La science-fiction au cinéma, surtout dans un contexte où elle reste peu explorée, est un genre périlleux, exigeant tant sur le plan narratif que technique. Avec 404.01Le réalisateur Younès Reggab propose un thriller futuriste à l’esthétique sobre, entre tension psychologique et questions éthiques. Si l’audace de cette proposition saute aux yeux, le film laisse néanmoins une impression mitigée, balancée entre promesses et défauts narratifs.
Le scénario, centré sur Amna, une neurochirurgienne confrontée à une voix mystérieuse émise par la fréquence radio 404.01, déroule un univers intrigant, où la frontière entre destin et libre arbitre s’efface peu à peu. Le thème, à mi-chemin entre science-fiction et drame psychologique, intrigue par son approche : une technologie malavisée qui manipule ses victimes, jouant sur leurs dilemmes moraux et leurs peurs les plus intimes. Ces idées sont riches, mais leur traitement manque parfois de subtilité.
L’audace saluée
La mise en scène de Reggab adopte un rythme lent, couplé à une image stable et travaillée qui se concentre sur les profondeurs et les espaces. Ce parti pris, bien que justifié par le réalisateur, aurait mérité un montage plus nerveux pour mieux soutenir les enjeux dramatiques. L’éclairage directionnel et la musique, voulus par le cinéaste « riches en émotions », contribuent à créer une atmosphère lourde, même si cette richesse sonore ne compense pas toujours la tension parfois diluée.
L’interprétation d’Hassna Moumni dans le rôle d’Amna est un point fort. Elle parvient à traduire intensément les tourments de son personnage, prisonnier d’un jeu malsain entre obligations morales et survie personnelle. Cependant, certains personnages secondaires, malgré des performances honorables, peinent à dépasser leur fonction d’outil narratif, à l’instar des inspecteurs de police Salma et Chakib.
Mais des défauts évidents
Comme le souligne le producteur Mohammed Eddarhor, produire un long métrage de science-fiction constitue un défi majeur, et 404.01 porte ses traces. Les ambitions conceptuelles du film sont louables, mais elles croulent sous le poids de certaines maladresses : des dialogues explicatifs, des arcs narratifs secondaires sous-exploités et une fin qui, bien que se voulant ouverte, frustre plus qu’elle ne fascine.
Malgré ses défauts, 404.01 reste une tentative intéressante et nécessaire dans un paysage cinématographique où le genre de science-fiction reste marginal. Si le film ne convainc pas pleinement, il ouvre néanmoins la porte à de futures explorations plus abouties, et témoigne d’une volonté sincère de proposer un cinéma différent, où l’ambition narrative prime sur les recettes faciles.
404.01 est une tentative courageuse, à la fois captivante et perfectible, un film qui mérite d’être vu, ne serait-ce que pour saluer une initiative rare et prometteuse.