« L’art permet de voir le monde à travers un autre prisme »

Publié le 21 décembre 2024 à 12h21 / Modifié le 21 décembre 2024 à 12h23.

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Il y a quelque chose de troublant à l’entendre parler d’une voix aussi douce sur des événements aussi terribles que ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient. Elisa Shua Dusapin vit actuellement à Amman, capitale de la Jordanie, où elle apprend l’arabe et envisage d’y passer deux ans, « voire trois ». Elle y travaille sur son cinquième roman, et pour pouvoir se concentrer, elle a besoin de recul et d’isolement. «En Suisse et en France, il y a trop de demandes, j’ai dû déménager», raconte-t-elle lorsque nous la rencontrons à l’occasion de l’avant-première lausannoise deL’hiver à Sokchoadaptation par le cinéaste franco-japonais Koya Kamura de son premier roman, publié en 2016 aux éditions genevoise Zoé. Le film est à l’affiche depuis mercredi dans les cinémas francophones et il ne décevra pas ceux qui ont tant aimé cette petite histoire intime sur la rencontre, à Sokcho, entre une jeune franco-coréenne travaillant dans une petite auberge et un designer français qui est venu chercher l’inspiration à l’autre bout du monde.

D’origine franco-coréenne comme la narratrice de ce premier essai traduit dans plus de 30 langues et lauréate du prestigieux National Book Award dans sa version anglaise, Elisa Shua Dusapin a grandi entre Paris, Séoul et Porrentruy. Diplômée de l’Institut littéraire suisse de Bienne, elle a un irrésistible attrait pour l’ailleurs qui la pousse à vivre quatre mois par an au Japon – où se déroule le film. Boules de Pachinko (2018) – pendant sept ans, voyageant sur le Transsibérien, vivant dans un cirque pour écrire Cirque de Vladivostok (2020), puis s’installer cinq mois « au fin fond du Périgord » pour Le vieux feu (2023). Malgré les demandes incessantes et la sortie de l’adaptation deL’hiver à Sokchoelle a accepté d’écrire pour - une histoire de fin d’année, qu’elle a intitulée L’éclat d’une étoile…et qui se déroule à Amman.