Neuf ans après le premier volet, où cinq émotions s’affrontaient dans le cerveau d’une jeune fille de onze ans, “Vice-versa 2” retrouve la même héroïne, désormais adolescente. Le film sorti le 14 juin compense son manque d’originalité par une plus grande complexité et permet à Pixar de renouer avec le succès.
Autrefois synonymes d’un cinéma d’animation à la fois populaire et exigeant, les studios Pixar ont semblé n’être plus que l’ombre d’eux-mêmes pendant plusieurs années. Avec trois productions directement proposées sur la plateforme de streaming Disney+ (« Soul », « Luca », « Red Alert »), un échec commercial (« Buzz l’Éclair ») et un succès honorable (« Élémentaire »), le pedigree du La firme semblait moins prestigieuse qu’à son apogée, à l’époque des « Toy Story », « Wall-E », « Ratatouille » et autres « Finding Nemo ». Avec « Vice-versa 2 », neuf ans après le volet original, Pixar retrouve un peu de sa superbe d’antan en même temps que les sommets du box-office.
Anxiété, embarras, envie et ennui
On quittait la jeune Riley, alors âgée de onze ans, dans le premier « Vice-versa », au moment où les cinq émotions principales qui luttaient pour prendre le contrôle de son cerveau avaient atteint un relatif équilibre.
Aujourd’hui âgée de treize ans, l’adolescente ressent les premiers effets de la puberté. Sur le point d’entrer au secondaire, elle participe à un camp de hockey dans le but d’être acceptée dans la meilleure équipe de sa future école. Les émotions qui géraient jusqu’alors son cerveau, Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût, se retrouvent soudain dépassées par l’arrivée de l’Anxiété, de la Embarras, de l’Envie et de l’Ennui qui bouleversent le personnage de Riley.
>> Voir le ciné-débat Vertigo consacré à « Vice-versa 2 » :
Une personnalité qui change
Si cette suite souffre sans doute d’un manque d’originalité – on reste tout de même sur les rails marqués du volet précédent – tant sur le plan esthétique que thématique, “Vice-versa 2” surmonte cette impression de déjà-vu en déployant toute la complexité de son héroïne.
Explorant les trahisons amicales, l’ambition, le sarcasme, l’égoïsme et la perception de soi, le film oppose l’ancienne et la nouvelle Riley comme si l’adolescente tentait d’effacer les traces de l’enfant qu’elle était, au risque de faire ressurgir des souvenirs refoulés dans le passé. les coins les plus cachés de son inconscient.
D’où une crise existentielle fascinante qui donne de la profondeur à un récit évitant tout manichéisme. Car si l’on perçoit d’emblée une distinction superficielle entre émotions positives et émotions négatives, « Vice-versa 2 » finit par les mélanger à tel point que le film révèle finalement qu’une personnalité ne se construit ni sur l’oubli, ni sur la nostalgie.
Le résultat est un film d’animation très réussi, pour ne pas dire novateur, drôle et pertinent sans toucher aux hauteurs émotionnelles du premier volet, à qui l’on pourra toujours reprocher d’avoir évité toute libido chez la jeune fille de treize ans. On se doute que les studios Pixar réservent quelques émotions nouvelles pour un troisième volet qui, compte tenu du succès de cette suite, devrait voir le jour assez rapidement.
Rafael Wolf/ld
« Vice-versa 2 », film d’animation de Kelsey Mann. A voir dans les cinémas francophones depuis le 14 juin 2024.
