De nombreuses œuvres de science-fiction soulèvent des questions démographiques qui trouvent un écho dans les questions actuelles, explique jeudi le démographe Jacques Véron dans La Matinale. La fiction démographique, parue en 1999, étudie la manière dont les romans anticipent les enjeux démographiques actuels et futurs.
De nombreuses œuvres littéraires ont abordé des questions démographiques telles que la croissance de la population mondiale, l’urbanisation, la natalité, le vieillissement, les migrations… en poussant leurs développements à l’extrême pour imaginer des conséquences redoutables. C’est le constat que dresse le démographe Jacques Véron dans son livre « La démographie de l’extrême – Quand la fiction anticipe l’avenir des sociétés », écrit avec le philosophe Jean-Marc Rohrbasser.
“On ne peut pas faire confiance à ces histoires car ce sont des romans d’anticipation, mais il y a des choses qui se réalisent et qui nous poussent à être sensibles à toutes ces questions”, note-t-il dans La Matinale.
Problèmes de naissance
Ainsi la question de la natalité, avec l’imposition de quotas de naissance ou au contraire l’incitation aux naissances, est souvent présente dans les œuvres de fiction. « Dans « The Mad Seed » d’Anthony Burgess, il y a la notion de quota de grossesses, précise-t-il. Au début du roman, une femme perd son enfant. Mais elle n’est pas autorisée à avoir un autre enfant puisqu’elle a épuisé son quota de grossesse. « Cette histoire fait effectivement penser aux quotas de naissance imposés en Chine lors de la politique de l’enfant unique », analyse le démographe.
« Il y a beaucoup d’éléments qui résonnent avec les situations d’aujourd’hui. Dans quelle mesure les États ont-ils le droit d’imposer telle ou telle politique et quelle marge de manœuvre doivent disposer des individus ? Ce sont des questions centrales, très bien analysées dans les romans et qui se posent dans la réalité », conclut Jacques Véron.
Commentaires recueillis par Aleksandra Planinic
Adaptation web : réseau local