Une femme « manipulée » pour Daoud
Le 15 novembre dernier, dans une vidéo diffusée sur la chaîne privée algérienne Un téléviseur, Saâda Arbane avait accusé l’auteur franco-algérien Kamel Daoud, prix Goncourt 2024 pour Houris (Gallimard), pour lui avoir volé son histoire. “Ma cicatrice, ma canule, les tatouages, l’avortement, le salon de coiffure, le lycée Lofti, ma relation avec ma mère, l’opération que j’ai dû subir en France…”, » a expliqué celle dont la famille a été décimée lors d’un massacre alors qu’elle avait six ans.
“Houris est une fiction, pas une biographie. C’est l’histoire tragique d’un peuple. Il suffit de LIRE ce roman pour voir qu’il n’y a aucun lien, autre que la tragédie d’un pays”écrit Kamel Daoud dans Le point en affirmant que le plaignant était «manipulé. »
Pour rappel, dans son œuvre, Kamel Daoud prend d’abord la « voix » d’Aube, une jeune femme de 25 ans qui cache derrière un foulard une longue cicatrice que lui a laissée un islamiste. Ses cordes vocales ont été sectionnées et elle a besoin d’une canule pour pouvoir respirer.
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Kamel Daoud défend également son épouse dont « le nom a été souillé par la diffamation et les mensonges ». Car Saâda Arbane affirmait avoir rencontré l’épouse de l’écrivain en 2015.C’était ma psychiatre, je lui ai tout dit. »a expliqué l’accusatrice avant de préciser qu’à l’époque elle “ne l’était pas encore » l’épouse de Kamel Daoud. Saâda Arbane raconte avoir été invitée au domicile du couple pour boire un café. “Kamel Daoud m’a demandé s’il était possible de raconter mon histoire dans un roman, j’ai refusé. Plus tard, lorsque sa femme m’a dit qu’il était en train d’écrire un livre, je lui ai dit que j’espérais qu’il ne s’agissait pas de mon histoire. Elle m’a dit : “Pas du tout… je suis là pour te protéger“elle a raconté.
De son côté, Antoine Gallimard, l’éditeur deHourisa réagi dans un communiqué au moment de la publication de la vidéo, rappelant que, depuis la sortie du livre «Kamel Daoud fait l’objet de violentes campagnes de diffamation orchestrées par certains médias proches d’un régime dont on connaît la nature.
Avant de recevoir le prix Goncourt, le livre de Kamel Daoud avait déjà fait parler d’eux en Algérie. D’abord parce que l’auteur avait quitté son pays pour l’écrire. Ensuite, parce que le livre, écrit en français, n’a pas été publié en Algérie où il est interdit de parler de la « décennie noire », une guerre civile qui a fait entre 100 000 et 200 000 victimes. Enfin parce que Gallimard a été exclu du Salon du livre d’Alger. «C’est au tour de son épouse qui n’a en aucune façon Source la rédaction de Hourisêtre affecté dans son intégrité professionnelle »conclut le communiqué.
Ce mardi, l’Académie Goncourt a décidé de suspendre le choix de l’Algérie par le Goncourt, car l’auteur deHouris ne peut pas participer. Les jurés ont également eu une pensée pour un autre écrivain : Boualem Sansal. Arrêté le 16 novembre, l’écrivain franco-algérien de 75 ans est accusé de tentative de déstabilisation de l’État algérien et risque la prison à vie. L’Académie réaffirmé « sa condamnation de toute atteinte à la liberté d’expression.“
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