement pour une structure créée par Barbet Schroeder, Éric Rohmer et Pierre Cottrell et qui a contribué à l’essor de la Nouvelle Vague en participant au financement de nombreux films ?
La « redynamisation de l’offre culturelle du quartier »
En guise de retour aux sources, le cinéma sera rebaptisé Le Saint-Germain-des-Prés. Son inauguration approche – la date prévue est le 15 janvier 2015 – et sera marquée par la projection de Spectateurs!le dernier film d’Arnaud Desplechin.
“Nous voulons profiter du discours du film, et de son réalisateur, pour symboliser la renaissance du cinéma et la redynamisation de l’offre culturelle dans le quartier, devenu un peu appauvri”, souligne un connaisseur de la salle de projection. . Le synopsis : « Arnaud Desplechin retrouve son alter ego Paul Dédalus, héros de son œuvre autobiographique commencée en 1996 avec Comment je me suis battu pour… ma vie sexuelle et a continué des années plus tard avec Trois souvenirs de ma jeunesse. Il revient cette fois sur l’enfance de son personnage et racontera comment il a été initié au cinéma : d’abord comme spectateur, puis cinéphile et enfin réalisateur. »
Voilà pour les aliments divins. En matière d’aliments terrestres, le menu est prometteur. Au terme d’une âpre bataille entre des poids lourds du secteur comme la Société de Paris (Accor) et l’homme d’affaires aveyronnais Jean-Louis Costes, c’est SA Hôtellerie Groupe qui a gagné le pari.
Gastronomie italienne
Parmi les marques signatures du mastodonte américain de la restauration, Sant Ambroeus, institution new-yorkaise de la gastronomie traditionnelle italienne qui, après son retour dans sa ville d’origine (Milan) en 2022, traverse pour la première fois les Alpes.
Contacté, le groupe américain n’a pas répondu à nos demandes. Sur son profil Linkedin, Gaetano Guarducci, fils du co-fondateur du groupe et vice-président du développement, exprime son « plaisir d’ouvrir leur premier établissement à Paris, où les clients seront accueillis au troisième trimestre 2025 ». Et d’ajouter : « Depuis nos débuts avec un établissement à New York, notre vision a toujours été de créer des espaces où l’hospitalité rencontre l’authenticité. Aujourd’hui, alors que nous regardons vers Paris, nous maintenons le même esprit qui nous a guidé à travers des années de croissance et plus de 25 implantations. »
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.