L’Opéra-Comique célèbre l’anniversaire de la déesse Hébé et de William Christie

L’Opéra-Comique célèbre l’anniversaire de la déesse Hébé et de William Christie
L’Opéra-Comique célèbre l’anniversaire de la déesse Hébé et de William Christie

Le 19 décembre 1944, William Lincoln Christie est né à Buffalo. Quatre-vingts ans plus tard, son pays d’adoption, la , célèbre l’un des maîtres de la baroque dont l’ensemble Les Florissants – en référence au titre d’un opéra de Marc-Antoine Charpentier – est devenu l’un des fleurons de l’interprétation du répertoire de les XVIIe et XVIIIe siècles. On ne compte plus les instrumentistes et chanteurs passés par les « Arts Flo’ » créés en 1979, du claveciniste et chef d’orchestre Christophe Rousset au violoniste Théotime Langlois de Swarte ou de la soprano Véronique Gens à la mezzo Léa Desandre… La transmission est également au cœur de l’activité de « Bill » Christie, la fondation en 2002 d’un Jardin des Voix destiné aux jeunes chanteurs de étant le produit phare le plus évident.

Des centaines de concerts ou spectacles lyriques et une production discographique abondante témoignent de sa place prépondérante dans l’univers musical. Pour s’en rendre compte, il suffit de considérer les nombreux albums (une soixantaine sont disponibles !) proposés par son fidèle label Harmonia Mundi, qui enrichit son catalogue de deux nouveautés anniversaire : une anthologie intitulée Bill et ses amis et un voyage passionnant à travers le Musique de Molière.

De l’Olympe aux bords de Seine…

Dans le cadre de cette riche saison des 80 ans, à laquelle participe activement le ténor et chef d’orchestre Paul Agnew, qui partage désormais avec leur fondateur l’animation d’Arts Flo’, voici une nouvelle production de Fêtes d’Hébé de Rameau (1739) à l’Opéra-Comique. William Christie est aux commandes tandis que son complice Robert Carsen dirige.

L’œuvre répond aux codes de l’opéra-ballet dont la progression suit un schéma bien défini : un prologue dans lequel apparaissent des divinités mythologiques est suivi d’une succession d’« entrées » indépendantes, mais liées au sujet du prologue. . Ici, Hébé, déesse de la Jeunesse, est expulsée de l’Olympe pour avoir accidentellement renversé le nectar des dieux. Il atteint ensuite la terre et plus précisément… les bords de Seine ! Elle y est accueillie lors de trois festivals – trois « entrées » – chacun centré autour d’un « talent lyrique » de l’opéra français : la poésie, la musique et, enfin, la danse.

…et de l’Élysée à Paris-Plage

Dans un esprit comique, voire potache, Robert Carsen invite l’Élysée de 2024 plutôt que l’Olympe – ou le Versailles de Louis. Son exil sur les bords de Seine a eu lieu lors des fêtes populaires à Paris-Plage. Tout y est : transats et crème solaire, guinguette, lampions et DJ, même un bateau fluvial sur fond de défilé des monuments de la capitale. L’idée est amusante même si elle est un peu courte et noie les moments les plus élégiaques de la partition dans un flow uniformément guilleret. Vibrants, toniques et très bien exécutés, les nombreux ballets sont chorégraphiés par Nicolas Paul dans un esprit tout aussi doucement irrévérencieux.

William Christie est à la fête, optant lui aussi pour une vision vivifiante d’une musique qu’il entraîne ici vers son côté brillant, indéniable, au risque de laisser parfois les chœurs s’épancher sans retenue. Les instrumentistes des Arts Florissants enchantent et nous régalent avec les mille et une couleurs orchestrales déployées par Rameau, tandis que quelques chanteurs solistes dominent la scène. A commencer par Léa Desandre, dont la voix de plus en plus charnue, la finesse d’incarnation et la diction admirable illuminent les trois entrées successives de l’ouvrage. Dans le dernier, Marc Mauillon dresse le portrait d’une irrésistible Mercury sur une moto habillée de cuir, visitant Paris incognito. Quelle tuerie et quelle maîtrise des traits virtuoses confiés par le compositeur au dieu messager ! Compagne de longue date des Arts florissants, Emmanuelle de Negri scintille dans Hébé tandis que le timbre incomparable et la délicate poésie de Cyril Auvity n’ont rien perdu de leur magie.

Jusqu’au 21 décembre à l’Opéra-Comique. Captation filmée disponible sur les chaînes Médicis et Mezzo à partir du 21 décembre à 21h Rediffusion sur France Musique le 11 janvier 2025 à 20h dans l’émission « Samedi à l’Opéra » présentée par Judith Chaine. Ensuite, disponible en streaming sur le site de France Musique et l’application Radio France.

A noter également, le récital de Léa Desandre et Thomas Dunford, le 20 décembre à 20h

 
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