le Festival de Guitare a joué ses dernières notes

Il n’y aura pas de Festival International de Guitare en Béarn en 2025 : l’aventure se termine, après 7 années riches en émotions. Comment ça a commencé ?

Lorsque j’ai déménagé à Lahontan pour prendre ma retraite en 2016, mon ami Pierre Bibault, professeur de guitare au conservatoire et artiste international, m’a appelé pour prendre de ses nouvelles. Il m’a dit que la masterclass qu’il dirigeait chaque été au Cap Ferret ne pourrait pas se faire cette année-là. Alors je lui ai dit : « Viens chez moi ! Nous accueillerons les stagiaires à domicile. » Après la masterclass, Frédérique Luzy et Pierre Bibault ont donné un concert de guitare classique à Lahontan : les habitants du village ont adoré ! A partir de là, Pierre m’a dit : « On va créer un festival international de guitare ! » »

Quelle forme a pris l’événement ?

Dès la première édition en 2017, nous avons retenu le format : 4 concerts, sur 4 jours, dans 4 villes. A Salies, Sauveterre, Orthez et Lahontan. La philosophie de l’association était d’amener la Musique classique sur un territoire où elle est rarement présente et de permettre aux jeunes musiciens d’être en contact avec de grands artistes. Ici, tout le monde mange ensemble, les menus sont typiques du Sud-Ouest et l’ambiance est très sympa. La plupart des artistes logent chez les locaux, cela crée des liens. Le plus beau compliment que j’ai reçu – il m’a fait monter les larmes aux yeux – est venu d’une dame qui m’a dit : « Je n’aurais jamais pensé aller à un concert de musique classique, et en plus, j’ai adoré ça ! »

De très grands artistes se sont produits en Béarn au fil des années. Si vous deviez en citer quelques-uns ?

En 2023, Thibault Cauvin, le guitariste numéro 1 français, jouait dans un archiplein salle Jean-Monnet à Salies. La même année, la mezzo-soprano Marina Viotti se produit avec le guitariste Gabriel Bianco à l’église d’Abet. C’est une artiste étonnante, qui chante aussi du métal et qui a été joueuse internationale de rugby à sept ! Elle a remporté une Victoire de la Musique Classique dans la catégorie « artiste lyrique » en 2023 et a chanté lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris. Et puis en 2024, on a eu Yamadu Costa, surnommé « le dieu brésilien de la guitare à 7 cordes ». Cet artiste habituellement inaccessible est venu en Béarn grâce à Pierre Bibault. Il s’est montré très humain en accueillant des élèves d’école de musique pour jouer avec lui sur la scène du théâtre d’Orthez. Vous auriez vu les yeux de ces enfants briller en jouant avec cette étoile ! C’est le genre de moments très intenses qui ont marqué le festival.

Fin novembre, la décision a été prise de ne pas reconduire le festival. Pour quelles raisons ?

L’équipe est fatiguée. J’ai moi-même passé 75 ans. Il y a un an, nous avions annoncé que nous recherchions des bénévoles pour continuer mais nous n’avons trouvé aucun successeur. Nous sommes tous tristes mais aussi très heureux d’avoir vécu cette aventure qui a permis des rencontres exceptionnelles ! Et je tiens à remercier tous nos mécènes : sans eux, le festival ne pourrait pas exister.

« La philosophie de l’association était d’amener la musique classique sur un territoire où elle est rarement présente »

La fête en chiffres

Depuis 2016, le Festival International de Guitare du Béarn a connu 7 éditions estivales, qui ont donné lieu à 33 concerts, et 4 d’écoles de musique locales. En moyenne, chaque festival aura attiré 1 100 spectateurs venus applaudir 35 artistes du monde entier : 17 français, 1 italien, 2 belges, 2 grecs, 1 polonais, 2 espagnols, 1 américain, 4 brésiliens, 2 russes, 1 ukrainien. , 1 Thaïlandais. Au total, 7 masterclasses ont réuni 53 participants.
Toujours en chiffres : 5 concours internationaux, 3 salons de luthiers et 400 repas servis en moyenne par festival pour les stagiaires, concurrents et artistes. L’association Musicales de Lahontan, soutien de l’événement, compte une dizaine de bénévoles, 7 membres du bureau et environ 120 adhérents. Budget annuel : près de 100 000 euros, financé à 15 % par des subventions, à 25 % par la billetterie et le reste par le mécénat.