Étoiles montantes de la restauration, institutions qui traversent le -, joyaux cachés… Nos critiques creusent et vous aident à faire des choix éclairés. Cette semaine, retour sur un repas pris au cœur de l’été aux Îles-de-la-Madeleine, à la buvette Chez Renard.
Cela faisait longtemps que je voulais vous parler d’un de mes repas préférés de 2024, dégusté en vacances, à la fin du mois d’août, aux Îles-de-la-Madeleine, à la buvette Chez Renard. Mais comme le lieu a ensuite fermé pendant plusieurs semaines pour rénovation, me voilà, en plein hiver, vous transportant au plus fort de l’été dernier dans le parfum salé des Îles. Il y a des choses pires, non ?
Mais qui va se perdre dans le vent des Îles en pleine saison froide ? Ils ne sont pas légion. Mais on oublie peut-être que de nombreuses personnes y vivent toute l’année. Et de plus en plus de gens « de la ville » s’y installent.
Ceci n’est peut-être pas étranger à un phénomène, à savoir ces nouveaux commerces qui décident de rester ouverts une fois les touristes partis. C’est le cas du café-buvette Ilot, où j’ai bu des lattes glacés et des matcha lattes pendant mon séjour. C’est également le cas de Chez Renard, une « buvette du terroir ».
Ève Beaudoin Galaise et Philippe Raymond se sont rencontrés chez Louise Taverne et Bar à Québec; il est passé par les cuisines de la Buvette Scott, de Saint-Amour et du Cercle ; elle a notamment travaillé à L’Orygine du groupe La Tanière. Venus passer un été aux Îles, ils ne sont finalement jamais repartis.
Bien que tous deux soient formés en cuisine, Philippe travaille en cuisine tandis qu’Ève est en salle à manger, mais elle s’occupe également de la pâtisserie et de la carte des vins. « Nous aimions l’idée de rester ici toute l’année, de proposer un lieu de convivialité, de prendre un verre de vin, un petit plat ou deux, une formule pas très simple », explique Ève.
Ici, nous sommes assis. Dès que je franchis la porte de cette petite maison à la façade vert menthe, je suis sous le charme. Le bois des murs et des tables est enveloppant. Une grande bibliothèque remplie de livres de cuisine se trouve au centre de l’espace. L’atmosphère invite à la détente.
Le menu, qui change chaque semaine, est inscrit à l’ardoise ; court, divisé en trois sections – collations, petits plats et sucre. Presque tout ce qui y apparaît est madelinot. On connaît les Îles pour leurs produits de la mer – huîtres, flétans, bars, moules, etc. – mais on y trouve aussi des maraîchers, des petits fruits et plantes boréales à cueillir, des producteurs de viande (agneau Mouton de la Mer, notamment). Tout est local, à quelques exceptions près, comme les asperges, mais aussi le poulet. « Comme ça, on ne dépend pas d’un bateau », remarque Eve.
De la contrainte naît la créativité. J’ai été vraiment bluffée par les plats que j’ai dégustés, pleins de goût, de vie et d’inventivité.
L’exemple le plus convaincant est le plat de concombre de trois manières : mariné, grillé, cru. Il était accompagné de fines tranches de carottes marinées dans du kombucha à la rose maison et servi sur une savoureuse purée à la grecque à base de pain à l’ail confit (appelé skordalia). Saupoudré de croûtons de focaccia maison et d’un trait de tétragon (qui rappelle les épinards), le tout était non seulement étonnant, mais aussi carrément divin ! Même mon fils de 10 ans a été conquis !
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J’aime aussi que la philosophie locale se conjugue avec des saveurs d’ailleurs et le recours à diverses techniques de conservation (lactofermentation, marinades…). Le bao de bar râpé avec une sauce de poisson maison, des carottes marinées et une salsa de myrtille qui adoucissait le goût parfois ferreux de cette viande a été une vraie réussite. Sans aucun doute l’un des meilleurs plats de phoque que j’ai goûté !
En dégustant un verre de Cuvée 16, un rouge facile à boire irrésistible du Languedoc (un Cinsault mono-cépage du Château du Vieux Moulin, importé par Vin Oui), je continuais de m’émerveiller : ici devant une assiette de choux lacto-fermentés puis poêlée en tempura, une tapenade de girolles et une sauce à l’aneth de la déesse verte, qui évoquait le goût du fish and chips ; là devant un poulet frit façon karaage avec émulsion de miso, incroyablement fondant sous son extérieur croustillant.
Le plat qui nous a le moins plu était le plus classique : flétan poché sur purée de courgettes avec salade de tomates cerises, aux saveurs plutôt feutrées.
En dessert, il y avait une jolie verrine de petits cubes de melon miel compressé avec de la chantilly. Dites-vous combien j’aurais fait traîner la soirée, voire recommencer l’expérience le lendemain… Mais il faut en laisser aux autres !
Prix
Lors de notre visite, les snacks variaient entre 6$ et 13$, sans oublier les huîtres (16$ pour 6 et 30$ pour 12). Les petits plats coûtent environ 20 $ et les desserts, entre 9 et 11 $. Comptez environ 15$ pour un cocktail ou un verre de vin.
Bon à savoir
En basse saison, on se rend à la buvette Chez Renard du jeudi au samedi de 16h à 19h sans réservation, puis il y a un service unique, à 19h, sur réservation. A partir de juillet 2025, pour la haute saison, la buvette teste une nouvelle formule, sans réservation, du mercredi au samedi, de 17h à 22h.
Informations
Tel. : 418 868-7593
315, chemin du Quai, Cap-aux-Meules