Alors quel est le secret de ce sacré Jéjé Barbu pour qu’à chaque fois on se sente chez soi dans son restaurant fraîchement ouvert ? Depuis plus de vingt ans, cet homme amène ses couteaux sur la scène gastronomique marseillaise. En mode itinérant ou intrus (Les Soirées caches de Jéjé, Il Clandestino à Saint-Victor), imparable table d’amis où tout le monde finit par courir (Le Laune, rue Auguste-Blanqui ; Mémé-Il Capriolo boulevard Longchamp), en veste et des intermèdes cravate – veste (Le Ventre de l’architecte, au Corbu mais aussi au Hilton d’Alger) : Jérôme Benoît (mais (il n’y a vraiment que l’état civil pour l’appeler ainsi) finit toujours par imposer sa créativité débridée, son énergie débordante, voire épuisante et son grain de folie dans l’assiette. C’est comme ça, c’est Jéjé, à prendre ou à laisser.
Même lorsque, il y a tout juste un an, il annonçait la fermeture de son dernier restaurant (Mémé) pour ouvrir un formidable comptoir de burgers (Zerma, rue d’Aubagne), on s’autorisait secrètement quelques doutes. Il ne s’agit pas de la qualité des hamburgers, ils étaient étonnamment excellents. Mais sur la capacité de l’homme à s’épanouir dans un exercice aussi limité.
Il n’en manquait certainement pas. L’été dernier, Zerma Burgers est parti, remplacé par Super Mémé, ouvert fin novembre : tout ce qu’on aimait chez Mémé mais plus fort, plus haut, plus loin… Et peut-être, c’est la leçon de l’épisode Burger ?, mais en plus simple et en plus direct.
« Je n’ai pas la prétention de réinventer la cuisine à chaque plat »
“Sans simplifier à outrance, je n’ai juste pas la prétention de réinventer la cuisine sur chaque plat avec, je ne sais pas, des choses comme une ganache au chocolat sur un lit d’œufs de saumon.», précise Jéjé Barbu de Super Mémé. Au déjeuner, cuisine équilibrée entre bistrot et maison ; options plus élaborées pour le dîner. Mais au déjeuner ou au dîner, comme par magie, le chef marseillais inscrit au tableau le plat dont nous avions rêvé en entrant sans même le savoir.
Avec – les partants ne seront pas perdus – les hommes marqueurs. “Mes affaires, résume : terre-mer parce que j’adore combiner le porc et le poisson, les sauces bien réduites, les beaux plats qui arrivent tout chauds et puis tout autour, je dis mes conneries habituelles.“