l’essentiel
En 2022, la Sécurité routière a lancé une nouvelle campagne sur la question de l’aptitude médicale à conduire. Avec l’aide de trois internes, les médecins généralistes du Grand Narbonne souhaitent construire des outils pour améliorer l’efficacité du dispositif.
Fêtes de fin d’année oblige, la Sécurité routière ne lésine pas sur les moyens, entre spots TV et affichages. Avec « Sam », chauffeur responsable de la sobriété, l’association possède un slogan suffisamment fort pour entrer, sinon dans les mœurs, du moins dans les mémoires : “Celui qui conduit est celui qui ne boit pas.” Mais la Sécurité routière tente aussi d’innover, chaque année, pour atteindre l’objectif affiché lors de sa création, en 1982 : « Sauver des vies et éviter les souffrances liées aux accidents de la route. »
En 2022, c’est lors du 15ème Congrès de Médecine Générale, au Palais des Congrès de Paris, que la Sécurité Routière a présenté une nouvelle campagne : « Docteur, est-ce grave si je conduis ? » Une question pour poser sur la table le problème de l’aptitude à conduire de millions de Français, dû à des pathologies : problèmes de vision ou d’audition, prise de certains médicaments, addictions, pathologies cardiovasculaires ou neurologiques, douleurs, diabète ou handicaps,… La liste est long. Le 6 décembre 2024, le 13 heures de TF1 abordait le dossier avec le témoignage du Dr Jean-François Romero, médecin généraliste de Narbonne, l’un des 11 médecins agréés dans l’Aude pour émettre un avis d’aptitude médicale ou d’inaptitude à la licence. .
Un sujet délicat. Plus encore, sans doute, en raison de la procédure : c’est au patient lui-même, ou à l’un de ses parents ou proches, de signaler ses doutes par courrier ou mail au préfet. De quoi ralentir l’efficacité de la campagne. Une question que les médecins généralistes narbonnais ont choisi d’approfondir. Le Dr Jean-Baptiste Tostain, également médecin généraliste à Narbonne et responsable des cliniques universitaires à la faculté de médecine Montpellier-Nîmes, met en lumière l’enjeu dans un pays dont le président “adore les voitures” : « Conduire est un sujet tabou, c’est considéré comme un droit inaliénable. Mais chaque année, les accidents liés à des pathologies ou à la prise de médicaments augmentent. Les médecins généralistes ont bien accueilli la campagne diffusée par le ministère de la Santé. ‘Intérieur. Mais souvent, nous regardons rapidement les dépliants et les jetons. Ce qui est certain, c’est qu’il y a une méconnaissance du mode de déclaration d’incapacité. question à l’échelle de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Grand Narbonne (qui regroupe 37 communes, avec 252 professionnels de santé, NDLR).»
Une initiative lancée avec le soutien de trois internes en médecine en stage dans l’Aude. Le premier, doctorant, prendra contact avec les médecins généralistes des CPTS, pour « mesurer l’impact de la campagne, précise le Dr Tostain. Elle posera des questions sur les méthodes d’évaluation, sur ce qui manque pour rendre cette initiative plus pertinente.. Le résultat est un article scientifique, “coproduit avec le ministère de l’Intérieur”. L’initiative de l’Aude a en effet retenu l’attention de l’État, et a reçu le soutien du Dr Anne-Marie Gallot, conseillère technique Santé auprès du délégué interministériel à la Sécurité routière. Les recherches internes devraient être mises en avant dans « Exercer », revue de référence, et présentées au Congrès du Collège National des Enseignants Généraux (CNGE), en décembre 2025, à Toulouse. Le 2ème stagiaire examinera le « sensibiliser les médecins et les paramédicaux »évoquant les exemples « les pharmaciens, qui délivrent les ordonnances, ou les infirmières, qui voient les patients tous les jours. L’objectif est de proposer des formations individuelles ou plénières, et de travailler dans le cadre du contrat local de santé auprès d’un large public de campagne »espère le Dr Tostain. Ce qui peut peut-être changer les habitudes : “Peut-être ne posons-nous pas encore assez systématiquement la question des médicaments, et n’en mesurons-nous pas assez les effets potentiels.” Un doute qui pourrait aussi se résoudre en alignant les ambitions et les moyens : “A Nîmes, au CHU, un simulateur de conduite permet de résoudre les cas litigieux.” Une piste à explorer pendant que le 3ème stagiaire devra construire un outil d’e-learning ou des documents à conserver par les médecins généralistes, pour parvenir à un « voie locale claire. Le vrai problème, à l’heure actuelle, est qu’il faut rationaliser le processus entre la demande de soins et la recherche d’un médecin expert. Les médecins doivent être capables de fournir une information claire aux patients, avoir des solutions pour systématiser les choses. Ayez aussi le réflexe de vous demander si mon patient est compatible avec le comportement et surtout s’il a compris qu’il est incompatible..