Après vingt ans d’électro-rock fou, le groupe français se produit sur scène jusqu’au 30 novembre avant son “extinction programmée”.
« C’est la fin ». ETprès vingt ans d’électro-rock fou, Shaka Ponk donnera ses derniers concerts jusqu’à samedi à Paris avant son extinction attendue, une décision radicale prise dans le respect des convictions écologiques que les membres du groupe entendent continuer de défendre.
Bientôt les guitares vibreront de leurs derniers accords et le singe Goz, la mascotte virtuelle, partira vers d’autres horizons. C’est ce qu’ont décidé les six membres humains de Shaka Ponk, après une tournée de plus de 60 dates ayant rassemblé plus de 1,5 million de spectateurs. La tournée finale de F*Up se termine par quatre dates à guichets fermés à l’Accor Arena. « C’est comme dire au revoir », Samaha Sam, qu’il a rencontré dans l’antre historique du groupe, au cœur de la capitale, se confie à l’AFP. « Nous sommes à 1 000% mais avec beaucoup d’émotions. C’est ce que je ressens le plus. »
« Et aussi un peu d’anxiété… »fait rebondir Frah, une autre voix de Shaka Ponk, évoquant un « tension complexe, psychologique et émotionnelle » dans cette décision qu’ils ont pourtant mûrement réfléchie. « Nous nous trouvons dans une situation paradoxale, dans laquelle nous arrêtons de faire ce que nous aimons faire. Quand nous avons commencé ce groupe, nous ne l’avions jamais imaginé », ajoute-t-il.
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« En accord avec nos convictions »
Mais le der des ders ne peut pas être seulement synonyme de larmes et de ventres noués : Shaka Ponk veut démontrer pleinement son énergie électro-rock, à tendance punk, qui l’a toujours caractérisé. Le groupe explose en 2011 avec l’album Les geeks et les branleurs de chaussettes – troisième œuvre comprenant les hits IJe suis difficile, Sex ball et je m’appelle tache -, a été conçu avant tout pour le spectacle vivant. Raison de plus pour faire de cette finale une grande fête partagée avec le public.
Pour les fans ne pouvant y assister, le concert final sera diffusé en salles en une seule séance le 3 avril. Et leur dernier album, Shaka Ponkvient de paraître dans une réimpression enrichie de matériel inédit. Le groupe rapporte « un manque de sens » (« Essentiellement ») et vous invite à rejoindre le combat (« Démissionner ») à côté d’eux.
« Chaka » elle n’a jamais caché ses profondes valeurs écologiques et sociales. « Je pense que ce qui nous lie aussi, c’est la nécessité d’être en phase avec nos convictions. À un moment donné, il est compliqué de dire aux gens de respecter la planète, quand on exerce soi-même une activité professionnelle qui pollue. », Samaha Sam observe malgré ses efforts pour le restituer « le plus éco-responsable possible » en tournée, de la chasse au plastique aux repas végétaliens en passant par le rejet de certaines marques incompatibles avec leur positionnement, le groupe s’est heurté à l’impact environnemental du déplacement de milliers de spectateurs, paramètre clé mais immuable.
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Critique de la « consommation excessive »
Leur concept initial, celui du singe expliquant à l’homme l’ineptie d’un bonheur dans lequel il résiderait « consommation excessive et élévation sociale »ils semblaient peu à peu en décalage avec leur succès dans l’industrie musicale. « C’est une sorte d’échec dans le sens où nous n’avons pas de solution. Et jusqu’à ce qu’il y ait une solution, on s’arrête », résume Sam, qui précise que ce choix leur appartient « Propre » et qu’il ne s’agit pas de pointer du doigt d’autres artistes.
Si chaque membre était libre de décider de ses propres projets futurs, Frah et Samaha Sam comptent investir plus de temps en faveur d’un « conscience »persuadé qu’il y restera « choses à créer », solutions à inventer, notamment dans le secteur du divertissement, et à « discours public » faites-vous entendre, notamment grâce à la caisse de résonance des réseaux sociaux. « Je pense que la musique, l’art en bref, permet de faire passer des messages importants »estime Samaha Sam. De son côté, Frah est plus clair : « Il faut poser la guitare et essayer d’aider les pompiers. C’est devenu plus urgent. » Cet engagement se poursuivra à travers The Freaks, collectif qu’ils ont créé, composé d’artistes et de personnalités mobilisés pour la planète.