L’avenir selon les élèves de cinquième secondaire

« Nous devons prendre soin de l’environnement. Pas seulement pour nous. Pour les prochaines générations. Ils méritent d’avoir d’aussi bonnes conditions de vie que nous », estime Nicolas Nguyen.

Nicolas n’a que 17 ans. Et il pense déjà aux prochaines générations. Cela m’a frappé.

Pour notre série de vacances « L’avenir selon… », j’ai eu envie de parler d’avenir avec ceux qui se soucient le plus de demain : nos adolescents.

Alexis Talleux, Sarah Er-Rchidi, Hala Abouchouaid et Nicolas Nguyen, quatre étudiants de cinquième secondaire de la grande région de Montréal, sont venus en discuter à La presse.

Nos quatre élèves de cinquième secondaire

  • Alexis Talleux, Saint-Edmond school, Longueuil
  • Sarah Er-Rchidi, Croisée school, Laval
  • Hala Abouchouaid, école Calixa-Lavallée, Montréal
  • Nicolas Nguyen, Collège Mont-Saint-Louis, Montréal

Pendant 40 minutes, ils ont parlé d’environnement, d’humanisme, de respect, d’inégalités économiques, de robots. Mais surtout comment ils envisagent leur avenir.

Alexis s’intéresse à l’intelligence artificielle et aux robots. « Ils vont sûrement changer nos vies de manière incroyable. J’espère qu’il y aura d’énormes progrès en médecine et que cela contribuera à sauver la planète”, écrit-il dans le texte de présentation qu’il nous a soumis.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Alexis Talleux

« L’intelligence artificielle va prendre plus de place », affirme Alexis pour ouvrir notre discussion. L’été dernier, ma famille a vu des taxis à San Diego qui conduisaient eux-mêmes. »

Les possibilités de l’intelligence artificielle sont infinies – ce qui fait que notre jeune quatuor s’inquiète un peu du fait que les robots remplaceront bon nombre des emplois auxquels ils aspirent.

« Personne ne veut être remplacé par un robot », affirme Nicolas.

Par exemple, devenir comptable ne sera pas aussi simple car à un moment donné, il y aura un robot à votre place. Cela met en péril notre vision du travail.

Hala Abouchouaid

Sarah pense cependant que cela prendra beaucoup de temps. « En 2024, on disait qu’il y aurait des voitures volantes. Il n’y a pas de voitures volantes, dit-elle. Pour les robots, cela prendra encore de nombreuses années. Mais tôt ou tard, cela arrivera », dit-elle.

Notre quatuor ne voit pas seulement les robots dans leur boule de cristal.

Les diplômés souhaitent un monde plus humain, au Québec et partout ailleurs. Qu’il y ait moins de guerres et de conflits armés. Moins de jugement sur les autres. Plus d’humanisme.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Nicolas Nguyen et Sarah Er-Rchidi

«J’aurais aimé que nous ayons plus de respect les uns pour les autres», a déclaré Sarah. Soyons plus et mieux les uns avec les autres. Il y a des guerres, beaucoup de racisme, de xénophobie, d’homophobie. Nous devons apprendre à vivre en sachant que chacun est différent. Il y a des gens qui l’ont oublié et c’est triste. »

« Il faut apprendre à se parler », poursuit Sarah. J’ai pris l’habitude de complimenter un inconnu. L’autre jour, je suis allé faire du shopping, j’ai rencontré une dame, je lui ai dit : “Madame, votre chapeau vous va très bien.” Nous ne savons pas ce que vit une personne. Ce petit compliment la fera se sentir mieux. »

Autre de leurs préoccupations : ils aspirent à un monde où il y a moins d’inégalités.

« L’inflation touche beaucoup de familles, précise Nicolas. Le prix du panier d’épicerie augmente chaque année. Dans 25 ans, cela coûtera-t-il une fortune pour vivre normalement, pour avoir un logement ? Si nous ne parvenons pas à résoudre ces problèmes aujourd’hui, qu’en sera-t-il dans 25 ans ? »

Imaginer sa vie dans 25 ans à 16, 17 ou 18 ans n’est pas un exercice que l’on fait tous les jours, entre devoirs, amis et loisirs.

« Dans 25 ans, quel âge aurai-je ? », demande Sarah. « 40 ans. Ouf… »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Nicolas Nguyen

” Oh mon Dieu ! », s’exclame Nicolas. Sous-entendu : 40 ans, c’est vieux !

Cela me fait rire : j’ai déjà la quarantaine. La vérité sort de la bouche des adolescents, il faut y croire.

Mais revenons aux années 2050, quand Alexis, Hala, Sarah et Nicolas auront 40 ans.

Quel sera le plus cool dans ce futur lointain ?

« Des robots qui feront des choses pour nous », répond Sarah.

Avec l’intelligence artificielle, j’espère que les élèves pourront apprendre à leur rythme.

Alexis Talleux

“D’un autre côté, s’il y a une dépendance à l’égard de l’intelligence artificielle, cela nuira à nos connaissances”, estime Hala.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Hala Abouchouaid et Alexis Talleux

«J’espère que tout le monde aura des chances égales», déclare Nicolas. Nous allons tous à l’école, nous sommes bien logés, bien nourris. Ce n’est pas le cas de tout le monde. »

«Nous avons une chance incroyable d’être au Québec, d’avoir une éducation», dit Sarah.

Et qu’est-ce qui les inquiète le plus ? Changement climatique.

«Il y aura moins de neige», affirme Alexis, un planchiste qui constate déjà les effets des changements climatiques sur les hivers québécois.

Manque de biodiversité. Nous perdons de plus en plus d’espèces animales à cause du changement climatique. Nous pouvons créer des robots, mais pas des animaux.

Sarah Er-Rchidi

Nos quatre adolescents ne comprennent pas que la société ne s’adapte pas assez vite à la crise climatique, qu’elle ne change pas ses comportements. Le fera-t-elle un jour ? C’est là que notre quatuor se divise en deux clans : les optimistes et les pessimistes.

Nicolas et Sarah sont convaincus que nous allons réussir. « Je préfère voir le verre à moitié plein, c’est plus motivant pour agir », confie Nicolas.

Alexis et Hala doutent davantage, sans croire que tout est perdu. “Il y a des gens qui ont une idéologie ou des habitudes qu’on ne peut pas changer”, prévient Hala. Au vu de nos décisions collectives actuelles, il est difficile de le contredire.

« Il faudra quelque chose de grand pour que le monde s’en rende compte. J’espère que cela arrivera, mais cela prendra peut-être du temps », déclare Alexis.

Après avoir tenté de prédire l’avenir, nos étudiants souhaitent conclure en discutant… du présent.

Nicolas cite un philosophe assez surprenant au premier abord : Kung Fu Panda, personnage d’un film pour enfants paru en 2008. « Hier est derrière, demain est un mystère, et aujourd’hui est un cadeau, c’est pourquoi on l’appelle le présent. », dit-on dans le film.

« Avant de penser à l’avenir, il faut penser au présent », explique Nicolas. Ce que nous remettons à plus tard, nous ne le ferons jamais. »

Les quatre sont d’accord : ce sera leur conclusion sur l’avenir. « L’avenir commence maintenant », déclare Hala.

Qu’en penses-tu? Participer au dialogue

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Émilien, l’étudiant de 22 ans qui bat tous les records sur TF1, et dont les gains avoisinent les 2 millions d’euros
NEXT Justin Baldoni poursuit Blake Lively en réponse à sa plainte pour harcèlement sexuel