En 1838, le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel envoie le jeune naturaliste suisse Johann Jakob von Tschudi, alors âgé de 20 ans, faire un tour du monde pour en rapporter des spécimens. Bloqué au Pérou depuis cinq ans – le bateau qui le transportait, Edmond, fut réquisitionné par la marine péruvienne dans la guerre contre le Chili – il explora l’intérieur du pays, collectant plus de 1000 espèces d’animaux chassés et même des restes humains appartenant à des peuples indigènes, conservés aujourd’hui à Neuchâtel. On apprend que Tschudi, comme d’autres Européens dans d’autres contextes, a décrit de manière péjorative ces populations qui vivent sur les hauts plateaux andins. Ainsi, il écrit qu’ils appartenaient au niveau le plus bas de l’humanité dans la sauvagerie animale (« à la classe la plus basse de l’humanité dans sa sauvagerie animale »).
Le naturaliste suisse a rassemblé toutes ses observations à son retour dans un ouvrage en deux volumes Études sur la faune péruvienne. Cette histoire renseigne sur la répartition des espèces présentes mais témoigne également des réseaux coloniaux sur lesquels s’appuyaient les naturalistes de l’époque, en Amérique du Sud. Le projet Nommer la natureporté par l’historien argentin Tomàs Bartoletti de l’EPF de Zurich et l’artiste-chercheuse Denise Bertschi et exposé ici, revient sur cet épisode controversé de l’histoire du Musée et se prête à un exercice critique visant à repenser les collections constituées en un contexte colonial. Conformément aux droits de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, certains des spécimens de l’exposition – pour lesquels les connaissances locales n’ont pas encore été recueillies – ne sont visibles qu’en soulevant un rideau, tandis que ceux qui concernent les restes humains ou des références discriminatoires.
« Nommer les natures – Histoire naturelle et patrimoine colonial » au Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, jusqu’au 15 août 2025
Les voix des Groenlandais face au réchauffement climatique
Sur ses deux étages, la nouvelle exposition du Musée alpin suisse de Berne nous entraîne dans un riche voyage visuel, ponctué de témoignages filmés de ceux qui vivent dans l’une des régions de la planète où les manifestations du changement climatique sont les plus évidentes. . Le Groenland se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale et la calotte glaciaire fond à grande vitesse, bouleversant les écosystèmes et les habitudes des habitants, comme le rappelle la salle dédiée aux chiffres. Les images présentées ont été tournées lors de trois voyages sur ce territoire, qui fait encore aujourd’hui partie du Danemark, au cours des étés 2023 et 2024, par une équipe dirigée par le designer Beat Hächler et le co-commissaire et cinéaste Gian Suhner.
« Nous avons rencontré des gens dans un environnement multiforme et souvent contradictoire. Nous avons réalisé que le Groenland nous montrait une synthèse du monde dans lequel nous vivons », explique le concepteur de l’exposition. Transition énergétique, surtourisme, mondialisation et modernisation sont autant de problématiques également concentrées dans ce pays arctique. Pour la réalisation de leur film, l’équipe suisse a été conseillée par la réalisatrice groenlandaise Alberte Parnuuna : « Je voudrais simplement faire comprendre au public qu’au Groenland, nous sommes comme vous et moi, comme les gens qui vivent en Suisse. En effet, nos expériences communes sont bien plus fortes que les différences géographiques et les divergences de codes culturels.
“Groenland. Tout va changer à l’ALPS – Musée Alpin Suisse à Berne, jusqu’au 16 août 2026
Lisez également notre grand format : Le Groenland, en première ligne d’un monde en fusion
La santé sous toutes les sutures
L’espérance de vie en Suisse n’a jamais été aussi élevée. La médecine moderne s’appuie sur des recherches, des traitements et des outils de pointe. Il offre la promesse d’une santé pour tous, en multipliant les messages de prévention et en soutenant les efforts de suivi de nos données physiologiques. La population se tourne avec enthousiasme vers l’entraînement physique, les superaliments et les compléments alimentaires. Mais est-ce suffisant pour gérer notre santé ? Comment faire face à la maladie lorsqu’elle survient ? Qui est responsable de la santé et qui en paie le prix ? Telles sont les questions abordées par cette nouvelle exposition au Stapferhaus de Lenzburg, qui propose des projets muséographiques pertinents et interactifs à l’interface entre science et société.
« La santé avant tout. « Exposition avec effets secondaires » au Stapferhaus de Lenzburg (AR), jusqu’au 26 octobre 2025
L’histoire des rêves et leur interprétation
Un être humain passe un tiers de sa vie à dormir et une bonne partie de ce temps à rêver. Sujet à interprétation en psychanalyse ou source de création artistique, le rêve est avant tout une expérience personnelle, nocturne, intime dont les neuroscientifiques tentent depuis plusieurs décennies, à l’aide des laboratoires du sommeil et de différentes technologies, de décrire la pertinence. biologique. Dans cette exposition du Musée des Confluences de Lyon consacrée à la diversité humaine et à sa place au sein du vivant, la scénographie propose aux visiteurs un parcours labyrinthique composé de plusieurs tableaux dont les miroirs déforment la réalité. Près de 200 objets et de nombreuses œuvres audiovisuelles tissent des liens parfois inattendus entre histoire, psychologie, ethnologie, art et recherche en neurosciences.
« Temps de rêve » at the Musée des Confluences in Lyon, until August 24, 2025